Cette fille-là

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C'était une fille aux cheveux roses. Sans doute elle les avait teint pour cacher sa timidité. Ou son associabilité.

Elle ne parlait à personne. Pas même aux profs. Elle se déplaçait agilement, elle me faisait penser à un félin. Elle avait toujours son banc dans la récré. Personne n'y venait. Quelqu'un était venu une seule fois et elle l'avait recalé.

Personne n'osait l'approcher.
Elle s'était construit cette réputation de solitaire, de mal-aimée. En plus de ça, elle était magnifique. Elle aurait pu facilement égaler cette actrice dont le nom m'échappe. Toutes les filles la jalousaient. Mais personne ne le montrait. Il ne se passait pas un jour sans que l'on ne parle d'elle.

Et un jour, mon meilleur ami me proposa un défi. Joueur, j'accepte.

" Tu devras sociabiliser l'associable."

Vraiment ? C'est possible ça ? J'essayais tout de même car ce n'étais pas mon genre de me défiler.

Alors je commençais à traîner autour d'elle. À lui tourner autour. J'aurais pu avoir le tournis mais j'étais un prédateur. Et j'avais trouvé ma proie. Je commençais à m'asseoir à côté d'elle en cours. Et des fois elle me regardait longuement et retournait gribouiller quelque chose dans son bloc. Je ne lui avait jamais parlé. On se regardait et c'est tout.

Je ne connaissait pas sa voix et elle ne connaissait pas la mienne. Bientôt des rumeurs furent créés. Mon couple détruit et là, elle m'adressa la parole. Une première fois.

"Désolée pour tout ça. C'est ma faute."

Et j'ai du la regarder les yeux exorbités et la bouche grande ouverte. Et elle a rit. Alors j'ai rit avec elle. Et nos rires formaient une douce mélodie qui se répandait. Et toute l'attention était dirigée sur nous. Et le pari a commencé à déraper : j'ai commencé à l'apprécier.

Des fois, elle ne prenait plus son bloc et on discutait, on apprenait à se connaître. Elle avait perdu ses parents. Mais ils n'étaient pas morts. Pas dans sa tête.

Une semaine plus tard, on étaient de véritables amis. Je l'avais intégrée au groupe.
Puis, après les vacances, elle n'était plus là. Disparue. Elle m'en avait parlé une fois.
De son mal-être, de sa difficulté à avoir des amis, des vrais. Je crois que c'était un mot caché pour me dire qu'elle me considérait comme tel. Elle avait eu besoin de partir pour grandir, pour s'affirmer. Chacun doit avoir le droit de pouvoir vivre sa vie à fond. Et de faire des choix. Je n'avais pas envie d'être égoïste. Je l'ai laissé partir. L'oiseau s'est enfuie de sa cage.

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Allez-Simple, Direction : Mon ImaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant