Prologue
Hastings, Angleterre
14 octobre 1066Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, contempla les champs et les forêts qui ondulaient à perte de vue et adressa un hochement de tête approbateur à ses capitaines. Il avait de quoi être satisfait. Dorénavant, toutes les terres qu'il voyait, et bien plus encore, lui appartenaient. Roi d'Angleterre... Il n'était pas encore couronné, mais plus rien ni personne ne pouvait s'opposer à sa marche triomphale vers Londres. Il ne put réprimer un sourire en imaginant la mine des membres du Witan, le Conseil national des Saxons, lorsqu'ils apprendraient qu'il avait battu leur roi et son ost.
Derrière lui, des raclements de gorges lui rappelèrent que tout n'était pas encore gagné. Si la mort de Harold et de plusieurs milliers de ses partisans lui ouvrait la porte de son royaume, il avait encore beaucoup de travail à accomplir pour le soumettre totalement.
Guillaume se retourna et croisa les regards de ses capitaines. Ces hommes et ceux qui avaient combattu sous leurs bannières, chevaliers, archers et coutilliers, attendaient ses ordres. Ils attendaient également les récompenses qu'il leur avait promises si, comme il l'espérait, le dieu de la guerre lui était favorable. Des nuées de pillards étaient déjà en train de s'abattre sur le champ de bataille, bien décidés à dépouiller les morts et les mourants avant que vautours et autres oiseaux de proie ne dépècent les cadavres.
- Il faudra plusieurs jours pour faire disparaître les dernières traces de cette bataille, sire, murmura le père Obert, son secrétaire particulier.
Guillaume considéra les chevaliers normands, bretons, poitevins ou angevins qui avaient accouru à son appel quand il avait décidé de traverser la Manche et de conquérir le royaume que ce félon de Harold, malgré la promesse qu'il lui avait faite, avait voulu garder pour lui.
- Eux, ils ne semblent pas avoir envie d'attendre trop longtemps, Obert.
Posant son gobelet de vin, il saisit le parchemin qu'Obert lui avait préparé. Il s'agissait d'une liste de fiefs et de châteaux anglais avec, en regard de chacun d'eux, le nom des hommes susceptibles de bénéficier de ses largesses sous forme de titres et de terres - dans la mesure où il l'approuverait. Il reconnut plusieurs noms, auxquels il s'attendait, et d'autres qui, assurément, surprendraient ses plus proches conseillers et capitaines.
- Qui me prescrit de distinguer aussi généreusement ces hommes qui n'ont rien pour eux, hormis leur vaillance au combat ?
Obert baissa la tête.
- Comme à son habitude, sire, monseigneur l'Evêque veille sur vos intérêts les plus vitaux.
Odo. Son demi-frère, l'évêque de Bayeux. Il aurait dû reconnaître immédiatement son œuvre.
- Je vois. Ce cher Odo est toujours vigilant, en effet, lorsqu'il s'agit de mes intérêts.
Une pointe de moquerie avait percé dans ses paroles - assez pour alerter son secrétaire. Obert n'ignorait rien des intrigues de la cour en Normandie, et à présent ici, en Angleterre. C'était l'une des raisons qui le rendaient indispensable.
- Ces morceaux de choix accordés à des hommes en récompense de leur seule vaillance vont irriter nombre de seigneurs qui ont œuvré pendant longtemps pour ma cause en risquant leur vie et leur fortune, fit observer le duc. Qu'en penses-tu ?
Trois noms en particulier, sans nul doute, allaient faire froncer les sourcils de ses vassaux. Naturellement, aucun d'entre eux n'oserait émettre d'objection ouvertement. Les pères de ces hommes eux-mêmes seraient furieux, car ils estimeraient que ces fiefs auraient dû être attribués à leurs enfants légitimes et non à leurs bâtards. Son sourire dut avoir quelque chose d'inquiétant, car Obert fit un pas en arrière et attendit sans dire un mot. Une attitude qui ne lui ressemblait guère, surtout quand le duc l'invitait à donner son opinion.
- Tu dois bien avoir un conseil à me donner ? Insista-t‑il.
C'était plus qu'un encouragement, presque un ordre.
- Il faudra sans doute batailler dur, sire, pour se rendre maître de ces fiefs. Ils sont situés dans une région où votre autorité n'est pas encore établie, et les héritiers de leurs anciens maîtres ne renonceront pas aisément à leurs droits. Les chevaliers qui iront les conquérir en votre nom le feront au péril de leur vie. Dans ces conditions, même vos plus loyaux sujets hésiteront à jeter leurs enfants légitimes dans une aventure aussi dangereuse.
Guillaume opina et se redressa de toute sa hauteur.
- Voilà un argument qui devrait suffire à faire taire les protestations, Obert, dit-il en faisant un pas hors de la tente. Pour le moment, du moins.
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Keira knightley dans la peau de l'héroine de l'histoire
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Promise Par Le Roi
RomancePromise par le roi, de Terri Brisbin Angleterre, 1066 Promise par le roi à un chevalier normand ! Même si cette pensée la révolte, lady Fayth de Taerford n'a pas le choix : pour rester maîtresse de ses terres et protéger son peuple, elle doit se pli...