Partie 1 : La rencontre

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Je déteste la vie, je déteste vivre et je déteste voir les autres vivre. C'est tellement con de sourire, ça déforme le visage et puis c'est moche. Nous sommes tellement bêtes lorsque nous rions. C'est laid un rire, on dirait qu'on se force à être heureux. Et regardez moi... Je suis même pas capable de faire semblant. Ce visage que j'ai, ces cheveux noirs sur mes yeux. Cette grande taille et ce corps fin. Je vois mes os. Pitoyable, je le suis, oui. Je fais pitié.


Je m'appelle Gabriel. Je suis un garçon solitaire, qui a perdu ses parents... Enfin non, je rectifie : qui a été abandonné par ses parents étant petit. J'ai arrêté l'école en seconde. Je n'avais plus d'argent pour me payer la scolarité et je ne trouvais aucune utilité à étudier... Après tout, je sais lire, compter, parler et faire le nécessaire dont on a besoin dans la vie quotidienne. Dites moi ce qu'il faut de plus ?

Je travaille dans un petit FastFood, assez minable. Il est positionné à côté d'un MCDo - qui n'a pas voulu m'embaucher-, imaginez un peu la concurrence. Vous vous demandez sûrement comment nous avons fait pour ne pas fermer ? Je me le demande aussi.

Nous sommes un Lundi. Un jour que je déteste. Les autres jours ? Ils sont nuls. Différence ? Aucune, mais le lundi c'est quand même pire. Je ne travaille pas le samedi et dimanche. J'ai des horaires assez corrects, en plus d'une pose qui nous ait accordée. Je l'avoue, c'est un boulot naze, qui paye que dalle. Mais, ça suffit à me nourrir quand même. Je vis dans la misère chaque jour. Personne ne m'envie et je n'ai que des problèmes. J'aurais me pendre, c'est clair mais... J'espère trop. Voilà mon plus gros défaut : Espérer. J'espère tellement pour finalement être sans arrêt déçu. On à tous espérer un jour, mais pas autant que moi. J'en suis terrifié. Ce que je puisse espérer à l'heure actuelle ? Une fille, à mes côtés. Pour toujours. Des bras féminins, un caractère timide, réservée et des paroles qui me disent que tout ira bien... Mais qui voudrait de moi ?

Je suis sur le chemin. J'écoute ma musique. J'aime beaucoup les musiques assez douces, avec un rythme régulier et de belles paroles. Dont : « Paris-Seychell » de Julien Doré. J'aime beaucoup le rythme de cette chanson et le chanteur a le don de me faire planer. J'écoute toujours de la musique quand je suis seul, j'ai dû mal à supporter le silence.

« Eh ben ! C'est pas trop tôt, t'as vingt minutes de retards ! Me dit mon patron.

- J'ai eu un petit souci de chaussures ce matin.

- J'n'en ai rien à ciré de tes pompes ! Tu refais ça, t'es viré ! Crie-t-il.

-Pour vingt minutes... C'est du n'importe quoi... Murmurais-je.

-Hein ? T'as quelque chose à rajouter ?

-Non, m'sieur.

- Aller, va bosser s'pèce de vaurien ! Et t'as intérêt à ce que ça brille. »

Je t'en ficherais de la brillance moi ! Gros lardon, va ! Pensais-je.

Oui, je suis chargé du ménage. Je suis chargé de la tâche ingrate. On se moque souvent de moi à cause de ça. Surtout les filles, elles trouvent ça tellement "ringard", "trop pas sexy" et j'en passe... Qu'est-ce que j'en ai à foutre, sérieusement... Elles sont toutes pareils : Cheveux attachés dans une queue de cheval, des fringues vulgaires, ou jogging. Fond de teint plein la figure, maquillage noir autour des yeux. Rouge à lèvre rose fluo et pommettes bien rouges. C'est tellement horrible et pas naturel. Même leurs sourires prouvent qu'elles sont hypocrites.

Tandis que je nettoie le sol, une bande de jeunes débarque, complètement bourrée. Ils ouvrent la porte si violemment que ça m'a fait sursauter. Sans savoir pourquoi, ils s'injurient de tous les noms, apparemment pour "rigoler". Parce que "fils de p*te", c'est drôle ? Waou, je pensais pas que la mentalité coulait à cette vitesse...

« Eh, tapette... Danse pour nous avec ton ballai et je te donne dix euros. », me demande un des garçons, certainement le plus bourré.

Idiot amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant