Il mélange au fond de sa tasse du miel
Il regarde par le vasistas le cielNaruto était accoudé à sa table encombrée de plusieurs boîtes de lait périmé vides avec devant lui, un verre de lait sûrement passé aussi qu'il avait mélangé à quelques gouttes de miel. Il but son breuvage puis regarda par la fenêtre d'un air songeur et triste tout en trainant sa cuillère dans le peu de sucre qui restait.
À chaque fois que passe un avion
Il se dit que c'est peut-être elle
Qui passe au-dessus de sa maison
On lui a dit qu'elle était au cielIl entendit alors un avion survolé la ville et pensa à elle. Le troisième hokage lui avait dit un jour qu'elle était dans les nuages avec les anges et que parfois, elle venait le voir pour le protéger. Depuis, lorsque ces appareils passaient il ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle le voyait et le soutenait dans ce qu'il traversait.
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secretsTous les soirs il faisait le même rituel inlassablement. Personne ne le savait, c'était son secret. Avec les craies qu'il subtilisait à son professeur, il reproduisait un dessin de sa mère sur le sol de sa chambre et se couchait à ses côtés comme si elle était vraiment là. Le matin, à son réveil, il l'effaçait au cas où quelqu'un entrait dans sa maison pour la mettre sans dessus-dessous, ce qui lui arrivait au moins deux fois par semaine.
Ce dessin il le fait trait pour trait
À partir d'un portraitIl n'avait jamais connu ses parents mais à force de harceler le troisième hokage à leur propos, celui-ci lui avait donné un portrait de sa mère uniquement. Le chef du village savait qu'il n'aurait pas dû faire ça mais savoir que cet enfant souffrait de l'absence de ses parents, des harcèlements des villageois et de ne pas pouvoir avoir d'amis à cause de parents peureux, il avait eu envie de le réconforter en lui offrant une image de sa mère, sans pour autant lui avoir dit son nom puisqu'il ne pouvait savoir l'identité de ses géniteurs.
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secrets
Ce dessin il le fait trait pour trait
À partir d'un portraitIl rêvait que sa mère et son père viennent le chercher à l'école comme tous les autres enfants de l'académie, qu'il mangeait avec eux en famille, qu'il jouait et s'entrainait avec son père dans le jardin, qu'ils se promenaient et que sa mère lui offrait une glace de son parfum préféré mais quand il se réveillait, il reprenait conscience et savait que cela n'arriverait jamais. Alors il embrassait la photo de sa mère et sortait faire un tour dans le parc.
Perdu au fond de sa classe, il s'emmêle
Il se débat avec le coriace plurielEncore une journée de cours. Il n'avait jamais été très bon élève pour preuve il avait redoublé sa dernière année dans l'académie. Il étudiait des techniques ninjas mais aussi les apprentissages fondamentaux. Autant dire qu'il n'était pas doué pour les deux. Il n'arrivait pas à viser juste au lancé de shurikens et le pluriel lui échappait complètement. Il avait beau s'entrainer tous les jours et à essayer d'apprendre ses leçons il ne parvenait pas à ses fins.
Puis il explique à sa maîtresse
Pourquoi parent de prend pas d' « s »À la fin de la journée, il alla voir son professeur qui finissait de ranger ses affaires. Il lui dit qu'il ne comprenait pas pourquoi « parent » pouvait être au pluriel puisque lui n'en avait aucun et qu'il n'en aurait jamais plus et Iruka lui dit non sans être peiné que tous les enfants avaient un papa et une maman et que, par conséquent, ça faisait deux parents. Le petit blond le remercia et partit.
Des câlins il en voudrait tellement
Ne serait-ce qu'un par anIl marchait les mains dans les poches et la tête vers le ciel. Puis un passant le bouscula et l'insulta. Il continua son chemin mais deux autres villageois lui balancèrent des cailloux. Il se mit à courir et déboucha dans une rue où un enfant était entouré de ses parents en train de rigoler. Il baissa les yeux et poursuivit son trajet. Quelques mètres plus loin il vit un de ses camarades dans les bras de son père, tout content. Alors, il commença à courir tête baissée et les larmes aux yeux devant les regards haineux qui lui étaient adressé et un autre enfant à l'âme aussi solitaire que lui. Lui aussi voudrait un peu de tendresse. Il ferait tout pour en avoir le temps de quelques secondes.
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secrets
Ce dessin il le fait trait pour trait
À partir d'un portraitIl rentra chez lui et fila dans sa chambre. Il se saisit des craies de couleur qu'il cachait sous son lit et reproduisit les traits qu'ils connaissaient maintenant par cœur sur le sol. Ses tracés étaient tantôt tristes tantôt perdus mais à la fin donnaient toujours le même dessin. Il se coucha à côté et se mit à pleurer comme il ne l'avait encore jamais fait, se retenant à chaque fois. Il finit par s'endormir de fatigue.
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secrets
Ce dessin il le fait trait pour trait
À partir d'un portraitÀ chaque fois qu'il ouvrait les yeux il tombait sur le portrait de sa mère puis il les refermait pour graver une nouvelle fois cette image dans son cerveau pour être sûr d'en rêver lorsqu'il dormait. Il n'alla pas à l'académie pendant plusieurs jours pour rester auprès de sa mère car il ne voulait plus l'effacer. Il se nourrissait quand même un minimum mais ne quittait jamais trop longtemps son esquisse.
Il rêve couché sur un parquet
Dans les bras de sa mère
Dessinée à la craie
Tous les soirs en secrets
Ce dessin il le fait trait pour trait
À partir d'un portraitIl dormait quand il entendit du bruit dans sa cuisine. Il ouvrit les yeux mais n'osait pas bouger. Les pas se rapprochaient et c'était la panique dans sa tête. Il ne pouvait cacher son dessin avant que l'intrus ne s'introduise dans sa chambre. Il attendit. La porte s'ouvrit et il ne bougeait plus. Il n'entendit plus rien pendant un laps de temps puis la personne fit plusieurs mouvements avant de s'allonger dans le dos du blondinet.
Il sentit un bras se poser sur son flanc et sursauta. Il tourna sa tête et vit le garçon qu'il détestait par dessus tout le prendre dans ses bras et fermer les yeux. Il fut encore plus surprit mais ne dit rien de peur que tout s'arrête. C'était la première fois que quelqu'un lui témoignait un peu d'attention sans compter son professeur et le troisième hokage.
Il reposa sa tête sur le sol et se rendormit. Son secret était découvert mais depuis, Sasuke venait chez lui, dessinait avec lui le portrait de Kushina et se couchait par terre à ses côtés. La solitude n'était plus au rendez-vous dans son esprit grâce à cette présence qui le réconfortait et il fut encore plus content quand il apprit qu'ils seraient dans la même équipe.
Trait pour trait à partir d'un portrait...
