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— J'vais te laisser mon gâteau risque de brûler, dit-elle le sourire aux lèvres avant d'enfiler ses gants de cuisine. Je ne peux pas me permettre de rater mon gâteau, c'est l'un des desserts préférés d'Azzedine. J'te fais de gros bisous, à plus tard après avoir raccroché elle déposa son cellulaire sur le plan de travail en quartz.
Il a intérêt à être content pensa-t-elle dans sa tête. Elle avait tout prévue : du petit cadeau annonçant à Azzedine qu'il allait incessamment sous peu devenir papa, au dîner aux chandelles. Depuis plusieurs années le couple essayait en vain de devenir parents, l'attente avait été longue, mais le résultat venait – enfin – d'être positif. Sihâm était enceinte de six semaines.
— Il faut que je rajoute du sucre elle suçota son doigt puis se dirigea vers le placard, mais la notification qu'elle reçue lui fit froncer les sourcils. Il... Il a encore pris le même chemin que la dernière fois elle laissa son téléphone portable s'écraser contre le sol, il ne peut pas me faire ça... Si ? Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, non finit-elle par répondre à sa propre question.
Sihâm n'avait aucune confiance en son mari. Si peu confiance en lui, qu'elle se sentit obligée de mettre un traceur dans la voiture de ce dernier. Ainsi elle suivait tous les faits et gestes de son conjoint, à n'importe quel moment de la journée. Son besoin de tout contrôler était sans limites.
Il en est capable pensa-t-elle pour la énième fois. Azzedine était un homme séduisant à la carrure imposante, son teint naturellement hâlé faisait ressortir ses deux iris bleutées. Son sourire de tombeur – en plus de tous ses attributs physiques – ne faisait qu'unanimité auprès de la gente féminine. Il le savait. Ses patientes pourraient en témoigner – Azzedine était un médecin à l'avenir très prometteur, cependant son cadre de travail était un sujet tabou dans son mariage. Sihâm le soupçonnait d'avoir une liaison avec l'une de ses patientes, et depuis quelques temps ses soupçons s'avéraient être vrais.
Sihâm voulait Azzedine pour elle toute seule, aucunes femmes ne devaient poser les yeux sur sa propriété.
— Si je n'peux pas t'avoir, alors, personne ne t'aura... murmura-t-elle avant de détacher ses cheveux. Il faut que j'en finisse.
En proie à la colère elle poussa violemment le gâteau qui reposait jusqu'à présent sur le présentoir, ce dernier s'écrasa avec fracas contre le frigo. Son monde venait de s'écrouler en une fraction de seconde.
Elle l'aimait plus que tout, Azzedine était son monde, son unique et premier amour.
