Chapitre 1

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Cinq mois étaient passés depuis. Et ce jour-là, il faisait beau.

– Je ne comprends pas le rapport avec moi, s'énerva Liselotte en tapant son talon contre le pied du canapé.

– C'est un événement important à Londres, enfin ! Tu dois t'y montrer, c'est normal. Tu te rends compte du nombre de personnes qui seront présentes ?

– Mais je ne comprends pas le rapport avec moi, répéta-t-elle. Je ne suis pas réputée pour ma magie, que je sache !

Agacée, elle se leva et fit quelques pas dans la pièce. Logée dans une petite auberge du chemin de Traverse depuis la veille, elle n'était pas très à l'aise. Depuis quelques temps, elle limitait au strict minimum ses apparitions publiques. Signer son nom dans des livres qu'elle n'avait même pas lu – les romances, ce n'était pas vraiment son truc – la rendait de plus en plus mal à l'aise. À chaque fois, elle devait garder auprès d'elle la véritable auteure des romans, une femme étrange et un peu perchée du nom de Cornelia Burnette, or sa présence lui était tout-à-fait désagréable. Liselotte était d'ailleurs persuadée qu'elle la haïssait profondément.

Pourtant, cette fois-ci, impossible pour la jeune chanteuse d'éviter l'événement qui agitait tout Londres. Liselotte, elle, y était plutôt hermétique.

– On se fiche de tes talents de sorcière, protesta Ludwig avec cette façon qui était la sienne de claquer la langue sur chaque syllabe. Ce qui compte, c'est qu'on te voit. Tu fais quelques photos, tu serres la main du gagnant et tu lui offres ton prochain livre en exclusivité ! Ce n'est pas difficile.

Elle jeta un regard en biais à l'ouvrage posé sur sa table basse, « Un Animagus de trop », dont elle trouvait le titre particulièrement racoleur. Elle soupçonnait l'auteure de n'avoir commencé à écrire des histoires carrément érotiques – et si c'était le cas, elle préférait encore ne pas avoir à les lire.

Se rasseyant sur le canapé qu'elle venait juste de quitter, Liselotte se servit un thé du bout de sa baguette. Un froncement de sourcils vint marquer son visage d'une beauté quasi parfaite.

– Il n'empêche que je n'ai rien à voir avec ce tournoi stupide de duels ! Qu'est-ce qu'ils ont, tous ces Anglais, à se faire la compétition constamment ?

– Ne le prends pas comme ça. Cette année, c'est exceptionnel, même les élèves de Poudlard sont conviés à y participer. Le directeur Bumblebee ne vient pas mais il y aurait le sous-directeur Bradbury, il faut absolument que tu le rencontres.

– Et pourquoi ça ? s'étonna-t-elle en goûtant le thé du bout des lèvres.

– Imagine la publicité ! Tu as plein de fans parmi ses élèves, ils seront ravis de voir que tu t'intéresses à leur école.

Liselotte soupira. Elle n'était pas allée à Poudlard, elle ne connaissait pas bien cet établissement et ne partageait pas du tout l'enthousiasme de son agent sur ce qui s'y passait. Fulbert était allé à Serpentard, et il s'en vantait constamment, sauf que la jeune femme ne comprenait toujours pas à quoi cette maison correspondait.

– Et c'est tout ce que je dois faire ?

– Quasiment ! Tu as juste une séance de dédicaces programmée demain, la veille du début du tournoi, et après tu n'auras presque rien à faire jusqu'à la fin ! Je n'ai pas été trop méchant avec toi, si ?

Liselotte sourit, bien qu'agacée. Même si elle s'évertuait à critiquer toutes ses idées, elle ne pouvait pas lui refuser grand chose. Après des années passées dans la lumière, Ludwig, qui était plus jeune qu'elle d'une bonne dizaine d'années, était plus ou moins son unique ami. Il était en tout cas le seul et unique contact régulier qu'elle avait depuis le départ en Afrique de sa mère, l'année d'avant. Même en passant son temps à lui en faire voir des vertes et des pas mûres, il était toujours là à s'occuper d'elle. D'un père moldu, il en avait d'ailleurs hérité des capacités amusantes et souvent très utiles – comme de savoir cuisiner à la mains, par exemple, ce qui faisait que dîner chez lui était toujours un régal.

Snowbell LullabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant