Tout le monde a le droit à une seconde chance - Teen Wolf

Rencontre

Il se demandait ce qu'il faisait là, assis sur cette chaise dans cette salle à regarder l'aiguille de l'horloge tourner. Sa jambe droite bougeait nerveusement et semble-t-il, inconsciemment.

« Je pourrais partir, dire que j'ai un empêchement... »Commença-t-il à se dire. Il visualisait très bien la porte de sortie et sa jeep l'attendant à l'autre bout de la rue.

Oui mais son père l'attendait au tournant. Et s'il était là, c'était pour sauver sa relation avec son père, et surtout se sauver lui-même. La décision n'avait pas été prise sur un coup de tête, mais le résultat de semaines de disputes, de pleurs et de dépression.

Devant lui dans une caisse trônaient fièrement des poupées et des voitures pour occuper les plus jeunes avant et même pendant la séance. Il pensa un instant attraper une voiture avant de se raisonner. Non et puis quoi encore ?

C'est alors que la porte s'ouvrit, le faisant sursauter, et de par son sens de l'équilibre mondialement reconnu, s'étala sur le sol. Il releva la tête pour croiser le regard mi- surpris mi- amusé d'un jeune homme. Il était accompagné d'une belle femme élancée.

Il eut l'impression que l'instant s'était figé, et bien sûr il était une fois de plus à son avantage.

« Merci Derek, à lundi » dit-elle d'une voix douce en lui serrant la main.

Ce dernier se contenta d'une espèce de grognement et sans arrêter de fixer Stiles qui se trouvait encore à moitié par terre, quitta la pièce.

L'instant magique venait d'être rompu.

« M Stilinski ? » demanda la jeune femme en reportant son attention sur Stiles qui tentait difficilement de se remettre debout.

« Présent ! » lança-t-il d'une voix qu'il aurait préférée plus sûre et plus masculine. La vérité était qu'il avait encore l'esprit omnibulé par ces deux yeux verts qui n'avaient cessé de le regarder.

La jeune femme n'avait pas manqué de noter le regard de Derek et son expression amusée et en avait été surprise. Pour l'instant cependant elle préférait le garder dans un coin de sa tête.

« Je vous en prie, entrez... » l'invita-t-elle d'un geste.

Il ne savait pas à quoi exactement il s'attendait en franchissant la porte. Un canapé en cuir pour s'allonger, une lumière tamisée propice aux secrets...

La jeune femme regarda le jeune homme et nota immédiatement son malaise. Elle avait l'habitude de ce genre de comportement, la plupart de ses patients n'étaient pas à l'aise quand ils venaient pour la première fois la voir.

« Je vous en prie asseyez-vous » continua-t-elle.

Elle-même s'assit à son bureau et prit de quoi noter.

Stiles était stressé et sentait presque venir la crise. Il était venu, il avait vu...mais bon il n'avait pas vaincu ! Résigné il s'assit sur la chaise en face d'elle, la jambe droite redoublant d'effort dans sa gymnastique, sa main tremblante posée sur son genou.

Que venait-il faire dans cette galère ?

« Souhaitez- vous me dire ce qui vous amène ici ? » lui demanda-t-elle.

Stiles ne put s'empêcher de rire. Ce qui l'amenait ici. Comment l'expliquer en quelques mots. Comment dire qu'il y a quelques jours, il était tombé sur un cutter et s'était demandé ce que ça ferait de le passer sur ses veines...

« Je suppose qu'on doit vous le dire souvent, mais je m'attendais plus à une ambiance à la Hannibal Lecter vous voyez avec son esprit freudien...J'ai adoré le film au passage, mais pour le jeu d'Anthony Hopkins plus que pour le reste. Ce mec a un regard à vous glacer le sang ! La série n'était pas mal non plus dans un registre beaucoup plus proche de l'auteur ! Bon mon père n'était pas très chaud pour que le regarde, d'ailleurs l'autre fois j'ai voulu lui proposer un marathon Lecter je vous dis pas sa tête... »

« Vous avez de bonnes relations avec votre père ? » lui demanda-t-elle sur le ton de la conversation.

Stiles se retrouva quelque peu désarçonné. D'abord parce qu'elle l'avait laissé faire son babillage d'hyperactif qui essaye de noyer le poisson, et parce qu'elle avait su rebondir sur ce qu'il venait de lui dire.

« Vous voulez dire genre relation Œdipe ??? » essaya-t-il de relancer. Oui c'était tout lui ça quand la discussion devenait trop sérieuse ou trop personnelle, il fallait qu'il sorte le grand jeu, le grand Stiles !

La jeune femme ne s'en offusqua pas. Elle le comprenait mieux qu'il ne pourrait jamais imaginer. Elle avait déjà vu des gamins comme lui, elle avait été lui...

« Vous êtes là de votre plein grès M Stilinski... »Commença-t-elle. Elle voulait lui faire comprendre qu'il n'était pas retenu contre sa volonté, qu'il était là pour lui et qu'elle était là pour lui.

« Stiles, appelez-moi Stiles s'il vous plaît » ne peut-il s'empêcher de l'interrompre. Stilinski, c'était son père, c'était ce passé familial qui le terrorisait, c'était la perte de sa mère. Ca y est, il commençait à suffoquer.

La psychologue le remarqua immédiatement. Elle décida de jouer la partie de façon différente.

« Très bien Stiles...vous êtes ici de votre plein grès, et je ne suis pas là pour jouer l'inquisitrice. Je suis là pour vous écouter, et le cas échéant vous apportez mon aide mais seulement si vous le désirez je tenais à ce que vous le sachez. Si vous désirez parler du dernier film que vous avez vu pas de soucis ! Je suis allée au cinéma avec une copine pas plus tard que la semaine dernière. Je n'y avais pas mis les pieds depuis au moins un an ! Et j'ai même pris des pop corns, pas des salés mais des sucrés je préfère car les salés je trouve que ça leur donne un goût de plastique ! Donc je vais au cinéma pensant aller voir le dernier film romantique du moment et je me suis retrouvée aller voir Mission Impossible, le 4. Je ne suis pas une vraie fan de Tom Cruise et ces derniers films n'étaient pas terribles mais là ouah j'ai pris une claque visuelle ! »

Le silence venait de se faire dans la salle. Mais pas un silence comme en début de séance. La preuve ? La jambe de Stiles venait d'arrêter de trembler. Pour la première fois qu'il était ici, il ne pensa ni à son père, ni à sa mère, ni même à Derek...