Saphir

Chapitre3

Je m'empressais de prendre les vêtements et de me changer. Ils étaient imprégnés de l'odeur de leur meute. Une odeur totalement inconnue pour moi et désagréable. Je savais que l'homme derrière la porte n'était pas parti, je l'entendais tourner en rond en m'attendant. Cela devait fortement l'agacer qu'on lui demande de s'occuper de moi. Je me dirigeais donc vers la porte et l'ouvrit. Il me détailla d'un regard froid et distant, presque sauvage, puis me fis signe de le suivre. J'aurai pu partir en courant à ce moment-là pour tenter de trouver une sortie et fuir. Mais une lueur dans son regard m'en dissuada, et je sus qu'il valait mieux pour moi de lui obéir et d'éviter tout combat avec lui. Je le trouve malgré tout très intrigant. Il est plus grand que moi et dégage une aura puissante qui pousse surement les gens autour de lui à lui témoigner du respect. Même si jusque maintenant il n'a témoigné aucune chaleur envers moi, voir même plus de l'agacement, il ne paraissait pas spécialement méchant, mais plutôt mystérieux et refermé sur lui-même. Ses cheveux noirs en pagailles tombaient négligemment sur sa nuque et cachaient ses yeux gris, ressemblant à des nuages avant une tempête. Intrigant, et flippant. Il dut sentir mon regard dans son dos, car il tourna légèrement la tête pour me lancer un regard froid qui me glaça le sang. Nous arrivâmes devant deux grandes portes en bois, menant surement au bureau de l'Alpha.

_ Surtout ne parle pas sans que l'on t'y autorise et à ta place j'éviterai de montrer la moindre hostilité car notre Gamma est un peu sur les nerfs, me dit-il d'une voix grave et sérieuse.

Il ouvrit la porte et me fit signe de passer devant lui. J'entrais dans un grand bureau spacieux et bien aménagé. Tout semblait très moderne et High-tech. Un homme en costard était assis derrière le bureau occupé à parler avec une femme. Quand ils me virent ils s'arrêtèrent et m'examinèrent. Je me sentais comme scanné aux rayons X. La porte se referma, me laissant seule dans cette pièce avec ces trois autres loups. Je me sentais comme la proie d'animaux sauvages affamés. L'homme se leva et avança vers moi en me tendant la main.

_ Je crois que nous sommes partis sur de mauvaises bases, nous tous. Je me présente, je suis Mike, chef de la meute Rubis. Et le garçon qui vous a accompagné jusqu'ici est mon fils, Gabriel.

Je serais la main qu'il me tendait par pur politesse, afin de ne pas l'offenser.

_ Je sais déjà qui vous êtes et justement ça m'arrange. Votre père n'a pas été capable de trouver un arrangement et n'a pas été très raisonnable. Je suppose que vous êtes au courant que les ressources de notre territoire deviennent de plus en plus faibles et nous poussent a en chercher de nouvelles pour le bien de la meute. Or votre père refuse obstinément de partager vos ressources.

Je poussais un léger grognement instinctif en entendant le dédain dans sa voix quand il parlait de mon père. Quel affreux personnage, il nous attaque et accuse mon père ensuite. Il me lança un regard noir qui stoppa net mes grognements et je vis de coin de l'œil l'agacement et l'impatience sur le visage de la femme a côté de lui.

_ La malheureuse petite bagarre d'aujourd'hui n'était rien et n'était que pour la forme, reprit-il, personne n'a été gravement blessé. Et il est normal pour nous de faire des rapports de forces de temps à autres. Il ne faut pas donc voir cela comme une agression. Il faut comprendre aussi notre point de vue, nous sommes dans l'urgence et nous devons nous faire entendre. Je suis désolé si pour cela il a fallu que nous vous enlevions mais cela nous a paru être la meilleure solution. Votre père est très têtu. Je vous le dis donc à vous. Je voudrais créer une alliance entre nos deux meutes afin de partager les territoires dans une bonne entente.

Il laissa le temps a ses mots de faire leur effet. Certes une alliance paraissait être une idée pas trop mauvaise même si nous n'étions pas réellement gagnant au final. Ils convoitent notre territoire, mais nous n'avons besoin de rien.

Comme s'il avait entendu mes pensées, Mike répondis:

_ Votre meute est certes grande mais composé de beaucoup de jeunes et de femmes malheureusement pas très inaptes au combat. Et nous savons tous que nous sommes jamais a l'abri de confrontation avec les meutes extérieurs. Nous sommes moins nombreux mais plus expérimentés et fort. Nous pourrions vous défendre en cas de crise et former vos jeunes.

Je savais très bien qu'il touchait le point sensible de notre meute. Nous sommes beaucoup trop pacifistes et c'est ce que notre Gamma ne cesse de répéter.

_ Donc pour conclure, ce que je propose, c'est un mariage. Une union entre vous et Gabriel.

Je mis un temps avant de comprendre ce qu'il venait de me proposer. Et lâchait un cri de surprise. Je me tournais vers Gabriel qui regardait son père avec incompréhension et une surprise non feinte sur son visage. Apparemment je n'étais pas la seule à être étonnée.

_ Excusez-moi, vous savez que nous ne sommes plus au moyen âge rassurez moi, répliquais je. Il y a bien d'autres moyens de faire une union que comme ça!

_ Certes mais celle-ci ne pourra être rompu. Elle est donc la plus sûr.

Il avait raison. Quand deux loups s'unissent chez nous, c'est pour la vie et il est impossible pour les conjoints d'aller voir ailleurs. C'est pour cela qu'en général c'est fait après mûre réflexion et un bon moment de vie commune. Et surtout, on fait toujours en sorte que l'amour soit présent chez les deux personnes concernées. Or je ne me voyais actuellement pas vivre le reste de ma vie avec cet inconnu froid en face de moi. C'est vraiment complètement stupide comme proposition, on se croirait dans un vieux livre pour adolescentes prépubères.

_ Vous savez bien tout ce que cela implique. Vous voulez que votre fils vive sa vie avec un parfaite inconnue. Vous seriez prêt à lui faire subir ça?

Je vis du coin de l'œil Gabriel me lancer un regard sarcastique. Il savait très bien que je disais plus ça pour moi que pour lui. Mais nous savions aussi tous les deux que ce n'est pas ce que nous voulons pour notre avenir. Je trouvais cela étonnant qu'il n'ait même pas encore cherché a se défendre auprès de son père. Il restait passif, appuyé nonchalamment contre le mur, les bras croisés, à suivre notre débat. Comme si il remettait son avenir entre nos mains. Je trouvais cela étrange de sa part et cela me laissa perplexe.

_ Ecoutez, repris l'Alpha d'une beaucoup plus dur et froide sans appel, c'est soit cela soit je déclare une guerre et vous chasse de votre territoire. Je ne supporte pas que l'on me tienne tête et j'obtiens toujours ce que je veux.

Son regard se fit dur et je compris tout de suite qu'il ne rigolait pas et que je me trouvais en danger en étant dans la même pièce que lui. Je sentis un malaise au fond de moi et toute mon envie de lui tenir tête et de résister s'envola. Gabriel, derrière moi, du sentir que mon esprit combatif se trouvait faiblit car je l'entendis sortir en claquant fortement la porte. De colère? Je ne saurais le dire... mais actuellement j'étais la première a être frustrée et en colère. Je ne souhaitais qu'une chose m'enfuir en courant le plus loin possible et me blottir dans les bras d'Antoine... D'ailleurs comment allait-il? Lui et les autres? Ma maison me manque...