Lost Shadows [FR]

P*tain

Une seconde. Une minute. Une heure. Ce sont des unités temporelles. Le temps, c'est une définition de l'homme pour qu'il se rende compte à quel point sa vie est courte mais chiante.

«Un voyage ?
- Oui, à l'île Maui d'Hawaï, tu peux considérer cela comme ton prochain anniversaire en avance.
- Oh mon dieu ! Bande de fous ! Vous êtes les meilleurs parents du monde.»
C'était encore ce que pensais Erika il y a une douzaine d'heures plus tôt. Ses jambes la déchiraient, combien de temps allait-elle restée ainsi à tenter de rester à la surface ? De nombreuses fois déjà elle avait crié, hurlé, vociféré appelant des secours ou priant dieu dans toute sa bonté de la sauvé: sans grand succès. Au point que sa gorge allait cédée, elle aussi. Sûrement se demandait-elle si sa fin était venue, si le dieu qu'elle chérissait aller l'accueillir dans son paradis céleste. Qui sait ? Peut-être lui restait-il une place entre Amy Winehouse et John Lennon ? Mieux ne fallait-il pas trop espérer, ce serait un blasphème.
Plouf.
Elle était descendue trop bas, sous l'eau pour ceux qui ne l'avaient pas compris. Se débattant de ses bras et s'acharnant de ses jambes qui avaient cessé de lui obéir l'instant d'avant, elle parvint à regagner la surface. L'eau ne l'emportera peut-être pas aujourd'hui. De nouveau encore, elle se mise à hurler, citant des noms, elle voulait y croire. Elle vit un bois flottant arriver droit sur elle. «Nickel !» 2-1 pour l'homme. Elle s'agrippa comme si sa vie en dépendait, bien que c'était le cas. L'espace d'un instant elle ferma les yeux et se rappela les événements passés. Quand elle avait été dirigée solennellement vers sa cabine, lorsqu'elle endormie dedans et lorsqu'elle s'était réveillée dehors, attachée à une bouée à moitié gonflée. Avait-elle été laissée pour morte ? Dans ce cas qu'en était la cause ?
Franchement, elle s'en tapait. Le plus important : rester en vie. Ensuite on réfléchira à l'avenir et ces choses banales de la vie. Réouvrant les paupières en sursaut lorsqu'un poisson passa entre ces jambes. Non qu'elle soit du genre peureuse, elle avait juste été surprise. L'eau apaisant ses douleurs d'autrefois, cela lui paraissait déjà loin. Une question restait en suspens dans son esprit : «Comment deux minutes de noyade peuvent se transformer en deux heures interminables ?». Trop fatiguée pour y répondre elle referma les yeux et lorsqu'elle fût réveillée, la cause en fût le sable, sous un courant d'air, qui caressait ses joues. Sauvée. Remerciant dieu et allant jusqu'à copuler, au troisième degré, avec le sable par joie.
«Loin de là l'idée de vous importuner ma chère madame mais avez-vous, également, été "rejetée" du bateau ? Déclara une voix fine et aigu dans le dos de la rescapée.
- Que voulez-vous dire par "rejetée" ? S'impatienta-t-elle de demander sans trop se soucier du fait incroyable de croiser une personne sur une île inconnue où elle venait d'atterrir.
- Nous ne savons pas nous mêmes. »
Comme s'il avait deviné les pensées secrètes d'Erika, l'homme lui montra le chemin vers le "nous". De légères mimiques, des airs à la Emmanuel Moire, et de trop grosses lunettes rondes sur un trop petit nez surmonté d'iris aux couleurs émeraude. Le nous représentait une petite compagnie de gens entre 17ans et 44ans, hommes et femmes. Certains avait l'air d'être là depuis trop longtemps pour connaître Windows 10.
«Que faisons-nous ici ?» dit une jeune au physique auquel mère nature aurait décrit comme un iguane ou une bestiole dans le genre, cependant son visage ornait quelque chose d'amical, de chaleureux en quelques sortes.
Celle-ci venait de lancer un froid dans la salle de sable. L'homme le plus vieux s'avança, aspirant un doyen parlant à sa tribu d'hommes fétiches.
«Je vais vous raconter, vous dire ce qu'ils nous veulent.» Il haletait mais ces mots étaient compréhensibles.
Nous avons appris que ces gens nous chasse, nous ne savons pas qui ils sont, ni ce qu'ils sont car une chose était sûre : «Ils ne sont pas humains.»