Septembre 3

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Je ne savais pas que j'étais capable de faire un tel coup. Ma main était devenue presque violette et sur le casier, une bosse se démarquait.

Monsieur Trenta se penche sur moi, il touche ma main et je ne peux m'empêcher de grimacer pour ne pas hurler.

Il m'aide à me relever avant de dire;

"Il n'y a sûrement plus personne à l'infirmerie et ca n'a pas l'air d'être un simple coup bleu."

Il réfléchi quelques secondes

"Il y a quelqu'un chez toi?"

Je tourne la tête pour dire non.

"D'accord ma voiture est garée pas loin, je t'emmène à l'hôpital."

Maintenant que je suis "habituée" à la douleur causée par ma main, ma rage remonte.

"Non merci, je vais me débrouiller toute seule." Dis-je sèchement avant de me reculer.

Ses sourcils se froncent.
"Tu vas arrêter de faire la gamine, tu peux pas laisser ça comme ça. Tu ne peux pas te débrouiller toute seule."

Je prends mon sac par terre de mon autre main, et commence à marcher vers la sortie.
"Et bien pourtant je le fais."

Il reste immobile alors que j'avance. Même si je fais mine de ne rien ressentir, j'ai horriblement mal. J'essaye de refermer mes doigts dans ma main mais ils bougent à peine.
Après quelques mètres je finis par me retourner sur mon professeur.

Il sourit comme s'il avait gagné, et s'approche de moi, en passant à côté de moi il prend mon sac et puis marche en avant alors que je le suis, les yeux baissé.

Je suis furieuse. Je me sens faible, et en même temps je ne peux pas rester comme ça, ça serait stupide de rentrer chez moi pour attendre mes parents pendants 4 heures alors que ma main est certainement abîmée.

Nous marchons en silence pendant une dizaine de minutes. Et puis nous arrivons à sa voiture, qui était étonnement belle, elle avait l'air cher, c'est bizarre pour un professeur. Je ne m'attarde pas sur ce détail.
Il passe du côté passagé et m'ouvre la porte.

Avant de rentré dans la voiture je m'arrête face à lui et le fixe dans les yeux.

" Merci, vous n'êtes pas obligé de faire ça." Ces mots m'écorchent la bouche, mais je ne suis pas une ingrate.

Il ne peut s'empêcher de sourire.
"On peut dire que c'est de ma faute si tu t'es blessée, c'est normal."

Il semble content de sa réponse, ce qui me fait encore plus regretté ce que je venais de dire mais je prends sur moi et rentre dans la voiture.

"Tu devrais prévenir tes parents." Dit-il en refermant la porte derrière moi.

Il se met ensuite à la place conducteur et me place mon sac sur les genoux. Je cherche dans mon sac avec une seule main mon gsm, et puis, une fois trouvée je fais le numéro de ma mère alors que mon professeur se met à conduire.

Cette situation était plus qu'étrange en y repensant.

Après 2 sonnerie, ma mère décrocha.

"Béatrice ça a intérêt à être important, je suis occupée (...)"

"Maman je me suis blessée et mon professeur m'emmène à l'hôpital."

Ma mère resta silencieuse, et puis finit par ajouter.
"D'accord passe moi ton professeur."

Je le regarde et il tourne la tête vers moi avec un regard interrogateur. J'ai tellement honte, mais je ravale ma fierté.
"Ma mère aimerait vous parler." Dis-je en activant le haut parleur.

Et puis j'ajoute;
"Voilà maman tu es en haut parleur."

Monsieur Trenta prit la parole.
"Bonjour madame James. C'est le professeur de Béatrice. Comme vous a dis votre fille, elle s'est blessée et je l'emmène actuellement à l'hôpital du centre ville." 

"Bien.  Merci beaucoup monsieur." Dit-elle. Et puis elle rajouta en s'adressant à moi. " Tu as besoin qu'on vienne te chercher où tu sortiras à temps pour prendre un bus?"

À ces mots je serres les dents, c'est le genre de réflexions que j'aurais préféré éviter devant lui.

"Je me débrouillerais."

A ces mots monsieur Trenta me regarde, mais je garde les yeux fixés sur la route.

"D'accord Bea, je te laisses j'ai du travail. À ce soir."

Sans prendre la peine de répondre, je raccroche et un silence glacial s'installe dans la voiture. J'ai honte, et je vois qu'il réfléchir à ce qu'il pourrait dire. Sans lui laisser l'occasion de réfléchir plus longtemps je prends la parole.

"J'ai pas besoin de commentaire."

Habituellement il aurait répondu a mon pic avec un plus gros pic, mais il se tait.

Arrivé à l'hôpital je le remercie encore une fois et lui dit qu'il peut maintenant partir mais il refuse automatiquement. Même si je fais mine d'être contrariée, ça me rassure qu'il reste avec moi. Dans la salle d'attente, on nous annonce qu'il pourrait y avoir jusqu'à 30 minutes de retard parce que le médecin est occupé. Dans la salle d'attente, nous sommes seule.

Nous nous asseyons face à face et il me fixe.
Durant les 5 premières minutes, j'évite son regard et puis je me rend compte que je suis pathétique et décide de l'affronter. C'est comme ça que nous passons plus de 10 minutes à nous regarder sans parler. Et puis il prend la parole.

"Je suis désolé si je t'ai blessée tantôt."

J'hausse les épaules, il reprend.

"Tu es une élève frustrante. Un jour tu es la et tu participes et le jour d'après tu te mets dans ton coin et on t'entend pas. Tu n'écoutes rien mais t'as des points. Alors que d'autres élèves travaillent tous les jours et n'y arrivent pas."

J'ouvre la bouche pour répondre et puis la referme. Je n'avais rien à dire.
J'ai l'impression d'avoir tout gagné alors qu'il m'a juste fait une remarque. Il est là devant moi, et je me demande pourquoi il est là justement. Je suis énervée et en même temps je peux pas lui en vouloir.

Je regarde ma main, qui est maintenant bien violette et essaye de faire bouger mes doigts une nouvelle fois. La douleur me parcours le corps jusqu'à ce que je sentes mes cheveux s'hérisser. Perdue dans nos pensées respectives, c'est le médecin qui brise finalement le silence.

"Mademoiselle James?"

Nous nous levons simultanément, le docteur regarde mon professeur avant de lui demander s'il est un parent.

"Non je suis son professeur, c'est arrivé à l'école."

Le docteur lui annonce alors qu'il ne peut pas venir avec et qu'il va devoir patienter.

Il hoche la tête et puis regarde sa montre. Je m'empresse alors de dire ;

"Vous pouvez partir maintenant rien ne vous retient, merci pour tout. "

Avant même qu'il ne réponde, je lui tourne le dos pour suivre le médecin.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 09, 2015 ⏰

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