Chapter 5

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Les cliquetis de l'horloge qui indiquait dix-huit heures trente, des portes qui claquaient dans les couloirs, des pas, sûrement ceux des gardiens ou employés, et enfin l'infirmière qui tapait sur son bureau avec le bout de son stylo. C'est tous les bruits de fond que j'entendais mais je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose que l'homme en face de moi. J'étais à l'infirmerie depuis au moins dix minutes et le patient ne s'était toujours pas réveillé. J'avais du, limite, me battre avec le gardien pour qu'il me laisse l'emmener, il voulait directement le remettre dans sa cellule parce que soit disant "ça arrivait souvent". Abruti. Donc, une personne inconsciente mais qu'on remet dans cellule, ça ne choque que
moi ?

J'étais à son chevet depuis que l'infirmière l'avait prise en charge, elle m'avait bien dit que je pouvais m'en aller et qu'elle se chargeait de tout, mais je ne voulais pas, je préférais rester pour être sûre qu'il aille mieux.

J'avais su par l'infirmière qu'il s'appelait Ryan et qu'il avait vingt ans, le même âge que moi. Ça me dégoûtais de savoir qu'il n'avait que vingt ans mais que sa vie était déjà gâchée, puisque il allait la passer ici. Soyons réaliste les chances pour qu'il sorte d'ici étaient minimes, voire inexistantes.
Ici, ils partent du principe que quand t'es "fou", t'es fou. Pour eux, aucun moyen d'y remédier. Alors qu'à la base, c'est un endroit où ils sont censer les soigner, les aider.

Je lui avais aussi demandé pourquoi il était là, forcément. Elle m'avait tout simplement répondu qu'il avait tué toute sa famille et qu'il avait ensuite brûlé la maison. Elle m'avait raconté tout ça comme si elle avait dit " l'eau mouille" ou "le soleil brûle". Je suppose qu'elle était tout simplement habituée à tout ça, elle avait l'air d'avoir un certain âge et ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit là depuis un moment. Et même si ça ne faisait pas longtemps que j'étais là, je pense que je m' y étais aussi habituée.

Plus j'analysais son visage, plus j'avais peur. Pas peur de ce qu'il avait fait, pas du tout, à ce niveau là j'étais tout à fait confiante, bizarement.
J'avais peur parce qu'il avait l'air tout à fait normal, il avait un visage avec des yeux, une bouche, un nez et des joues. Un corps avec des jambes et des bras. Une personne tout à fait normale. Si je l'avais croisé dans la rue j'aurai pu me dire "peut être qu'il va en cours ou qu'il vient d'avoir son bac, peut être qu'il va voir sa petite amie ou qu'il rejoint ses potes ? ", mais je ne me serai jamais dis "ha tiens, il est dans un hôpital psychiatrique parce qu'il n'a rien trouvé d'autre à faire que de tuer toute sa famille ". Et c'est ce qui me faisait peur. Il était comme tout le monde. Ce qui veut dire que chaque fois que vous vous trouviez quelque part, dans un restaurant, un parc, un cinéma ou encore une rue, vous aviez une chance de tomber sur un malade. Un malade qui sera absolument comme tout le monde.

Je fus coupé de mes pensées par des gémissements, je tournai la tête et me rendis qu'il compte qu'il s'était réveillé. Au moment où j'allais ouvrir la bouche pour lui parler, l'infirmière le fit à ma place.

- Ha Ryan, alors comment ça va ? Tu sais que tu as reçu un sacré coup en tombant ? Elle essayait de paraître enthousiaste, mais ça n'était pas du tout réussit.

Il ne répondit pas et continua d'analyser la pièce comme si elle n'était pas là, on aurait ou croire qu'il ne l'avait pas vu ou entendu, mais la bonne minute qu'il avait passée à la fixer droit dans les yeux nous prouvaient le contraire.
J'aurai pu rire aussi, cette situation était amusante pour moi, un patient qui ignorait de cette manière un employé, qui est supposé être " supérieur" à lui. C'était comme si c'était le patient qui avait le pouvoir, c'était lui qui contrôlait. Il était en positon de force et là, il décidait de royalement ignorer l'infirmière. Il continua d'analyser la pièce dans les moindres recoins, comme si il découvrait le monde. Il regardait les chaises, les tables, les murs, tableaux et instruments médicaux comme si c'était la première fois qu'il voyait tout ça. Qu'il pouvait voir tout ça.

Bizarrement, l'infirmière ne parut pas surprise ou même vexée qu'il l'ignore de cette manière comme si elle y était...habitué ?
Elle reporta son attention sur ses documents qui signifiaient du charabia pour moi tandis que moi, je n'avais pas quitté des yeux Ryan et aussi surprenant que ça le soit, lui non plus. On se regardait mais on disait rien.

Jennifer, j'avais appris son nom entre temps, se racla la gorge comme pour attirer notre attention mais je fus la seule qui répondis à ses attentes. Ryan, lui, continuait de me fixer étrangement comme il l'avait fais plus tôt avec la pièce.

- Alors, recommença t-elle, je t'ai fais des examens et tout va bien, tu as juste reçu un violent coup. Ouais, prend toi juste un coup sur la tête et on verra si tout va bien. Je roulais intérieurement des yeux.Tu vas pouvoir retourner dans ta cellule.

Il ne broncha même pas et se leva, au moins je savais qu'il comprenait ce qu'elle disait. Il l'ignorait donc volontairement.
Il me regarda et ne dit rien mais je vis comme une lueur de tristesse et de... remerciement ? La question était pourquoi, pourquoi me remerciait-il ? Était-ce pour tout à l'heure parce que si c'était le cas, il ne devait vraiment pas. Je veux dire, même avec mon caractère assez impulsif et très froid, j'ai toujours été une personne qui faisait tout son possible pour aider les autres, je ne supportais tout simplement pas de ne rien faire pour des gens qui en avaient besoin, alors que je le pouvais.

Un garde était à l'entrée et le ramena donc à sa cellule, après l'avoir menoté.

J'avais l'intention de rentrer car j'avais terminé ma journée depuis une bonne heure, juste après la pause déjeuner en fait, mais suite au petit accident avec la psy, j'avais pris un peu de retard. Je marchais dans les couloirs sombres et lugubres, soudainement pressée de rentrer, mais je me stoppais net quand je vis un employé venir vers moi. Je me tournais, regardais à gauche et à droite, mais je vis que j'étais seule, c'était donc bien vers moi qu'il se dirigeait.

Je ne me souvenais même pas de son nom, d'ailleurs je ne savais même pas si un jour je l'avais su. À mesure qu'il arrivait, je pus mieux l'analyser. Il avait des cheveux blonds et des yeux bleus pétillants, ton comme son sourire, qui me prenait d'ailleurs la moitié de son visage. Au moins il était content d'être ici, lui. Je j'étais un oeil à ses vêtements, il portait cette horrible combinaison blanche avec une seule poche au mieux, celles qu'on voit dans , les séries et qui nous donne froid dans le dos, celles qu'on ne pense voir qu'à la télévision mais qu'on se rend qui existent vraiment et qu'elles sont là devant toi.

Wicked GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant