Magia

Prologue

- Non! Ca ne peut plus durer! Il faut que tu te trouves un vrai travail.

- Mais c'est un vrai travail! Il me faut du temps pour écrire mes romans.

- Arrête avec ça! Personne ne lit tes romans, et ce n'est pas avec ton salaire qu'on peut manger tous les jours.

Nathanaël posa son regard blessé sur Julie mais la jeune femme ne semblait pas remarquer son mal-être, trop absorbée par sa colère. Finalement, elle attrapa les clefs posées négligemment sur la table et décocha un dernier regard assassin en direction de l'homme avec qui elle vivait depuis trois ans. 

- Je m'en vais. Je passerai récupérer mes affaires plus tard. 

L'écrivain n'eut pas même pas l temps d'ouvrir la bouche que Julie avait déjà claquée la porte de l'appartement. Il se retrouva seul dans le silence, son dernier roman posé sur la table. Il resta quelques minutes sans savoir quoi faire puis il se décida enfin à consulter les derniers messages de sa boîte de réception. L'un de ses contacts lui avait envoyé la dernière critique qu'un journal littéraire avait rédigé sur son oeuvre : "Vu et revu. Manque total d'originalité. Condamné à l'oubli."

Nathanaël soupira longuement et passa nerveusement sa main dans ses cheveux châtain clair. Depuis quelques temps, il avait l'impression que la précaire fragilité de sa vie volait en éclats. 

Maintenant que Julie n'était plus là, et avec la très faible popularité de son oeuvre littéraire, il ne savait plus comment subvenir à ses besoins. Lui qui n'avait jamais entrepris d'études, pensant pouvoir percer dans le monde de l'écriture, se retrouvait sans diplômes, et sans expériences professionnelles alors qu'il venait tout juste d'avoir vingt-sept ans. 

Alors qu'il se levait et s'approchait distraitement de la fenêtre, songeant que sa vie lui paraissait bien monotone, il aperçut au dessus des toits de tuiles grises une créature au pelage blanc, qui ressemblait étrangement à un chien, flotter quelques mètres au dessus des cheminées. 

L'écrivain cligna plusieurs fois des yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas, mais en quelques secondes l'extraordinaire apparition s'était volatilisée.