Chapitre 3

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Cathlyn

J'ai dormi dans la voiture, trop ivre pour atteindre mon lit. Quand je remonte à l'appartement, j'informe Max que je le rejoindrai très vite en transport en commun, avant de courir à la salle de bains. Pour ne pas accentuer mon retard, j'opte pour une tenue simple : un jeans slim noir, un chemisier rose et une paire de baskets.

Évidemment, me déplacer dans cette ville qui m'est inconnue se révèle être un véritable casse-tête. J'arrive à l'agence avec une heure et demie de retard, mais à temps pour assurer mon entretien avec l'agent d'un chanteur de la région.

Une sur un million... C'est la proportion de chances pour que je me retrouve ce matin dans l'ascenseur avec le mec désagréable d'hier. Une chance sur un million également pour qu'il se rende aussi au vingt-sixième étage.

– Tu es là pour t'excuser de ton comportement exécrable, ou tu es un psychopathe qui a l'intention de me tuer sur mon lieu de travail ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir, et Max me maudirait, s'il était là. Heureusement, ce n'est pas le cas.

– Ne me donne pas d'idées, j'ai horreur des groupies !

Je glousse, tant sa réponse me paraît insensée.

– Ta prétention te perdra, le monde ne tourne pas autour de toi !

Il s'esclaffe, ce qui m'agace prodigieusement.

– De quelle planète tu viens, toi ? Le nom de Tyler Ross est dans toutes les bouches, il met le monde à ses pieds en quelques minutes.

– Parce que tu parles de toi à la troisième personne ? Tu es complètement mégalo, mon pauvre ! Tu es qui, au juste ? Remarque, à bien y réfléchir, Tyler Ross, ça m'évoque vaguement quelque chose...

Il éclate de rire une fois encore, et je ne peux m'empêcher de détailler son visage parfait. Malgré ses yeux injectés de sang, probablement parce qu'il n'a pas encore évacué tout l'alcool qu'il a ingurgité hier soir, il demeure très attirant. Ses cheveux clairs en bataille lui donnent un charme de chanteur de boys band, ainsi que son sourire, qui laisse apparaître sa dentition éclatante. Son regard, marqué d'une émotion indéchiffrable, est d'un vert que je n'ai encore jamais vu ailleurs.

Les portes s'ouvrent et il me décoche un sourire amusé en sortant.

– Tu es marrante, lorsque tu ne me fais pas chier.

Sur ce, il tourne les talons.

Mon rendez-vous se déroule à merveille ; c'est moi qui serai chargée des photos de l'album du fameux chanteur. De plus, je reçois un texto de Lisa m'informant que je dois couvrir un défilé dans deux semaines pour un nouveau créateur.

En consultant mon portable, je vois un appel manqué de Joël. Il est vrai que depuis son départ, nous n'avons échangé que quelques pauvres SMS. Malheureusement, je ne peux pas le rappeler maintenant, car, à Wall Street, les communications privées sont proscrites, seul le chiffre importe, sans compter que j'ai moi-même une masse considérable de travail. Pour rattraper le retard, je décide de faire l'impasse sur ma pause déjeuner.

#

L'après-midi est consacré aux montages et retouches des photos prises depuis le début de la semaine. Lisa, avec qui je n'ai pas encore réellement eu l'occasion de discuter, propose de m'aider. Je ne refuse pas, elle me sauve la mise !

Elle a l'air si jeune que je ne comprends pas ce qu'elle fait à ce poste, au lieu de profiter de la ville et faire la fête jusqu'au bout de la nuit. Max m'a dit qu'elle bossait tout le temps, qu'elle était la première arrivée et la dernière à quitter les lieux, chaque jour.

– Tu as toujours vécu à Las Vegas ? lui demandé-je, curieuse.

– Non, je suis originaire de Seattle. Je suis là pour mon stage professionnel de validation, et un peu aussi pour fuir ma famille.

J'aime déjà cette fille. Elle m'attendrit et me fait penser à moi. Ça doit bien faire dix ans que je m'épuise à m'éloigner de Sam, pourtant, j'ai toujours l'impression d'être prisonnière.

#

À la fin de la journée, je suis vidée de toute énergie. Max m'a déposée à la gare pour que je puisse récupérer ma voiture, qui vient d'arriver.

Lorsque je rentre, l'appartement est vide ; Max a accroché un mot à la porte de ma chambre.

Dîner d'affaires, ne m'attends pas ! M.

J'adore ce garçon, mais je suis heureuse de me retrouver seule ce soir. J'en profite aussitôt pour téléphoner à Joël. Je me ferai ensuite une petite soupe, avant de me réfugier sous les draps, sans demander mon reste.

– Salut Cathlyn ! Alors, Vegas ?

– C'est vraiment top. Max est un super guide touristique pour les soirées.

– Tant mieux.

Je sens dans sa voix un peu de contrariété, mais il y a peu de chance que ma nouvelle vie en soit la cause, car je sortais déjà le soir à New York.

– Tout va bien, de ton côté ?

– Oui. Il y a juste un client qui me donne du fil à retordre. Tyler Ross. Ton père m'a passé son dossier pour me témoigner sa confiance, mais ce mec dépense un fric monstre ! Tenir ses comptes relève du défi.

Tyler Ross ?

– Qui c'est ?

– Sérieusement, Cathlyn ? Tyler Ross ! L'acteur et producteur de blockbusters ! Ne me dis pas que tu ignores qui il est. Sa rupture avec Anna Morina, la danseuse de flamenco, a fait les gros titres durant plus d'une semaine.

– C'est une bonne chose pour elle, si tu veux mon avis, parce que c'est un abruti.

– Je croyais que tu ne le connaissais pas !

– Il est actuellement à Vegas, et je l'ai croisé deux fois en moins de vingt-quatre heures sans savoir à qui j'avais affaire. Mais je m'en serais bien passé !

Joël est en adoration devant un tas de célébrités, ce qui surprend, quand on connaît sa personnalité et qu'on sait qu'il travaille à Wall Street comme banquier. Je ne me doutais pas qu'il comptait le personnage parmi ses clients, et repenser à notre rencontre, dans cette boîte, me met autant en colère qu'elle me fait rire.

Nous discutons une heure avant que je tombe de sommeil sur le canapé. Depuis mon arrivée, j'ai plus souvent dormi hors de mon lit que dedans, alors que celui-ci est d'un confort exceptionnel.

***

Le week-end arrive à grands pas. J'ai prévu de faire découvrir à Lisa les joies des soirées luxueuses de la ville. Elle sera mon invitée. Durant la journée, nous faisons les touristes et, le soir, nous nous transformons en reines de la nuit, enchaînant casino, boîte de nuit et soirée privée, où nous entrons sans même avoir été invitées.

Cette sensation de liberté est fantastique, et je me promets de ne pas quitter Vegas avant d'avoir savouré tous les plaisirs de ma jeunesse.

J'ai presque vingt-trois ans, ça ne fait que commencer...




Between You & me [SOUS CONTRAT D'ÉDITION] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant