Un mois que la police l'avait emportée. Un mois que le soleil avait disparu pour moi.
Un mois que May Douglas, la fille la plus spectaculaire du millénaire, avait disparu.
Un mois que chaque matin, j'espérais être réveillé par son violon.
On m'avait plaint moi, en particulier. Juste parce que le monde entier savait qu'elle était mon monde entier.
Je passais mes journées dans ma chambre, le nez collé à la fenêtre qui donnait sur la cour, espérant la voir rentrer comme chaque soir comme si rien ne c'était passé, comme si le mois qui s'était écoulé n'était qu'un rêve causé par une fête universitaire. La voir marcher comme seule May savait marcher, son sac en cuir se balançant contre sa hanche, ses cheveux dans le vent. Et voilà que le souvenir que j'avais d'elle s'effaçait, un peu plus à chaque seconde. Je restais seul avec cette image floue, ce miroir cassé.
Il me restait le carnet.
Le carnet noir que May avait acheté dans une brocante quand elle avait dix ans. Le carnet dans lequel elle notait les secrets que seules les petites filles de dix ans peuvent avoir et que seuls les grands frères peuvent essayer de chopper pour lire d'un coup toute la "vie privée" de leur soeur.
Je n'aurai jamais cru que le carnet était intact. Et pourtant, quand j'ai trouvé le courage d'aller dans la chambre de May, après sa disparition, il était posé sur le lit comme si il y avait toujours été.
Je ne sais plus pourquoi j'ai osé le prendre. Mais il attendait sur mon bureau depuis.
J'ai jeté un oeil à ma chambre.
May était omniprésente dans tous les coins de cette foutue pièce.
C'est pour lui montrer à quel point je la détestais que j'ai ouvert le carnet.
C'est pour lui montrer à quel point j'avais peur de ce que je deviendrais maintenant qu'elle était partie que j'ai plongé dans sa vie.