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࣪ ִֶָ☾. 𝐓𝐇𝐄 𝐅𝐋𝐀𝐑𝐄𝐒 | 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐄𝐆𝐈𝐍𝐍𝐈𝐍𝐆
𝐎𝟏 | 𝐋𝐄 𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄𝐍𝐂𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓.
SIANA traça un nouveau trait, un de plus, sur le mur gris qui lui faisait face. Combien y en avait-il déjà ? Des dizaines, des centaines peut-être. Elle ne les comptait plus. Ce simple geste, devenu rituel, marquait le passage du temps dans cet endroit où les jours s'étiraient en une lente agonie silencieuse.
Elle ferma les yeux un instant, inspira profondément. L'air chargé d'humidité et de renfermé lui emplit les narines. Cette odeur stagnante, elle ne la remarquait presque plus ; elle avait fini par l'apprivoiser. La fraîcheur glacée qui régnait dans la pièce s'insinuait dans sa peau, jusque dans ses os, comme une seconde peau dont elle ne pouvait se défaire.
En rouvrant ses yeux en amande, d'un vert vif et profond, elle laissa son regard courir sur chaque recoin de sa cellule. Tout était figé, immobile. Les murs d'un gris sale, marqués par les années, suintaient de tristesse et d'abandon. Un petit lavabo, blanchi par le temps mais jauni par la crasse, trônait dans un angle. Il lui servait chaque matin pour se laver sommairement, dans une routine morne et déshumanisante. Juste au-dessus, un miroir fendu à plusieurs endroits reflétait son visage - ou du moins, ce qu'il en restait.
Chaque matin, elle s'y confrontait malgré elle. Elle y découvrait le même spectacle : des cernes violacés creusant son regard éteint, une pâleur presque maladive, et cette masse de cheveux bruns en désordre qui tombait en cascade autour de son visage ovale. Parfois, elle ne reconnaissait même plus les traits qui s'y dessinaient. Ce n'était plus elle. Juste une version déformée, abîmée par les jours passés entre ces murs.
Son regard glissa ensuite vers la chaise en bois brut, posée à l'opposé du lavabo. Une simple chaise en chêne, mais qui dégageait une présence sinistre. Le bois, craquant sous le poids du silence nocturne, semblait parler. Chaque nuit, ses gémissements réveillaient Siana, trempée de sueur, arrachée à un cauchemar récurrent dont elle ne parvenait jamais à se défaire. Elle y voyait une vieille femme au visage fripé, aux traits livides, la fixant de ses yeux morts. La créature s'approchait lentement, un rictus malsain aux lèvres, frôlant son visage du bout de ses doigts noueux. Cette vision la hantait au point qu'elle passait parfois des heures à observer la chaise, sans oser lui tourner le dos, convaincue que la sorcière en surgirait si elle baissait sa garde.
Enfin, elle posa les yeux sur ce qui lui servait de lit. Ou plutôt, sur ce vieux matelas éventré, aux ressorts saillants et à la teinte jaune douteuse. Trois ans. Cela faisait trois longues années qu'elle dormait là-dessus. L'odeur fétide qui s'en dégageait lui provoquait chaque soir une nausée tenace, l'empêchant de sombrer dans un sommeil réparateur. Mais elle s'était habituée. Comme à tout le reste.
Un grésillement soudain brisa le silence oppressant, tirant la jeune fille de ses pensées. Quelques instants plus tard, une voix grave, métallique, résonna dans toute la pièce.