L'Homme qui demandait l'heure

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Aurore, jeune femme de 23 ans aux cheveux blonds et aux yeux caramels, excellait de jours en jours dans ses études. Aurore voulait travailler dans le secteur du journalisme et était inscrite à l'ESJ, l'École Supérieur de Journalisme, à Lille. Cette prestigieuse enseigne, très sélective, avait acceptée Aurore qui passait de nombreux concours à présent.

Mais un jour, après ses cours, elle se rendit dans le café Le 3ème Acte, au coin de la rue Solférino, à proximité de l'ESJ. L'établissement avait ouvert il y avait peu de temps et Aurore en avait entendu beaucoup de bien.

Mais alors qu'elle passait devant la Grande Place qui se trouvait en face du café, un homme assis par terre l'interpella. Ses yeux étaient fermés et de multiples rides se formaient tout autour, comme si le temps était gravé sur sa peau ; ses cheveux soyeux lui tombaient dans la nuque en une cascade grisâtre. Il portait un chapeau noir en feutre, son pantalon semblait trop grand pour lui et son manteau n'était qu'une masse sombre qui l'enveloppait.

- Quelle heure est-il, Madame, s'il vous plaît ?

Aurore aperçut alors la pancarte qu'il tenait de sa main droite. On pouvait y lire :


Aidez-moi, j'ai faim et froid. Je suis aveugle.


- Dix-neuf heures trois monsieur. La nuit commence à tomber.

- Merci bien.

Elle se remit en marche, s'arrêta, l'observa puis revint vers lui d'un pas hésitant en sortant son porte-feuille.

-Excusez-moi, mais comment saviez-vous que j'étais une femme ?

Elle lui glissa un billet de 5 euros dans sa main et attendit la réponse du vieil homme.

Il toucha le billet, suivit son contour et sourit.

- Vous savez, quand on est un vieil aveugle comme moi, on saisit chaque détail qui nous entoure, y compris le bruit des talons d'une femme, les conversations que l'on peut entendre. Pouvez-vous me décrire le temps qu'il fait ?

Aurore leva les yeux et sourit en découvrant un ciel rosé, composé de quelques nuages s'agglomérant autour du soleil orange vif. C'était beau. Pourtant elle n'avait pas pris la peine de le remarquer.

- Le soleil est éblouissant lorsqu'on le fixe, il est orangé. Le ciel est quant à lui rose. On peut voir quelques nuages qui entourent le soleil. Mais il va bientôt disparaître derrière les immeubles.

Elle tourna la tête vers l'aveugle et lui demanda s'il avait besoin de quoi que ce soit.

- Hoo...J'ai besoin de tant de choses vous savez ! Mais vous ne pouvez rien me donner qui puisse satisfaire mes envies. Allez ! Je ne vous embête pas plus, profitez de la vie !

- Passez une bonne soirée.

Puis elle entra dans le café, lançant des regards inquiets vers cet homme. Après cet bref échange, elle se sentait... vidée, comme si quelque chose avait changé. Elle prit un café au lait puis rentra chez elle.

Le lendemain, Aurore rencontra de nouveau l'aveugle. Elle le vit assis en tailleur à même le sol mais lui ne la vit pas. Elle se dirigea vers lui et s'assit à ses côtés malgré le froid des pavés.

- Vous voilà de nouveau ici, dit-il.

- A présent je ne rentre que par ce chemin le vendredi soir, je peux alors passer vous voir.

Il ne répond pas, perdu dans ses pensées. Aurore, elle, l'observait : Quel âge pouvait-il bien avoir ?

- Quelle heure est-il ?

L'Homme qui demandait l'heureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant