retour aux sources

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Grayson comprit que l'aube approchait avant même que le ciel ne commence à s'éclaircir. Au même moment, il se rendit compte qu'il n'avait aucune chance de s'en sortir.

Il redressa légèrement la tête et constata qu'il gisait sur le dos, au beau milieu d'un champ recouvert d'un épais manteau neigeux. Pendant un instant il se demanda où il pouvait bien être et comment il était arrivé là.

Une douleur aiguë dans son dos fit remonter brusquement ses souvenirs.

Il était à Nemeton, dans un champ avec au bout une vielle ferme vers laquelle il tentait de se rendre.

Nemeton. Il n'avait pas choisit ce village par hasard. Il était déjà venu ici quinze ans au par avant. Ce chiffre le fit ce perdre dans ces pensées.

Ici ce trouvait ses racines, ce qu'il fut à un moment de sa vie. Il sentait le poids des souvenirs dans cette nature sauvage...

Tournant la tête sur le coté il observa un groupe de chevreuils en quête de nourriture. Grayson se sentait proie, comme ces animaux qu'autrefois il chassait. Ceux-ci luttaient pour survivre, il bougeaient pour ne pas mourir de froid.

Pourquoi ne faisait il pas de même ? A quoi cela servirait de toute façon ?

La douleur qui commençait insidieusement à lui vriller le crane, l'engourdissement qui s'emparait de lui ou le poids de sa cage thoracique lui indiquait clairement qu'il n'avait plus le temps de s'attarder sur ce genre de questions.

Au loin il apercevait les contours du village qui commençait à ressortir de la pâleur naissante du ciel et derrière le rempart de Beperken. En observant cette belle couleur mauve, il estima qu'il était là depuis environ douze heures. Il ne lui restait donc que quelques minutes avant que son interminable existence ne touche à son terme.

Un sourire sans joie se dessina sur son visage engourdit lorsqu'il songea que c'était probablement ici même qu'il allait assister à son ultime lever de soleil. Tant de choses avaient changés, depuis, à commencer par lui, bien sur...

Il se demandait s'il devait trouver ironique ou poétique de venir mourir à quelques mètres de son lieu de naissance.

L'engourdissement se transforma progressivement en douleur alors que le soleil continuait de se lever. Grayson avait maintenant l'impression que son corps était en phase de devenir bois, et ce n'était que le début.

- Prélude de la mort d'un Drawer, murmura-t-il pour entendre sa voix.

Ce faisant, il espéré se sentir moins seul. Malheureusement, le procédé eut l'effet inverse.

Sans doutes ne méritait il pas mieux que cette mort solitaire. Il avait commis des fautes, blessé tant de gens. Son don d'animé les dessins lui avait causé tant de tors... Le moment était venu d'en payer le prix.

Grayson se moqua intérieurement de lui même. Deviendrait il croyant à la veille de son trépas ? Il était fort probable que le diable en personne soit en train de préparer un petit coin d'enfer à son intention...

Il ferma les yeux et se prépara à laisser le froid emporter le peu de conscience qu'il lui restait.

-Vous allez bien ? Lui demanda alors une voix roque emplie d'inquiétude que contrebalançais une juste note de méfiance.

Grayson n'avait pas besoins d'entendre d'autre sons de cette personne pour reconnaître cette voix : Charles Baumer, son père. Celui qu'il l'avait abandonné, qui lui avait fait porter tant de remord, se trouvait juste au dessus de lui, près a lui sauver la vie.

dreamer (Réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant