Figés

Un cauchemar bien réel

Tout à coup, quelqu'un tire. Tout le monde se met à crier et la personne à côté de moi s'écroule. Elle m'écrase, j'ai mal. Un filet de sang coule sur mes yeux. Ma vue se trouble. Tout est noir, j'ai du mal à respirer, mon souffle est court...

Les gens crient autour de moi et l'aéroport est plongé dans une panique générale. Je suis collée par terre et mon oreille plaquée contre le sol empire le résonnement des pas des passagers qui courent dans tous les sens. J'entends des enfants pleurer et des mères affolées qui essayent tant bien que mal de les rassurer mais il faut les mettre à l'abri, les protéger. Mais moi, qui va me protéger ? Qui va venir m'aider ? Je suis seule dans cet enfer.

Soudain, la peur, enfouie au fond de moi, surgis sans que je ne puisse la contenir. Je pousse un hurlement impressionnant et ma respiration se bloque.

Il n'y a plus un bruit, plus une respiration, plus un souffle, aucun pas. Juste le silence, un silence pesant qui remplit tout mon être.

Une autre chose, aussi stressante retient mon attention. Plus aucun poids n'exerce de pression sur mon corps. Je n'ose pas ouvrir les yeux et je perds mon dernier souffle. Je n'ai plus d'oxygène. Petit à petit je me sens basculé. Mais n'étais-je pas déjà dans une forme d'autre monde ?

Je n'ai pas le temps de répondre à ma question et m'évanouie.

~ Ellipse ~

Une forte odeur me réveille. Je sens du désinfectant, de l'alcool, du talc... Un hôpital ? Non, ce n'est pas possible, je sens mon lit bougé. Mon LIT ? Mais où suis-je ? Ah oui, je me souviens de l'aéroport et... Un coup de feu...

Un bruit me sort de ma réflexion. Une sirène retentie et je commence à distinguer des voix autour de moi :

- « Sa tension baisse, envoyer lui plus de corticostéroïde.

- Il faut vérifier ses reflex mais pour l'instant elle est toujours endormie...

- Non, je crois qu'elle se réveille. »

J'ouvre les yeux. Des gens tournent autour de moi, l'espace est petit et clos. Des perfusions sont scotchées sur mes bras et une ceinture me maintient sur le lit. On me plante une lumière dans les yeux. Je n'ai qu'une envie : me rendormir.

Un masque à oxygène est posé sur mon visage. Les personnes autour de moi n'arrêtent pas de parler. J'ai besoin d'air. Je veux me lever et j'amène mes mains à ma bouche afin d'enlever ce masque qui me gêne.

Je n'ai pas le temps de saisir l'objet que celle que je pense être une infirmière m'attrape les avant-bras et me métrise. Elle cherche l'aide de son collègue et l'interpelle :

« Il faut lui injecter un calmant. Elle est coriace »

L'homme s'approche alors avec une aiguille. Non non et non !!! Pas de piqûre ! Je tente de me débattre mais ils me tiennent si fort que leurs phalanges en sont blanches. Il introduit le liquide dans mon corps et l'effet est immédiat. Mes muscles se détendent, je n'ai plus la force de lutter.

Je n'ai d'autres solutions que de fermer les yeux en attendant que le temps passe. D'horribles images me reviennent en tête et je me remets à penser à cette scène... Est-ce que la personne qui s'était écroulée sur moi va bien ?

Et voilà, comme toujours je me retrouve confrontée à mon pire défaut. Je m'inquiète toujours plus pour les autres que pour moi... Mon propre sort m'intéresse peu.

Où est ma famille ? Ils doivent se faire du souci pour moi. Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Est-ce que Carla m'attend déjà ?

Le produit qui coule dans mes veines m'empêche de réfléchir correctement et je ne trouve aucune réponse à mes questions.