CHAPITRE I

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Mon père est scientifique. Depuis très jeune, il cherche à trouver une sorte de vaccin universel. Mais ses recherches n'ont jamais amené à rien. Son laboratoire est au sous-sol, et il y travaille jour et nuit. Parfois, au lieu de manger avec maman et moi dans la cuisine, il mange rapidement un sandwich tout en faisant des tests, des piqûres et des essais sur les pauvres bêtes qui lui servent de cobayes.

Quelques jours avant ma conception, l'un de ses essais avait fonctionné sur trois de ses cinq cobayes malades. C'est donc pour cela qu'il s'est dit qu'il était temps de le tester sur un être humain, et il l'a fait sur lui-même. Le lendemain, il était malade comme une chien et ça a duré plus d'un mois avant qu'il ne guérisse. Mais il n'y a rien eu de grave. Enfin, on espère.

Neuf mois plus tard, je suis née. Mon père avait demandé aux médecins de vraiment bien vérifier qu'il n'y avait aucune anomalie, car il aurait pu me retransmettre l'essai qu'il avait fait avant ma conception, mais heureusement, tout allait pour le mieux.


- Savannah ! Viens vite me voir au labo s'il-te-plaît !

- J'arrive !


Je sors de ma chambre, vais dans la cuisine puis dévale le petit escalier qui mène au laboratoire.


- Qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je poliment.

- Demande-moi plutôt qu'est-ce que je vais faire, me répond-t-il avec un grand sourire, je vais te faire une prise de sang.

- Pourquoi faire ? je m'exclame, étonnée.

- Etant donné qui tu entres en adolescence, je me suis dit que si tu n'avais aucune anomalie à la naissance, par rapport à ce fameux test que j'ai fait, des symptômes apparaîtraient à la puberté en raison de certaines zones de ton cerveau qui s'active ; comme l'hypophyse, par exemple ; que les anomalies se seraient cachées là, et attendraient l'activation de ces zones pour émerger et foutre le bordel dans ton organisme.

- Euh... oui, bien sûr. Mais pourquoi une prise de sang ?

- Oh, comme ça, j'avais envie. plaisante-t-il. Pour vérifier ce que je viens de dire et confirmer le fait qu'aucun corps étranger ne se mette à attaquer ton organisme, me murmure-t-il à l'oreille. Assieds-toi là, ça ne dure que quelques secondes !


Je prends place sur un petit tabouret qui se trouve juste à côté de moi. Je relève doucement ma manche et mon père place le garrot sur mon bras.


- Au fait, papa, il faudra racheter des céréales pour le petit déjeuner, je n'en ai plus.

- Tu diras ça à ta mère. Tu avais besoin d'autre chose ?

- Non, je ne crois pa-AÏE !

- "Aïe" ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'aurais pu me prévenir que tu allais le faire maintenant !

- Mais il fallait bien que je le fasse, douillette comme tu es, rétorque-t-il, toujours son grand sourire aux lèvres.

- Ouais, t'as raison... ralé-je.

- Allez, tu ne vas pas me faire un gâteau parce-que je ne t'ai pas prévenue, hein ? Tiens, dit-il en plaçant un sparadrap sur la micro-plaie.

- En parlant de gâteau... Tu ne m'as toujours pas dit si Genny et Max pouvaient venir m'aider à faire celui pour l'anniversaire d'Ethan, vendredi.

- Bien sûr que je t'ai répondu. Tu ne m'as pas écouté, comme d'habitude...


Je croise les bras en levant les yeux aux ciel.


- Tu m'as dit que tu réfléchirais, si c'est ce que tu appelles une réponse... Et oui je t'ai écouté. Alors, tu as réfléchi ?

- Affirmatif. Ta mère et moi iront faire les courses ce jour là, donc vous serez seuls à la maison. Pas de bazar, d'accord ?

- Promis. 

- Tu n'oublieras pas de tout ranger, hein ?

- Oui papa, merci.

- Pas de quoi. Allez, file.


Je sors du labo et je me dirige dans la cuisine, où je me sers un verre de limonade avant de l'emporter avec moi dans la cour. Elle n'est pas très grande, mais, au moins, on a un peu d'espace. Je sirote la boisson sucrée et elle pétille sur ma langue comme des feux d'artifice. Vivement vendredi. Max et Genny viendront à la maison car on avait promis à Ethan de préparer nous-même le gâteau pour son anniversaire qui aura lieu samedi. Lundi, il y aura une fête au collège, comme tous les ans, pour fêter le début des grandes vacances. En général, cette fête a lieu le samedi juste après le dernier jour, mais on n'a pas pu cette année car les murs ont été repeints ; du coup, la date a été reportée.

A part ces deux jours plutôt festifs, je me demande ce que je vais pouvoir faire de mes vacances. Peindre, en tout cas. Et écrire. En effet, à peine ai-je su ce qu'étaient l'art et la littérature que j'ai tout de suite adoré. Déjà petite, j'écrivais des histoires dans mes cahiers et j'avais toujours de bonnes notes en cours de français, surtout en rédaction. Ça n'a pas changé depuis.

Je pourrais éventuellement aller de temps en temps dans la petit forêt située à deux pas de chez moi. A vrai dire, la nature sauvage est l'endroit où je me sens le plus en sécurité. Je me sens apaisée et inspirée à chaque pas sur le sol boueux, sablé, caillouteux ou enneigé, loin du bruit de la télé et des voitures, ou de tout autre distraction humaine contre-productive qui me navre.

Quand mon verre est complètement vide, je rentre à l'intérieur et je sors mon matériel de peinture. A chaque goutte colorée que je dépose sur ma toile, je me sens plus vivante. C'est dans ma nature, après tout, je suis une grande sensible.   




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⏰ Dernière mise à jour : Nov 07, 2015 ⏰

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MORALITHIA - 1. LouveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant