1 - Besoin de vacances

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Dariel

— Le service laisse franchement à désirer et cette chambre manque cruellement de confort ! râla-t-il pour la forme, profitant du passage devant sa cellule.

Un grognement lui répondit tandis qu'une queue écailleuse frappait les barreaux de sa cage, râpant le métal d'un bruit presque angoissant.

— Et un verre, c'est trop demander ? ronchonna-t-il.

Dariel retourna s'asseoir dans le coin le plus sombre de sa cellule en traînant la jambe. Les yeux fermés, il essayait de faire abstraction des hurlements qui raisonnaient dans les geôles jour et nuit, à l'odeur âcre qui semblait vouloir s'incruster sous sa peau et au balancier incessant qu'il était le seul à entendre, représentation du temps qui lui restait avant... avant quoi d'ailleurs ? Il n'avait aucune idée de la raison de sa capture et en vérité il n'en avait rien à foutre. Après tout, il essayait de se faire tuer quand il s'était fait capturer, alors la mort ici ou ailleurs... même s'il avait espéré un lieu un peu plus poétique qu'une grotte obscure gardée par des choses immondes, puant la pisse et la gerbe. Pas qu'il ait goûté à la liberté ces derniers siècles pour pouvoir espérer autre chose. Le nombre d'années ne se comptait plus depuis qu'il avait perdu l'envie de se battre, trop longtemps que sa volonté brisée n'aspirait qu'à une délivrance rapide. Même ça, apparemment c'était également trop demander.

Au moins, depuis sa position il pouvait voir que sa cage était de loin la plus spacieuse. Un sol en terre battu douillet pour poser son dos et des toilettes grand luxe. D'ailleurs les gardes n'avaient pas apprécié qu'il ait soulagé sa vessie au-delà des barreaux au moment où ils faisaient leur ronde habituelle. Sa jambe douloureuse attestait qu'ils manquaient sérieusement d'humour.

Dariel entendit qu'on ouvrait une des cages alignées contre le mur du fond pour trainer son occupant à l'extérieur. Un bruit sourd lui apprit que l'autre avait fait de la résistance et qu'on lui avait donné tort.

— J'aimerais bien quitter ma suite moi aussi ! cria-t-il.

Toussant et recrachant un peu de sang, il songea qu'un peu d'eau-de-vie et une paillasse auraient été l'équivalent d'une suite royale.

Quand il avait atterrit dans ce cloaque il avait bien sur essayé de s'échapper. Il avait dû encaisser une sacrée correction. Ils s'y étaient quand même mis à plusieurs pour le coincer. Dariel sourit intérieurement en repensant aux quelques membres qu'il avait eu le temps d'arracher. On lui avait alors administré un poison qui annihilait toutes ses forces. Il était bien incapable de faire plus que de tourner en rond dans ce foutu clapier.

Il ne lui restait qu'à fomenter un énième plan pour que ses gardiens daignent venir le chercher. A défaut de pouvoir se battre il avait testé la séduction, mais ses tortionnaires n'en voulaient pas non plus à sa vertu.

Pourtant son ancien geôlier, qui tenait un bordel, avait trouvé qu'avec les mèches rebelles de ses cheveux blonds son établissement ne désemplirait pas. Il n'avait pas eu tort. Dariel frissonna en repensant à son impuissance face à son enchainement. On lui avait même assuré une fois que ses yeux parme surmontés de longs cils feraient se damner un saint. Il avait bien rigolé, vraiment. Pour ce que ça lui avait apporté.

Il avait bien essayé de casser son image d'angelot mais il n'avait réussi qu'à attirer davantage l'attention sur lui, ou était-ce cette fichue aura qui les attirait comme des rapaces alors que sa transition n'était même pas achevée. Il chassa cette pensée, n'ayant aucune envie de ressasser des futilités.

Dariel essayait de trouver une position confortable quand un grondement suivi d'un tremblement ébranla les murs. Une jambe ensanglantée atterris devant sa cellule, sans son propriétaire.

L'Enfer est complet en cette saison - 1.1  DarielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant