-Chapitre 1: Climat artificiel-

465 11 1
                                    

"-Je rentre pour 14h30 , 15h. Tchuss."

Sur ces mots dits avec rapidité et fluidité, je traversais la porte d'entrée qui grinça sous mon passage et me retrouva dehors. Je ne mis pas longtemps à me rendre compte du temps désastreux qui surmontait ma tête, un temps peu propice à une petite balade, mais bien plus adapté à une exposition en salle. Je levais alors mes yeux vers ce ciel grisâtre par endroit, et noir charbon un peu plus loin, et en conclus que mon fidèle parapluie avait bien fait de m'accompagner dans un de ces énièmes périples citadins. Cet espace appelé ciel, annonçait déjà ma douche future nommée "pluie". Un haussement d'épaule marqua mon détachement à l'orage qui allait déverser ses gouttes transparentes sur la ville de Balazuc. Ah...Balazuc, petite ville-campagne de 74 milles habitants, se situant tout près de Paris, cité de la mode, du tourisme et de l'ailleurs. Balazuc...ou plus simplement la ville au nom de viking, était composée d'un cinéma "Les Quatre Harmonies", d'un marché situé au centre, d'un autre cinéma cette fois-ci appelé "Le lido", d'une gare, de quelques parcs, de trois ou quatre églises, d'un stade miteux infesté par les rats, d'un lycée à l'abandon surnommé "Le Ghetto", et d'au moins dix établissements scolaires, là pour accueillir les petits bambins de papas richous. Ce petit bourg coincé entre métropole et campagne, époque moderne et moyen-âge, se retrouvait entouré de ce qu'on appelle "La Marne"; un petit fleuve qui n'est autre qu'un bout de la Seine s'étant égaré de son chemin vers la Manche. Je vivais dans Balazuc Sud, plus précisément dans le quartier des Mirabelles qui abrite star d'opéra, du cinéma, PDG d'entreprise ou encore ancien militaire réinséré. Mon petit village de viking (comme j'aime à l'appeler ainsi) me plaisait pour son calme, l'apaisement qu'il procurait, et surtout pour l'odeur de la mer qui émanait de cette rue éloignée de tout. Éloignée, sans pour autant être isolée du centre-ville, des grands boulevards et des écoles pour pleurnichards, c'était ma petite rue: La promenade de la félicité. Au bout de celle-ci se trouvait Les Bords-De-Marne, une sorte de rue caillouteuse au bord du limon, qui faisait tout le tour de Balazuc. Ce petit chemin, étroit, installer entre forêt et cour d'eau, était soigneusement entretenue, c'était lieu préservé par l'homme et harmonie avec la nature. L'être humain et son désir destructeur d'ascension sociale, réussit au moins à faire quelque chose de ses quatre membres: préserver des lieux comme La Marne, habité par mère nature.

Enfonçant dans mes oreilles, percées par deux écarteurs colorés, mes écouteurs noirs; je laissais le son psychedelic déclenché un rictus semblable à un sourire sur mon visage. La musique, résonnait dans mes tympans, me possédait et m'emmenait dans un lieu éloigné de la réalité. Je me perdis en elle.... Pagalapana-Belik BOOM était l'électro emblème de ma colo et de mon été. Cependant, celle-ci ne dure que quelques minutes, et pour ne pas subir ce blanc musicale durant lequel je choisis normalement une nouvelle musique ; je m'étais par anticipation, aussitôt empressé de sélectionner deux sons jamaïquains. Un bon vieux Boby ! Après tout, il n'y avait rien de mieux pour commencer un voyage s'alternant entre bus, marche et RER .J'oscillais entre deux choix musicaux, entres deux chansons bien connues de la société : Bad Boys - Inner Circle et A lalala Song -Bob Marley.

Bob Marley, dieu du reggae, et moi Mélia, pseudo fille cachée du chanteur, partageons ce même état d'esprit: la joie dans le malheur.

Les nuages n'avaient pas attendu que je grimpe dans le bus pour faire jaillir la pluie de leurs entrailles.

"Lorsqu'il pleut c'est dieu qui pleure, et lorsqu'il y a de l'orage, c'est qu'il gronde sa femme" m'avait dit grand-mère Thérèse, quand je n'étais pas plus haute que trois pommes.

A cette époque, à cet âge qui n'est plus qu'un maigre souvenir dans une mémoire sélective, j'étais dans cette ancienne maison situé à trois quarts d'heure de Balazuc. Elle sentait une odeur particulièrement apaisante, une odeur maternelle dont la simple présence arrive à faire dormir bon nombre d'enfants. Cette odeur, c'est celle de ma grand-mère ; un mélange de vieux cuir ciré à un temps révolu, de livres jaunis par l'âge et abîmés par la lecture, de l'épice, du romarin séché et de la « bonne bouffe » comme on dit chez nous. Cette multitude d'arômes tous aussi différents les uns des autres, s'assemble pour former une odeur accueillante.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 30, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

La philosophie de l'artOù les histoires vivent. Découvrez maintenant