Nous étions toutes réunies dans cette étrange forêt. La seule et unique source de lumière de cette nuit sombre et sans lune ni étoiles provenait du feu de camp autour duquel nous nous réchauffions. Les grands arbres maigres et secs projetaient d'inquiétantes ombres sur nos tentes. Nous nous racontions des histoires effrayantes, vraies pour certaine, de notre enfance à la lueur du feu et de nos lampes torches. Ce fut alors que ma meilleure amie s'adressa à moi, le sourire aux lèvres, nullement effrayée par ce que l'on relatait : « Dis-moi Gabrielle, tu n'aurais pas une histoire terrifiante à nous raconter ? Nous sommes à court d'inspiration ! »
Oui, bien sûr que j'en avais une, horrifiante à souhait mais malheureusement vraie et qui justifiait mon teint diaphane. J'en tremblais rien que d'y penser mais je me décidai à leur raconter malgré tout mon cauchemar éveillé, il était désormais à elles de choisir si elles y croyaient ou non.
« Si, je vais vous dévoiler la partie la plus sombre de mon enfance, horrible au point de m'en faire faire des cauchemars toutes les nuits depuis cinq ans », dis-je sur le ton de la confidence. La jeune fille à ma droite s'exclama, incrédule : « Cette histoire, s'est-elle réellement passée ? » J'acquiesçai et commençai mon récit.
J'avais environ une quinzaine d'années, nous venions tout juste d'emménager en Ecosse, sur la célèbre île de Skye. Mes parents avaient acheté un vieux manoir qui ressemblait plus à un château qu'à une maison avec ses murs en pierres grises abîmées par les saisons, la vieille bâtisse était située au bord d'une falaise qui donnait sur l'océan toujours agité. Le manoir était immense et majestueux mais il en émanait quelque chose de sombre et effrayant. Nous visitâmes notre nouvelle demeure. Il y avait beaucoup d'anciens meubles et miroirs crasseux, mais cela ne dérangeait pas mes parents qui aimaient ce style et étaient prêts à nettoyer la maison de fond en comble. Cette dernière était pleine de recoins sombres et poussiéreux. A chaque fois que je passais devant l'un d'eux, je m'attendais à voir en sortir une horde de rats faméliques. Il y régnait un froid glacial en ce mois de décembre. Nous avions déjà fait pratiquement le tour de la maison, il ne restait que le grenier à visiter et je n'avais pas encore trouvé dans quelle pièce je m'établirais. Seule, je montais à la minuscule échelle qui menait au grenier. Je fus vite surprise par l'allure de la pièce, elle était immense et un froid glacial y régnait. La seule source de chaleur était une petite cheminée placée dans un coin de la pièce. Je décidai malgré tout que cette pièce serait ma chambre et je m'y installais le soir même.
Le lendemain, il pleuvait de grosses gouttes glaciales alors, ne pouvant sortir, je décidais d'explorer cet immense grenier. J'allumai un petit feu dans la cheminée qui se trouvait à proximité de mon lit pour réchauffer la grande pièce. Je remarquai une armoire antique dans un coin de ma chambre mais qui avait l'air en bon état. En forçant légèrement, je réussis à l'ouvrir et y trouvait un unique objet ; un vieux journal recouvert de cuir usé. Je l'ouvris et feuilletai ses pages vides et jaunies par le temps, je n'y trouvai aucune écriture, seulement un nom, un dessin et une date ; Alistair MacConnor, 1683. Le dessin semblait dater mais il était étonnamment bien conservé, il représentait un magnifique jeune homme au visage fin, aux cheveux noirs et aux yeux verts. Il dégageait de lui une attitude hautaine et caractère machiavélique et froid. Le journal lui était très beau et il semblait en émaner une chaleur attirante dans la pièce glaciale. Il me plaisait énormément et je décidai de me l'approprier. J'écrivis mon nom ; Gabrielle Force, juste en dessous de celui déjà inscrit.
Le soir même, j'étais confortablement allongée dans mon lit, un livre entre les mains. Il était presque minuit, mes paupières s'étaient peu à peu alourdies et une agréable torpeur s'emparait de mes sens. Soudain, l'éclairage de la pièce vacilla pendant plusieurs secondes comme manipulées par une force occulte. Au bout de quelques instants, les lampes s'éteignirent complètement, laissant la pièce éclairée seulement par la faible et pâle lueur que reflétait la lune. Un souffle glacial entra dans le grenier et refroidit soudainement l'atmosphère de l'immense pièce. Un horrible frisson s'empara de moi, je posai mon livre et ramenai prestement mes genoux vers ma poitrine en tremblant. Je fermai les yeux comme pour effacer de ma mémoire l'affreux événement. Je restai plusieurs minutes dans cette position, trop effrayée pour bouger, des gouttes de sueur perlaient sur mon front et la peur me tordait les entrailles. Ma peur était renforcée par le fait que l'antique bâtisse était vide à l'exception de ma présence. Mes parents étaient partis rendre visite et passer la nuit chez une vieille tante qui habitait à plusieurs kilomètres de là. Le vent s'était levé et semblait annoncer un violent orage. Mes doutes furent confirmés lorsque qu'un terrible grondement résonna dans le manoir et fit trembler les murs malgré leur épaisseur. Ma solitude me terrifiait et j'étais paralysée par la peur, quelques gouttes de pluie tapèrent contre les carreaux, puis ce fut une centaine et des milliers. Une vive lumière bleuâtre traversa mes yeux toujours fermés, elle fut immédiatement suivie par un sonore grondement qui cacha quelques instants le bruit de la pluie. J'étais encore sur mon lit, le front posé sur mes genoux et, la pluie, aussi vite qu'elle avait commencé, s'arrêta soudainement. Seuls quelques grondements épars retentissaient de temps en temps, mais depuis quelques minutes, l'orage semblait s'être éloigné. Soudain, un très léger bruit se fit entendre qui brisa le fragile silence qui s'était instauré.
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Le Journal D'un Autre Siècle
VampireCette histoire est une nouvelle fantastique donc il n'y aura donc pas beaucoup de chapitre. Il n'y aura pas non plus de résumé parce l'histoire est tellement courte que ça servirait à rien. Merci de me donner de votre temps pour jetter un coup à mo...