C'est comme cela que Julie s'était retrouvée dans la voiture d'un parfait inconnu. Elle n'aurait jamais accepté de monter dans la voiture d'un jeune homme qu'elle ne connaissait pas, auparavant. Oui, mais voilà... toutes les personnes du monde lui semblaient plus sécurisantes que Billy à présent.
À ce moment précis, elle ne se doutait pas à quel point elle avait tort...Le jeune homme qui l'avait sympathiquement accueilli dans sa voiture, était charmant. Il avait l'air grand, et ses beaux yeux bleus faisaient de l'effet à notre petite rescapée. "Que vous est-il arrivé ?" demanda le blondinet, surpris, en voyant la blessure sanguinolente présente sur le front de sa nouvelle passagère. Julie s'était assise à l'arrière de sorte que le mystérieux inconnu lui tournait le dos. "Je préfère pas en parler..." répondit-elle en essorant ses cheveux. Des grosses gouttes d'eau tombèrent sur le tissu de la banquette, qui absorba tout, à l'image d'une éponge. "Bah dit-donc, vous êtes bien trempée !" s'exclama t-il en sifflant.
Le beau conducteur alluma la radio qui fonctionnait mal. "... Mc inf..." entendis Julie. Elle tendit l'oreille. "... Vous ra...lle... 1m75... 20... 30ans" Flûte! La radio crépitait ! "Pourvu que la suite soit audible" pria t-elle en se rapprochant du siège avant pour mieux entendre. " .. orte... des Bask... Noires." entendit-elle.
Elle fronça les sourcils. "Des baskets noires ?!" s'insurgea t-elle en tappant brusquement ses mains contre le fauteuil du conducteur.
L'homme changea de chaînes en s'exclamant: "Je vais nous mettre de la bonne zizic, vous allez voir !" Il zappa jusqu'à s'arrêter sur une chaîne de musique pop et commença a fredonner. "Vous pouvez encore vous rapprocher si ça vous tente!" ria t-il.
Julie ne releva pas sa remarque et claqua son dos contre la banquette arrière en soupirant. "Des basketts noires !" répéta t-elle ahurie.
L'homme lui lança un regard inquiet et noir.La jeune femme grelotait à présent. Elle n'arrivait pas à réfléchir. Elle regarda par la fenêtre l'ombre des sapins défiler, songeuse. Si les baskets du tueur étaient bel et bien noires, alors son petit ami n'était pas coupable ! Mais pourquoi se promenait-il une hache à la main après l'incident, alors ?
Une voix taquine la sortit de ce tourbillon de questions.
"Elle est bien jolie votre robe mademoiselle !"
Julie sursauta. Elle regarda furtivement sa robe et s'aperçue que celle-ci était légèrement transparente suite à la longue averse sous laquelle elle était restée. Elle tira donc sur sa robe bleue marine qui laissait apparaitre ses cuisses, tout en lâchant un timide "Merci."
Elle était mal à l'aise fasse à ces remarques insistantes. Pour ne pas laisser paraître sa gêne, elle plongea de nouveaux ses yeux dans le sombre paysage.
Des sapins ? Des sapins ! La panique s'emparât d'elle ! Elle venait de se rappeler qu'elle n'avait pas indiqué sa destination au conducteur qui l'avait prise en route ! "Mais que je suis bête !" marmonna t-elle.
L'homme la fixait intensément à présent, si bien que Julie se demanda comment celui-ci arrivait à suivre la route. Il lui sourit faussement: "Bah qu'est-ce qu'il y a ma petite dame ?"
"Amenez-moi à la ville la plus proche ! J'ai... Un truc à faire." conclue t-elle, comme pour s'en convaincre.
L'homme affichait un sourire en coin.
"Oh, mais on pourrait s'arrêter là pour..."
"Tout de suite !" hurla Julie prise de panique et de colère. Mais que lui avait-il prit de monter dans la voiture du premier venu ?
"Ça va ! Je plaisantais !" s'exclama le jeune homme en pouffant de rire.
"C'est qu'on en voit pas beaucoup des si jolies filles, le long des nationales à cette heure-ci !" répondit-il.
"L'heure ! Quelle heure est-il ?" se demanda Julie. Elle regarda la radio, toujours allumée. Un message défilait sur l'écran: "Charli XCX, BOOM CLAP, 20h34."
L'angoisse était revenue... La jeune femme se tordait les doigts dans tous les sens, morte d'inquiétude. Elle avait la gorge serrée et ne cessait de lancer des regards furtifs en direction de la fenêtre, espérant y voir apparaître une ribambelle de maisons et de cafés. Elle ne se sentait plus en sécurité nul part, elle avait si peur...
Elle en venait presque à regretter son petit ami, Billy.La voiture s'arrêta net. En face, un gros bâtiment gris et lugubre, se dessinait dans la nuit. D'après la pancarte en ruine, c'était une pompe à essence. "Scusez-moi ma petite dame, mais titine a besoin de se revigorer!" lâcha le blondinet en sortant de la voiture.
Enfin seule ! Julie n'en pouvait plus des remarques tordues de cet homme qu'elle connaissait à peine. Elle était à bout. "Encore quelques minutes, et je n'aurais plus jamais subir ses avances ignobles !" pensa t-elle, comme pour se rassurer. La demoiselle plaqua son front contre la vitre fraîche de la portière. Elle contemplait le sol à travers celle-ci pendant quelques instants. Elle avait si froid...
La chaleur de sa respiration rapide engendrait de la buée sur la vitre, si bien qu'on aurait dit un petit chiot haletant contre sa mère dans le but de se réchauffer. Les yeux toujours rivés vers le sol, au dehors, Julie se rendit compte d'un détail... L'homme, devant elle, qui était en train de s'énerver contre la borne à essence, portait des baskets noires... Cet homme... Cet homme n'était autre que le conducteur de la twingo, celui qui l'avait recueilli après sa course effrénée le long de la nationale, celui dont les remarques avaient agacées Julie ! Cet homme, celui-là même, portait des baskets noires.Lorsque l'inconnu remonta dans sa voiture, mit les clefs sur le contact et s'exclama: "C'est partit mon kiki!" Julie avait disparut.

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Me Tueras-tu ?
Short StoryLaissez-vous entrainer par cette nouvelle aux allures de thriller excentrique. Julie est une jeune femme ordinaire, quoique jolie, de 24 ans. Elle partage sa vie banale et monotone avec son petit ami, Billy. Oui, mais voilà: Cela fait une semaine qu...