Le visage barré par une énorme cicatrice. La peau ravagé. Des yeux teintés de peur. Alexandre est laid. Il fait peur même. Quand il s'assoit dans le bus, personne ne s'assoit à côté de lui. Il fait ressentir l'effroi. On ne le regarde jamais dans les yeux. On ne veut pas l'approcher. C'est comme si cette balafre avait emporté loin de lui à la fois beauté et estime. On trouve qu'il est sympa, bien qu'un peu spécial, un peu trop renfermé, mais il n'est pas beau. Tout ça à cause de cette fichue cicatrice.
On devrait leur dire à quel point ils sont cons, les gens qui ne voient pas le beauté d'Alexandre. Ce n'est pas parce qu'elle est bien dissimulée qu'elle est inexistante. Qu'est-ce qu'il est beau Alexandre, et cette cicatrice en est la preuve.
Elle est la preuve de l'élévation de son âme. Une âme qui vole au-dessus du physique. Mais ne vous as-t-on jamais dit que les âmes étaient invisibles ? Voilà pourquoi personne ne sait pas à quel point Alexandre est beau.
Il marchait tranquillement dans la rue, rentrant chez lui. Arrivé à un coin de rue, il aperçut deux ombres se déplacer de manière menaçante. Un homme poussa une femme contre le mur et lui donna un violent coup. Alexandre, animé par une pulsion, se rua vers l'agresseur, le saisit par les épaules et le jeta par terre. Seulement l'agresseur se releva, et il avait un couteau. Il lutta du mieux qu'il put contre son assaillant. Il réussit à mettre la femme en sécurité, mais le prix fut cette cicatrice en zigzag sur ce visage où la jeunesse et le beauté irradiaient.
Elle est belle, la cicatrice d'Alexandre. Elle n'est que le stigmate de sa bonté.
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Morceaux de miroirs brisés
RandomLe miroir reflète-t-il réellement la beauté, ou n'est-il qu'un pâle menteur ? Où la laideur devient beauté et la beauté devient laideur. Tout se mélange. 3 textes, 3 histoires, 3 point de vue.