Chapitre 1

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La jeune fille reprit doucement connaissance. Les yeux fermés, allongée sur le dos et immobile, elle se trouvait dans un état comateux.

Elle ne sentait rien, ne voyait rien, ne savait rien.

Elle avait la sensation de flotter dans le vide, de voler. Tout était calme, relaxant, insipide. Elle voyait du blanc, ou du noir, ou peut-être les deux. Elle tournait, tournait, tournait dans cet espace où les lois de la nature ne s'appliquaient pas.

Puis, tout à coup, elle tomba.

L'inconnue ouvrit les yeux. Un plafond blanc dont la peinture s'écaillait par endroit se trouvait au-dessus d'elle. Elle était étendue sur ce qui lui paraissait être un lit, dans un lieu qui lui était étranger.

Peu à peu, elle sembla reprendre possession de son esprit, de ses sens et de son corps. Sa bouche était sèche, son corps courbaturé et ses souvenirs confus.

Elle bougea une de ses mains pour venir se frotter les yeux, mais fut stoppée net dans son mouvement par une vive douleur au niveau des phalanges. Elle cligna fort des paupières et laissa échapper un gémissement. Puis le souvenir de la nuit dernière – ou d'une autre nuit, ne sachant pas combien de temps elle avait dormi – lui revint, l'assommant telle une claque. Sa respiration s'accéléra, et un début de mal de tête apparut.

La jeune fille se releva brusquement, soudainement apeurée par l'endroit inconnu où elle se trouvait, mais son corps endolori calma ses tensions. Vaincue, elle se laissa tomber dans le lit. Beaucoup trop de questions tournaient dans sa tête, et elle pouvait presque sentir ses pensées s'entrechoquer entre elles. Elle passa ses mains sur son visage, comme pour remettre de l'ordre dans ses idées, et découvrit quelques points de sutures sur son front. Elle prit alors conscience du bandage qui lui compressait la poitrine, et de ceux qui pansaient ses deux mains.

Elle tourna son regard vers sa droite, puisqu'un mur résidait de l'autre côté, et scanna l'étroite pièce dans laquelle elle se trouvait. Les murs étaient d'une couleur mauve dont les pigments avaient commencé à ternir, et le seul mobilier présent était une armoire en bois miteux dans le fond, un minuscule bureau de la même matière à sa gauche et une chaise en métal. Une petite fenêtre aux carreaux sales et fissurés laissait entrer la pâle lumière d'un jour d'hiver. Entre le bureau et le lit, une porte fermée.

La brune se détendit légèrement en constatant que ce décor ne ressemblait en rien à celui qu'elle ne connaissait que trop bien, et qu'elle redoutait plus que tout. Mais elle n'était pas totalement rassurée pour autant ; elle ne savait toujours pas où elle se trouvait. Et puis, la peur que quelqu'un découvre son horrible secret la rongeait inlassablement de l'intérieur.

Un bruit de pas la sortit de ses pensées. Son regard se dirigea subitement vers la source : la porte. Son cœur s'emballa alors et elle commença à s'imaginer tous les scénarios possibles et imaginables. La poignée s'abaissa, et tout le corps de la jeune fille se raidit.

Une adolescente qui semblait avoir son âge entra alors dans la chambre. Elle avait des cheveux blonds qui lui arrivaient au-dessus des épaules, des yeux bleus décorés de petites lunettes, et un regard doux. Elle n'était pas très grande, ni très mince, mais avait un air chaleureux et un visage harmonieux.

-Tu es réveillée à ce que je vois.

Sa voix était aigue mais apaisante, et la brune se détendit un peu. La nouvelle arrivante prit la chaise en métal se trouvant près du bureau, l'installa à côté du lit et s'assit dessus.

- Comment te sens-tu ?

- J'ai connu mieux.

La voix de la blessée sortit rauque, comme si elle n'avait pas été utilisée depuis longtemps. Elle se racla la gorge avant de continuer à parler.

Distinct [ABANDONNÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant