Emptiness - BB (Tome 2)

Prologue

Après mon retour en France, je me rappelle ne pas avoir tenu le coup. J'avais pourtant essayé d'être forte, pas forcément pour moi mais pour lui au moins. Tout ce que j'avais fait était de rester cloîtrée dans ma chambre durant le reste des vacances. J'avais commencé à manger peu et j'avais pratiquement perdu le sens de communication. Si je me souviens bien, j'avais passé les deux premières semaines à pleurer. Je ne voulais plus voir personne, ni même les filles. Elles avaient demandé de nombreuses fois à me voir pour s'excuser et prendre des nouvelles mais j'ai joué la carte de la fille idiote. Alors je n'ai rien fait, je les ai laissé se lasser et s'ennuyer de moi et à force, je pense qu'elles étaient à bout à cause de ma non-coopération. Je ne voulais voir personne et encore moins elles. Pourquoi ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je ne voulais encore moins entendre quoi que ce soit à propos de ce qui s'était passé dernièrement. C'est ainsi que je m'étais retirée de tous réseaux sociaux sur lesquelles je n'étais plus active notamment. Je savais que j'avais déçu beaucoup de personnes et que j'avais enclenché la curiosité envers d'autres, c'était certain. Je n'allais pas passé inaperçue alors que ma popularité était de plus en plus croissante. Je ne voulais pas causer autant plus de peine à ceux qui m'avaient suivis depuis le début alors j'ai gardé ma chaîne YouTube. J'avais filmé une dernière vidéo. Je portais des lunettes, ne voulant pas exposer mes yeux remplis de fatigue au public. J'avais expliqué que j'étais désolée et que j'avais décidé d'arrêter la musique pour de raisons personnelles. La vidéo a duré deux minutes, je n'avais pas grand chose à dire et je n'étais pas au mieux de ma forme. J'ai reçu des centaines de commentaires et de messages sur ma boîte mail que j'avais totalement oublié. Je n'ai rien fait pour autant.

Mes parents s'inquiétaient beaucoup car je refusais de retourner en cours, je ne voulais pas être la cible de remarques et surtout revoir tous les hypocrites dont j'avais l'habitude de côtoyer. Je n'avais le goût de rien faire, absolument rien. Alors puisque je ne fournissais aucun effort, ils ont ramené un psychologue jusqu'à moi. Je n'ai pas vraiment apprécié ce geste mais je ne pouvais pas les contredire sur le fait que j'avais des "problèmes". La solution fut simple et radicale : je devais changer d'environnement et recommencer tout à zéro. Alors ma famille a accepté de déménager dans une ville, au nord de la France et à deux heures de Paris. Je ne connais personne là bas et j'en étais bien heureuse. Je m'étais coloré les cheveux en rouge afin que l'on ne me reconnaisse pas. Cela avait marché et encore plus grâce au nouveau style vestimentaire que j'avais adopté. Je me faisais très discrète et essayais de tout faire pour ne plaire à quiconque. L'attention était ce dont je redoutais. Je n'aimais pas comment j'étais car j'étais devenue tout le contraire de moi-même. J'étais celle que l'on voyait toujours seule ou avec deux ou trois personnes, celle qui restait calme et qui passait tout son temps à ses études, celle qui se renfermait sur soi, celle dont tout le monde ignorait l'existence... Je n'étais plus moi. D'ailleurs j'utilisais désormais mon deuxième prénom, Hazel. C'était mon père qui me l'avait choisi en mémoire d'un de ses proches. Je l'avais toujours détesté jusqu'à présent, mais je l'avais adopté.

Trois ans après, j'étudiais ma licence de langues étrangères appliquées dans une grande université à Paris. J'avais réussi à passer à ma troisième et dernière année d'études. J'en étais si heureuse sachant que les places étaient très limitées, de plus que l'admission est assez stricte. Mes résultats étaient satisfaisant et j'en étais fière à chaque fois que je les annonçais à mes parents. Ces derniers sont encore triste du fait que je les ai définitivement quitté puisque je ne vis plus chez moi. Je partage désormais un appartement dans le deuxième arrondissement avec mes deux colocataires. Hugo et Sasha étaient devenus les personnes les plus proches de ma vie en très peu de temps. Ils étaient devenu mes meilleurs amis et grâce à eux., j'avais tiré un trait sur ma vie d'avant.

*

Je restais fixe, mon corps était paralysé. Je n'arrivais plus à bouger ou même prononcer un seul mot. Pourtant, mes lèvres étaient entrouvertes mais aucun bruit ne pouvait en sortir. Mon regard était bloqué sur la lettre que je tenais entre mes mains tremblantes.

- Bon, tu comptes me dire ce qu'il y a de si intéressant pour que tu fasses cette tête ? Demanda Hugo d'un ton las.

Je n'arrivais à rien faire, j'étais submergée par mes pensées. Tout ça ne pouvait être qu'un rêve. Je leur avais pourtant clairement dit et répétait que je ne voulais plus avoir à faire là bas.

Hugo soupira et se leva. Il me sortit de mes pensées en m'arrachant la feuille d'entre mes mains. Je secouais la tête et posais mes mains de part et d'autres de mon visage. Ce n'est pas possible. Mon ami ne partageait pas le même avis que moi et je pouvais le voir à son enthousiasme qui se reflétait sur son visage. Il se retourna vers moi en souriant.

- Tu vas être transférée à Londres ?!

Bordele de merde, ça ne se passera pas comme ça et encore moins quand je commençais tout juste à regoûter à la vie et au bonheur. Oh que non.