Kliff.

Prologue.

Ce soir, c'est la Lune Rouge. Je devrais dormir, comme toute la ville, mais dans ma famille c'est un événement qui se fête. La Lune Rouge est une renaissance pour nos ancêtres, et rend le sang des mortels plus fluide et plus goûteux. Mais dans quelques minutes, peut être dix, je fêterai mes cinq premières décennies. Un grand jour pour moi. Me voilà enfin adulte.

Alors que tous sont autour de la table, discutant autour d'un vers de Fluide, je fini de m'habiller. Des rires et des cries résonnent dans le manoir. Une bouffée de chaleur m'envahit soudain. Quelqu'un toque à la porte.

- Kliff, voyons nous t'attendons ! Presse-toi un peu veux-tu. Et viens montrer à ta mère la ravissante jeune femme que tu deviens.
- Ça va j'arrive maman ! Je peste avant de sortir.

Une étreinte maternelle me coupe le souffle. Ma mère pleure. D'ici un instant, je devrais être baptisée, en suivant les règles de notre espèce. Nous descendons bras dessus bras dessous les grands escaliers de marbre noir. Mon oncle, un homme grisonnant, grand et d'une exquise minceur me tend le bras depuis le bas de l'escalier. Il se penche légèrement, referme son coude autour du mien et m'entraîne jusqu'à la salle de réception. Elle est somptueuse, décorée de fines guirlandes dorées, de quelques bougeoirs, et de roses bleus. Chacun se lève, repoussant sa chaise dans un grincement délicat. Leurs sourires dévoilent quelques crocs pointus, luisants, tranchants tel un sabre. Un siège m'est réservé en bout de table. Les assiettes sont magnifiquement ornées de pétales de roses, et de quelques dents humaines.

Le repas achevé, mon oncle m'entraîne de nouveau dans la pièce qui m'est inconnue. La pièce du baptême. La porte s'ouvre, criarde, laissant apparaitre un corps attaché. Les bras en croix, la tête basse, les pieds pendus dans le vide, la silhouette ne daigne pas bouger.
- Elle est morte ? Demandai-je.
- Non sûrement un peu assoupie, me répond mon oncle, sur le point de frapper du pied.

La masse humaine relève la tête, les yeux baignés de sang, la langue sèche et pendante. Ainsi consiste le baptême. Ni une ni deux je me jette a son cou, la vidant douloureusement de son sang chaud et fiévreux. La créature émet un son désespérée.