Perdu

477 36 1
                                    

« Stiles, tu es prêt ? »demanda John à travers la porte avec espoir.

Aucune réponse. Depuis deux jours, Stiles ne sortait plus de sa chambre, et refusait de parler à qui que ce soit. Il avait manqué les cours, n'avait pas parlé à Scott qui l'avait appelé plusieurs fois. Le shériff était terriblement inquiet. Il lui laissait devant la porte de quoi manger, mais n'avait pas beaucoup de succès. Il s'était risqué à rentrer dans la chambre, pour découvrir son fils prostré dans son lit. Il avait l'impression de revivre ce qu'il avait vécu avec sa femme, et cette impression d'être impuissant l'envahit avec force. L'histoire devait-elle se répéter ? Puis il se reprit. Non, il ne laisserait pas son fils seul, il ne perdrait pas la personne qu'il aimait le plus au monde. Il descendit rapidement les escaliers, lança une recherche sur internet et trouva les coordonnées de la psy que son fils voyait. Il ne savait pas exactement pourquoi il avait pensé à elle, mais son fils avait eu l'air d'aller un peu mieux quand il avait commencé. Et peut-être qu'elle saurait ce qui n'allait pas.

Une demi-heure après, la jeune femme se présenta devant la porte des Stilinski. Elle avait décalé un de ses rendez-vous un peu plus tard dans la journée, et avait pris rapidement sa voiture. Elle était très inquiète de ce que lui avait raconté le père de Stiles. Elle s'était attachée au jeune homme malgré les contraintes professionnelles, et se voyait en lui quand elle avait son âge. Les premières séances s'étaient bien passées, elle sentait que le jeune homme lui faisait de plus en plus confiance. Que c'était-il passé pour que tout bascule aussi vite ? Ce n'était sûrement pas professionnel d'être aussi impliquée, cependant elle mit de côtés ses doutes. Stiles avait besoin d'aide.

« Bonjour, je suis Jane Wester, la psychologue de votre fils » se présenta-t-elle à l'homme qui venait de lui ouvrir la porte.

Un homme au regard profondément doux l'observait, elle savait qu'elle se trouvait face à un shériff mais pour l'instant il n'y avait que le père apeuré et perdu qu'elle percevait.

« Merci d'être venue aussi vite, je vous en prie, entrez » l'accueillit John.

A peine fut-elle entrée que John attaqua. Il était soulagé qu'elle vienne aussi vite. Il n'arrêtait pas de revoir l'image de son fils prostré dans sa chambre.

« Je ne comprends pas ce qui se passe, il avait l'air de commencer à aller mieux et puis... ».

La jeune femme lut toute la détresse d'un père dans les yeux de John et comprit qu'elle avait fait le bon choix en venant ici.

« Ne vous inquiétez pas, vous avez fait ce qu'il fallait, est-ce que je peux monter le voir ? » lui demanda-t-elle d'une voix douce.

Le shériff respira un bon coup avant d'hocher la tête. Il lui montra l'escalier qu'elle prit, en redoutant malgré elle l'état dans lequel elle allait trouver le jeune homme.

Derek n'était pas concentré sur son travail depuis deux jours. La vision du jeune homme qu'il avait rencontré chez la psy et vu devant le café ne cessait de le hanter. Il ne savait même pas comment il s'appelait. Il l'avait senti avant de l'apercevoir alors qu'il portait son café à ses lèvres. Son regard blessé et perdu...Ce regard avait complètement chamboulé Derek. Il avait souhaité que ce dernier entre, il ne savait pas exactement pourquoi. Lorsque que le jeune homme fit finalement demi-tour, Derek se sentit désappointé, comme si on venait de lui enlever une partie de lui. Il ne comprenait plus rien à ce qui se passait depuis que son regard s'était posé sur cette silhouette à moitié allongée sur le sol.

« Derek, ça va ? » avait demandé Cora voyant son frère légèrement pâlir.

La jeune fille avait décidé de rejoindre son frère après sa séance pour boire un café. Elle voulait lui montrer l'appartement qu'elle allait prendre avec une amie pour le prochain semestre. Cora tenait à partager des moments importants de sa vie avec son grand frère, qu'elle aimait plus que tout, même si ce dernier était disons...perdu en ce moment.

« Oui, pardon » lui répondit-il simplement en reportant son regard sur elle.

Une fois devant la porte, elle hésita. Devait-elle frapper et donner le choix au jeune homme de la laisser rentrer ou non ? Elle revit le regard affolé du père du jeune homme, pensa à ce qu'elle avait vu et compris du jeune homme durant les premières séances et décida que non. Jamais il ne la laisserait rentrer. Elle prit une légère inspiration et entra. Elle enjamba des livres, des notes qui jonchaient le sol et qui reflétaient assez bien l'état d'esprit du jeune homme. La chambre était à moitié plongée dans la pénombre et sentait le renfermé. Celui-ci était avachi sur son lit, la tête dans son oreiller.

Elle trouva une chaise et la rapprocha tranquillement du lit.

« Bonjour Stiles » commença-t-elle.

Si elle avait songé une minute que celui-ci dormait, elle comprit vite qu'il n'en était rien quand elle vit le grand corps allongé devant elle tressaillir.

« Sortez » entendit-elle de loin.

Elle s'était attendue à ce genre de réaction et ne bougea pas.

« Je ne partirais pas d'ici, pas tant que toi-même tu n'auras pas quitté cette chambre » déclara-t-elle. Elle avait dit ça d'un ton ferme et sans appel.

Il dut le sentir, car le jeune homme se contenta d'un grognement.

« Stiles, il s'est passé quelque chose, quelque chose qui a fait remonter des choses chez vous. Un élément déclencheur qui vous a envoyé en pleine face tout ce que vous essayez de refouler depuis si longtemps... »commença-t-elle en se concentrant sur les moindres gestes et respirations du jeune homme.

Ce dernier commençait à hyper ventiler. Elle savait reconnaître les signes d'une crise d'angoisse mais ne paniqua pas. Elle préférait aller au bout de son intervention. C'était le moment ou jamais de le sortir de sa léthargie.

« Calmez-vous, tout va bien. Parlez-moi, avant que tout ça ne vous ronge tellement que vous vous perdiez vous-même » dit-elle d'une voix plus douce et plus rassurante.

Elle était clairement consciente d'être un peu brusque, mais elle voulait provoquer un électrochoc chez lui.

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle.

« Sortez !! » cria un peu plus fort Stiles, à moitié étouffé dans son oreiller.

« Parlez-moi de votre mère, c'est à elle que vous pensez en ce moment ? »osa-t-elle.

Il n'en avait pas parlé lors de leurs séances, mais sa présence était omniprésente.

Jane obtenu la réaction qu'elle attendait. Le jeune homme bondit de son lit et se mit à crier en s'approchant d'elle.

« Comment osez-vous parler d'elle ? Vous ne savez rien, vous vous pointez ici l'air de rien, vous ne comprenez pas, personne ne peut comprendre, personne... ».

Tout en disant cela, il ne cessait de gesticuler, avec des moments brusques et incohérents.

La jeune femme resta imperturbable devant la violente réaction de son patient.

Sa voix se brisa, ses muscles faiblirent et il s'effondra à moitié sur le lit. Et il se mit à pleurer.


Tout le monde a le droit à une seconde chance - Teen WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant