Le Monde En Equilibre [EN PAUSE]

Nouvelle vie ?

Point de vue du Narrateur

Manger, déprimée, dormir.

Voilà tout ce que Yonina faisait de sa vie recluse. Cela faisait maintenant 16 ans que la jeune fille était enfermée ici, dans une chambre, tout du moins extrêmement luxueuse, mais ne disposant que d'une unique vue sur le monde extérieure.  Pour se libérer un tant soit peu de ce cauchemar, elle avait voulu tester plusieurs solutions : la grève de la faim, la noyade, la défenestration ... Mais tout cela, on lui en empêchait, ayant mis des barreaux à sa fenêtre, une douche simple  où il était très difficile d'augmenter de plus de 2 centimètres le niveau de l'eau, et un vigile surveillait la quantité de nourriture qu'elle ingurgitait. Toute son existence était méticuleusement dirigé et répétitive : Un réveil sonnait en continu de 8 heures à 9 heures du matin, de quoi rendre fou n'importe qui. Son geôlier contrôlait son petit-déjeuner, elle déprimait.  L'après-midi se poursuivait avec le garde administrant son déjeuner, une deuxième séance de déprime, puis toujours la même routine pour le diner. La soirée se finissait avec la jeune fille tombant de sommeil à force de trop pleurée. Étant d'un avis objectif, je pense que si un médecin l'examinait, il aurait diagnostiqué un stade final de dépression.

Toute cette existence morbide était de la faute du PDG de la DIT, le Département des Intérêts Terrestres. Cet homme était un être dur et droit, et n'était autre que son père. Tout le long de sa vie, elle n'avait cessée de se demander le pourquoi du comment il la haïssait à ce point. En effet, cet homme avait deux autres enfants, Mark et Linda, que Yonina n'avait jamais rencontrée. Personnellement, il m'a été donné l'occasion de les fréquenter et j'en suis arrivé à cette conclusion : Ils feraient de très bon successeurs tyranniques. Ne dit-on pas tel père, tel fils ?

Contrairement à la jeune fille, ils furent aimés et couvés depuis leur naissance par les bons soins (et la bonne monnaie) de leur géniteur. Ces deux enfants allaient à l'école, avaient des "amis", que nous pourrions plus considérer comme des sous-fifres, et ils ne manquaient pas de popularité et de pouvoir. Je le sais, si Yonina pouvait réaliser un seul de ses souhaits, ce serait de voir les deux héritiers et de comprendre ce qu'ils avaient de plus qu'elle. Surement qu'elle était jalouse d'eux, qu'elle ne faisait rien pour s'en sortir. mais que feriez-vous à sa place ? Vous ne seriez pas mieux qu'elle, et vous savez, à rester tout le début de sa vie enfermée, les pires défauts et pensées nous reviennent, alors je vous conseille de ne pas la juger.

Vous pourriez être pire.

Yonina était avachie sur son lit, surement l'un des seuls meubles présents dans sa chambre. En effet, celle-ci comportait un lit unique avec une table de chevet, mais il n'y avait aucune télévision, ni armoire, ses vêtements étaient apportés tous les matins par une bonne, qui n'avait même pas le droit de lui adresser une parole autre qu'un "bonjour, mademoiselle". Comme tous les jours aussi, elle portait un ensemble sombre. Il y avait en plus une salle de bain avec une douche et un robinet. Celui-ci disposait évidemment d'une brosse à dents blanche avec dentifrice, et d'un gobelet remplit miraculeusement tous les jours par du bain de bouche couleur sang. Le tout était éclairé continuellement pas des néons bleus, qui faisait faire des cauchemars toute les nuits à l'adolescente.

Point de vue de Franck

La jeune fille ne possédait aucune expression, tout du moins, je n'en aperçus aucune quand je pénétra dans la chambre, son visage étant caché par ses longs cheveux blonds. En la regardant de loin, je ne distinguais qu'une figure longiligne, informe et surement en sous-poids. Étant son précepteur et auto-proclamé gardien de la jeune fille, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter. Les volets fermés ne permettait pas de distinguer clairement la silhouette de Yonina, et je dû plisser les yeux pour commencer à apercevoir son regard bleu me fixer.