Mon Père (01)

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" EH GROGNASSE ! J'VEUX D'LA VODKA !!! ALORS MAGNE-TOI L'CUL !!! "
Voilà. Mon père. Cette phrase résume assez bien sa situation. Une existence passée à picoler toute la journée, en utilisant sa fille comme esclave.
Il reste assis dans son vieux canapé grisâtre, imbibé d'une odeur insupportable, un mélange de cigarette et autres poisons qui se fument , d'odeurs corporelles et de nourriture en putréfaction, immiscée dans les creux.
Et mon père est là, lourdement affalé sur son ami puant, pourtant moins dégoûtant que lui.
Il porte le même caleçon blanc depuis bientôt deux semaines, c'est d'ailleurs, le seul bout de tissu qu'il a sur lui. Devant la télévision, presque nu, il laisse voir un énorme ventre jonché de plusieurs imposants amas de graisse, ceux-ci, surmontés de poils noirs, bouclés, dominant la surface, des pectoraux au bas ventre et des cuisses aux chevilles. Répugnant. Sans oublier ses pieds, grands et larges, munis d'ongles jaunâtres cassés par endroit dont l'odeur picote violemment mes narines. Écoeurant. Et son haleine, la pire chose qu'un homme pourrait sentir. Horrifiant.

Je descendis les escaliers, et me dirigeai vers la porte d'entrée. J'avançai vers la commode, située juste à côté de la sortie, mais... Il n'y avait plus d'argent dans le petit saladier à monnaie. Malheur. Cela voulait dire que je devais aller lui en demander, sans savoir s'il n'en profiterait pas pour passer sa colère sur moi.
J'étais immobile. Terrifiée à l'idée de devoir l'approcher, lui parler, sentir son regard sur moi, mais surtout, pétrifiée en sachant que le risque de me prendre des coups était imminent.

Debout dans le couloir, je le regardais. Il était dos à moi, face à la télé. Cet homme... m'est devenu totalement inconnu. Cet homme avec lequel ma vie était tellement lumineuse autrefois est devenu un être sombre dépourvu de sentiments. Mon père que j'aimais tant a définitivement disparu. Tout ce qui me reste est un homme violent, insensible, alcoolique et repoussant. Souffrant sûrement du manque de sa femme.
Ma mère...Une femme qui emplissait mon coeur de joie, nous a quitté trop tôt. Beaucoup trop tôt. Cela fait six mois qu'elle est partie, laissant dernière elle deux vies dévastées par son départ. C'est environ deux semaines après son décès que mon père a sombré de plus en plus profondément dans l'alcoolémie et l'isolement.
Et il y a trois mois, il m'a entraînée avec lui. Pas du tout au niveau de la boisson, c'est pire que ça. Ce qu'il m'oblige à faire est inconcevable pour la morale, interdit par la loi et proscrit par la société. Ce que je suis contrainte de faire sert pourtant à payer certaines factures puisque la majeure partie de l'argent qu'il touche grâce au chômage est dépensé dans l'alcool et les cigarettes. Je n'ai pas le choix, si je ne le fais pas, il me frappera, et de toutes ses forces, jusqu'à ce que je perde connaissance, pour me faire comprendre que je suis coincée et que c'est une obligation.

-OH !!! QU'EST-CE
QUE TU FOUS ?! T'ATTENDS LE DÉLUGE ?!?! BOUGE-TOI GROGNASSE ! Me cria-t-il

-M-Mais..Il..Il n'y a plus d'argent dans le saladier. Lui dis-je, stoïque d'effroi.

-Viens là, je vais te donner ce qu'il faut...Me répondit-il, presque en murmurant.

Je fis quelques pas, silencieux, craintifs. Je sentais mon coeur battre à la chamade, son ton de voix était trop calme, anormal, j'avais peur.

Luxure et SentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant