Ni vu, ni connu.
Voilà, le bon vieux dicton, pourtant il me semble si faux.
Ni connu, ni vu.
Voilà! C'est beaucoup mieux. On peut me voir sans me connaître, mais on ne peut me connaître sans me voir pour ce que je suis. Derrière mon masque , je me cache des rumeurs, de la honte et surtout, de moi-même. Me cacher me semble une façon si simple et idiote pour m'évader, mais m'évader de quoi? De mon esprit qui tient entre ses mains ma personnalité et ma vie? Oui, je veux m'évader de ce monstre que je suis. Malheureusement, le seul bon moyen de m'évader est d'y rentrer. Parfois, je ferme les yeux et j'imagine un monde ou personne ne se cache, ou tout est accepter, car souvent , à la maison, on entend les cris de mon père. Certaines fois elles sont envoyées à ma sœur aînée Jeanne, d'autres fois à ma mère Annie et puis à mon frère Mathieu, mais jamais à moi. Pourquoi? Pourquoi crie-y-il à tout ce qui bouge, mais pas moi? L'injustice y est et je ne peux rien y faire. J'ai déjà essayé toutes les bêtises possible, aucune mauvaises réaction, mais que les autres font un mauvais pas... Les baffles, les cris, les coups, les pleurs... ça dure des heures entières et je ne peux rien y faire. Je crois qu'elle est là ma punition, voir les autres souffrir et n'avoir aucun pouvoir pour les soulager. La plupart du temps, ma sœur se fait punir, car elle n'est pas intéressée aux hommes, mais aux femmes. Mon frère est bisexuel, il est donc intéressé au deux. Ma mère est une femme qui refuse de rester à la maison, mais moi, je suis une fille hétérosexuel et je réussi bien à l'école.
Pourquoi me frapper alors? C'est un total manque d'énergie je suis si " parfaite". Malgré tout je reste dans la peur. Je crains toujours le jour où mon père va frapper trop fort, va frapper une foi de trop et va faire tout basculer. Je crains ce jour depuis qu'à 8 ans, alors que ma sœur en avait 10, elle m'a chuchoter à la fin d'une séance particulièrement atroce: « Bianca, si je meurs trop tôt, je veux que tu saches que je t'aime et que tu n'y est pour rien.». Je crains et j'ai peur chaque jour, malgré tout ce n'est que la couverture, mon masque, ce n'est aucunement léger, mais ma maladie a trouvé sa place dans mon crâne et rend tout plus lourd. Elle est très patiente, elle attend la goutte pour faire déborder le vase.