Prologue

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Je marchais dans cette obscure pénombre, sans rien pour m'éclairer. Ni soleil, ni lune, ni étoiles. Où suis-je? Comment suis-je arriver ici? Des tas de questions sans réponses trottaient dans ma tête tandis que j'errais sans but dans ce sombre enfer.

Je suis incapable de me souvenir de quoi que ce soit. Je ne me rappelle même plus de mon prénom! Mes cinq sens sont également perdus ; je ne vois rien, je ne sens rien, mes mains ne touchent que le vide, et je n'entends rien -si ce n'est le son de ma voix et mon souffle haletant se perdant dans l'air-.

- "Il y a quelqu'un ?!" criai-je désespérément.

J'eus pour seule réponse l'écho de ma voix dans ce vide troublant. Et pourtant, j'avançais sur les ténèbres du sol, à la recherche du moindre éclat de lumière que je convoitais tant.

Soudain, mon épaule heurta quelque chose. Surprise, mon regard se posa instinctivement vers le bas.

Une clef.

Une clef était tombée de nul part. Cependant... je m'aperçus très vite que ce n'en n'étais pas une comme les autres :

Elle était assez grande. Son bout arrondit était entouré de plusieurs demi-cercles collés entre eux.

Mise à part sa forme, il y avait plus étrange encore; Elle projetait une lumière verte. D'où venait-elle? La lueur rayonnait à travers toute la clef si bien qu'on aurait dit que cette lumière avait servit d'élément pour sa fabrication. Grâce à cet éclat, je pouvais maintenant distinguer mon environnement ;

A ma gauche, une rangée de sapins, et d'arbres en tout genres. En face de moi, les mêmes arbres, et de grosses pierres. J'étais donc dans une forêt. Et j'étais perdue. Mon attention se posa alors sur un filet de lumière verte qui serpentait entre deux sapins à droite. La même lumière que celle de la clef. La porte que celle-ci devait sans doute ouvrir devais être là bas. Je me faufila entre les arbres en direction de l'éclat vert.

Après un moment de marche sur ce sol de pierres et de terre, se plaquant par-ci par-là entre deux arbres, à ma grande surprise, je trouvais enfin.. un tableau, et non une porte.

Celui-ci était soigneusement posé sur un chevalet. Je m'en approcha et pu alors voir de plus près la peinture. Il était simplement représenté une forêt.

Mais.. Au milieu du tableau, au centre.. C'était moi. J'étais représentée de face dans cette forêt, de la tête aux pieds, tenant une clef verte dans la main.

Soudain, le papier sur lequel j'étais représentée s'envola du châssis dans un petit bruit de page qui se tourne, et partit dans l'obscurité comme une comète dans la nuit. A sa place, il y avait la même peinture. Enfin, c'est ce que je crus d'abord.

N'était-ce qu'une illusion? La peinture effectivement, ressemblait énormément à la première mais.. Elle me donnait l'impression que moi, enfin que la personne peinte, s'était rapprochée. Puis en m'approchant suffisamment du chef-d'œuvre, je pouvais voir que la vitré blanche (la partie blanche de l'œil) de mes yeux paraissait sombre ainsi que mon iris habituellement marron laissait passer de vifs traits blancs.

La peinture s'envola dans un air inexistant comme la première, laissant place a une troisième représentation.

Cette fois, on ne voyait carrément plus mes pieds. Mais ce n'était pas tout ;

Ce fut ce que bizarrement je vis dans un premier temps : la clef dans le tableau semblait projeter une lumière moins forte qu'avant.

Et puis.. Mon souffle s'arrêta un cours instant sous le choc.

Ce n'était pas comme la première peinture. Mon œil maintenant me parut être celui du diable en personne. Et s'il ne lui appartenait pas, ce serait celui d'un vampire ou d'un loup-garou.

L'iris aussi blanc qu'une page sans écriture. Un blanc sans vie. La vitré non pas sombre, mais noire. Plus que cette forêt sans issue, on aurait dit un grand vide abritant la mort et la haine.

Une page se tourna, puis une autre, et encore une.. les yeux démoniaque, la personne se rapprochait. Le teint blanc et pâle, de même que les cheveux aussi vide que l'iris de ses yeux. Je voulus fuir loin de cet effrayant tableau mais je ne pus bouger. C'était comme si mes pieds étaient restés fixés au sol. Les feuilles se succédèrent encore, plus horribles les unes que les autres, jusqu'à ce que je me retrouve en tête a tête avec la terrifiante femme.

Je ne me reconnaissais plus, cette personne n'étais pas moi, c'était un démone.

Mon cœur battait de plus en plus vite tandis que la personne semblait me regarder en face de ses yeux sombres et terribles, un grand sourire sur le visage. Soudain, une main froide, glaciale, se posa sur mon épaule droite d'un coup sec. La main de la démone. Celle-ci venait à l'instant de.... de sortir un bras de la peinture.

Quoi ?! Je voulus crier, mais j'étais si paralysée par la peur et l'effroi qu'aucun bruit ne sortit de ma bouche. Des ombres sortirent du sol en dessous de mes pieds et se plaquèrent sur moi, m'empêchant de faire le moindre mouvement. Je me débattais durement contre ces ténèbres, paniquée, ne sachant que faire. "Je dois partir d'ici." me souffla une voix dans ma tête. Désormais, peut importe comment je suis venu, ni même d'où vient ce tableau, je devais fuir. C'était ma seule pensée.

Une autre main aussi froide que la première se posa sur mon épaule gauche. A présent, la démone sortit le visage et le torse du tableau. Des ombres sortaient en masse autour de celui-ci si bien que je ne pouvais plus voir le chevalet, la clef avait perdu toute lumière sans que je m'en aperçoive tant j'étais choquée par le spectacle qui se produisait juste devant, non, sur  moi..

Je ne pouvais rien faire.

Le monstre recula et rentra progressivement son torse dans le tableau en m'attirant vers lui, donc vers le tableau. Les ombres sur moi m'y poussèrent comme un vent violent qui pousse une feuille dans une tornade. Fatiguée de luter, désespérée, je laissa tomber la clef qui fut aussitôt aspirée dans les ténèbres du tableau. Dans quelques secondes, j'irai.. où? En enfer ? La où ce démon veut que j'aille. Je ne pouvais plus rien voir si ce n'est l'obscurité du désespoir. Mes souvenirs, mes proches, tout me revint en tête subitement en une seconde. Mais.. Je n'étais plus rien.

- Rejoins moi.. Laisse moi, prendre le contrôle de toi.." résonna une voix sombre dans ma tête.

-Non... murmurais-je malgré les ombres me serrant le cou. Non.. Je ne veux pas.. je ne veux pas...

..Mourir maintenant..

Je fus absorbée dans le tableau.

J'ouvrais les yeux en sursaut et sautais du lit, en larmes, apeurée, tremblante de tout mon corps. Je n'étais plus dans la forêt, mais dans ma chambre, il n'y avait plus de tableau, plus de démon, plus de clef.. J'étais vivante. Ce n'étais qu'un rêve.


Voilà, c'est ce qu'il s'est passée il y a 3 ans maintenant.. Je n'ai plus jamais refais ce cauchemar. Ce qu'il s'est passé ensuite ? Et bien, il me semblait entendre la voix du démon me parler à mon réveil, mais la peur en maître de mon corps, je ne faisais plus attention à rien.

Je pourrais oublier ce cauchemar, 3 ans après, ne plus y penser. Mais pourtant, jamais, jamais je n'ai fais de rêve avec un réalisme pareil, et sans doute personne dans le monde. Si bien qu'il m'arriva de me demander si ce n'était vraiment qu'un cauchemar.

Les semaines suivantes, moi qui étais habituellement solitaire, réservée, je commençais à m'ouvrir au monde, aux autres, à profiter de la vie.

En réalité.. je ne veux plus jamais goûter à la mort.

Tales Of MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant