Chapitre 7

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Je me réveille tôt le lendemain matin, prête à retourner au travail. Je n'ai presque pas dormi de la nuit mais il fallait que je me lève, j'ai beaucoup trop de travail aujourd'hui.

J'entre dans la salle de travail, en m'attendant à voir Tyrell, mais il n'est pas là. Je commence à m'inquiéter, car il est rarement en retard. Peut-être aussi qu'il a besoin de temps pour se remettre de la journée d'hier. Dans tous les cas ce n'est plus mon problème, il m'a bien fait comprendre que c'était sa vie privé et que je n'avais pas à m'en mêler.

Ce n'est qu'une heure après qu'il entre dans la salle, les yeux rouges et les cernes prononcés. Il a l'air fatigué et épuisé, ce qui me confirme qu'il a dû passer une nuit difficile. Je ne prend pas la peine de l'observer plus longtemps que je me concentre sur le dossier du jour.

_ Bonjour mademoiselle Michaels !

Je lui répond d'un signe de tête. Je n'ai pas la bonne foi de lui répondre, c'était soit lui faire ce signe de tête soit l'ignorer complètement dans les deux cas il le méritait.

Nous passons la journée à travailler ensemble sur plusieurs projets, mais il est clair que Tyrell n'est pas concentré. Il semble distrait et préoccupé. Je profites de sa distraction pour le regarder sans qu'il s'en rende compte. C'est la première fois que je prends la peine de bien le regarder.

Tyrell était grand et athlétique, avec des épaules larges et des bras musclés. Sa peau était d'un marron chaud, comme une barre de chocolat fondu, et ses cheveux noirs étaient coupés courts dans un beau dégradé. Ses yeux étaient d'un brun profond, et ils semblaient parfois refléter sa douleur intérieure.

Il essaye de se concentrer autant qu'il peut pour finir son travail d'aujourd'hui. En tant normal il le fait très rapidement et prend même de l'avance. J'ai toujours été fasciné par la concentration qu'il mettait dans son travail. Son visage était toujours fermé, mais parfois un sourire timide illuminait son visage à chaque fois qu'il avait une brillante idée.

Ses muscles se tendaient sous sa chemise quand il bougeait, et il se mordait la lèvre inférieure quand il était concentré sur quelque chose. j'avait aussi remarqué qu'il avait une petite cicatrice sous l'œil, qui semblait ajouter une touche de caractère à son visage.

Il est beau, même charmant mais le tout disparaît sous son caractère distant et désagréable.

J'aurai voulu l'aider mais s'il ne veut pas d'aide, je ne vais pas insister. C'est son choix et je dois respecter sa décision. Je vais simplement continuer à travailler avec lui et à faire de mon mieux pour être professionnelle et efficace.

                             ***

                          Tyrell

Je suis dans le bureau, les yeux fixés sur l'écran de mon ordinateur, mais mon esprit est ailleurs. Je ne peux pas m'empêcher de penser à la crise d'angoisse que j'ai eu la veille.

J'avais l'impression d'étouffer, comme si tout le poids du monde était sur mes épaules. Les pensées tournaient dans ma tête comme une tempête, et je n'avais pas réussi à les faire taire. J'avais essayé de respirer profondément, comme ma mère me l'avait appris, mais cela n'avait rien changé.

C'est alors que Fafa est revenue dans la pièce et qu'elle m'avait trouvé en train de trembler. J'ai honte de l'avoir laissée me voir ainsi, mais elle avait été si douce. Elle n'avait pas fait grand chose mais avait simplement été là, à mes côtés, sans rien dire. J'avais l'impression que personne ne m'avais jamais traité avec autant de patience auparavant.

Mais maintenant, je me rend compte que j'ai été désagréable avec elle et je ne peux pas expliquer pourquoi. J'ai peur qu'elle me voie comme faible, ou qu'elle me prenne en pitié. Je ne veux pas qu'elle me voie comme ça. Je veux qu'elle me respecte, qu'elle me considère comme son patron et pas son égal. Mais là je ne peux pas m'empêcher de me sentir vulnérable en sa présence.

Mes parents n'était pas les plus riches de mon quartier, mais ils ont tout fait pour me donner la meilleure des éducations, même si je ne le montre pas souvent. Ma mère avait toujours cru en moi, elle avait toujours vu mon potentiel. Elle m'avait encouragé à travailler dur à l'école, à me concentrer mes études et uniquement sur ça. Et j'avais réussi. J'avais obtenu une bourse pour une grande université, où j'avais étudié le marketing et la finance. J'ai toujours persévéré, et j'ai réussi à obtenir un poste important dans une grande entreprise en gravissant rapidement les échelons.

Cependant, malgré mon succès professionnel, je me sens souvent vide à l'intérieur. J'ai toujours l'impression que quelque chose ne va pas, comme si je n'étais jamais assez bon, comme si je ne méritais pas tout ce que j'avais accompli. J'ai appris à cacher cette insécurité derrière une façade d'assurance et de confiance en moi.

Lorsque Fafa m'a découvert dans cet état, j'ai senti un mélange de honte et de soulagement. Honte, parce que ça me tue de montrer mes faiblesses devant les autres, et soulagement, parce j'ai besoin d'aide. Fafa a été formidable,
mais je sais qu'elle ne comprendrait pas tout à fait ce que je ressens. Donc je l'ai rejeté de la pire manière qu'il soit mais hier je l'ai poussé à bout et elle m'a jeté en pleine figure tout ce qu'elle pensait de moi. Et même si ça me fait mal de l'avouer ça m'a beaucoup touché.

Je suis tiré de mes pensées par Fafa qui m'appelle pour discuter de notre projet en cours. Je me concentre sur ce qu'elle dit, faisant de mon mieux pour répondre de manière professionnelle et précise. Mais je ne peux pas m'empêcher de remarquer la façon dont elle me regarde. Comme si elle essayait de lire à travers moi.

J'ai remarqué qu'elle avait jeté un coup d'œil dans ma direction tout à l'heure, mais elle a rapidement détourné le regard quand nos yeux se sont croisés.

Je ne sais pas comment régler cette situation, mais je dois faire quelque chose, sinon monsieur Dupont sera en colère. Et je ne veux pas non plus que Fafa perde sa place à cause de moi. Peut-être que la solution était simplement de parler avec elle.

Nous avons fini plus tard que d'habitude aujourd'hui, sûrement à cause de moi. Fafa est entrain de ranger ses affaires.

_ Vous voudriez prendre un verre avec moi ce soir?

Fafa est surprise par cette proposition audacieuse, je la sens hésiter un moment avant de répondre

_ Je ne pense pas que ça soit une bonne idée.

_ Je comprend tout à fait vos préoccupations mais je veux qu'on se crée un environnement de travail plus sain.

_ J'ai déjà essayé pour ma part.

Je ne réponds pas à sa provocation, mais je n'ai pas envie de la forcer aussi.

_ Si vous changez d'avis, voici l'adresse de l'endroit où je vais. Rejoignez moi là-bas et nous pourrons discuter tranquillement. Pas de pression.

Elle prend note de l'adresse et quitte le bureau. J'espère qu'elle prendra le temps de réfléchir à mon invitation et qu'elle se présentera. Je veux bien faire des efforts mais je sais que si elle me pose un lapin je le prendrai personnellement.

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Des Sentiments InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant