Chapitre un

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Qui était-il ? D'où venait-il ? Travaillait-il pour quelqu'un ? Je n'en avais pas la moindre idée et cela m'agaçait quelque peu. Je regardai mon arme, dubitative, avant de la ranger sèchement dans son fourreau. Je n'aimais pas mais alors PAS DU TOUT qu'on me vole mes victimes. Il fallait que je sache qui il était et où il vivait, histoire de lui faire un peu peur et de le surveiller par la suite. J'aime pas les nouveaux qui se la pètent. Ça non. Je sortis du bâtiment délabré, mes pas résonnant entre les murs.je marchai sans faire gaffe dans des flaques d'eau, ce qui me donnait l'occasion de râler. Quand je sortis du bâtiment, ma moto m'accueillait les bras ouverts. Le guidon ouvert ? Enfin bref, je mis mon casque et la chevauchai pour bientôt mettre les gaz direction le QG.

Arrivée là-bas, je défonçai la porte blindée d'un coup de pied après avoir bipé l'entrée avec ma carte. J'étais visiblement sur les nerfs. Juste un petit peu.

-C'était qui ?!

-De quoi c'était qui ?

-Le mec qui a incrusté ma mission ! C'était qui ?!

-Mais j'en sais rien ! T'as rencontré quelqu'un sur le terrain ?

Je m'assis dans le canapé en allongeant mes jambes, mes pieds claquant sur la table basse. Je soupirai et plantai mon regard dans celui de mon technicien assigné.

-Un mec est arrivé de nul part et à exécuté ces chiens galeux à ma place.

-Oh.

Il se leva et partit dans le frigo. Il en sortit deux bières dont il m'en donna une. Il savait que j'étais plutôt impulsive et que je détestais que l'on me pique mes missions ! Une bonne bière, ça fait du bien quand même. Alors que je me désaltérais, je repensais à ce gars. Ce gars-là. Qui me fait bien chier, bordel !! Je me levai et pris une arme qui traînait (c'est le bazar ici, tiens).

-Je vais tirer quelques balles.

-Ok très bien. Dans une trentaine de minutes, je devrais recevoir une mission pour toi. Et, heu... la mission où le mec a fait le boulot à ta place... je la compte comme si c'était toi qui l'avait fait ?

Je fixai la poignée, tout en serrant ma main sur mon arme de poing. Je me retournai et logeai une balle dans le meuble juste à côté de sa tête, rejoignant toutes les autres.

-Ok, très bien.

À force, il avait l'habitude. C'était pas comme si je voulais le tuer, j'ai besoin de lui quand même. Il fait du bon boulot. Je me mis alors à rire quand je me souvenais de la première fois où j'avais fait ça : il en avait pissé dans son froc.

Arrivée à la salle de tir, je pris des lunettes et un casque puis me positionnai sur une allée. Il était temps pour moi de me défou...

-Salut, ma belle.

Je pointai mon arme au plafond, vers la grille d'aération. Je ne vois que cette partie où mon interlocuteur aurait pu arriver en douce. Mais je ne vis ni entend aucun mouvement. J'ai dû rêvé. J'haussai les épaules et me tournai vers ma cible. Mais je rencontrai le visage d'un homme. Cet homme. Prise par surprise, je reculai et tombai à terre, ce qui le fit rire.

-Ben alors ? On se dégonfle ? Comme toute à l'heure, d'ailleurs.

-T'es qui toi ?

-Un espion. Comme toi.

-Donne ton nom.

-Enfin, voyons...

Il se pencha près de moi et pris mon menton du bout des doigts.

-Tu sais très bien qu'il ne faut jamais donner son nom à qui que ce soit, ma jolie. Ça fait parti des bases de l'espionnage. Tu ne le savais pas ? Serais-tu ignorante ?

Je claquai mon pied dans sa hanche, lui arrachant un petit soupir. Il ferma les yeux en baissant la tête puis la releva.le visage haineux.

-J'ai été gentil avec toi. Pourquoi tant de haine ?

Il se saisit de mon pied et en deux temps trois mouvements, il me fit tournoyer et me plaquai visage contre terre. Puis il vint gentiment s'assoir sur mes hanches. Bientôt, j'entendis une balle rentrée dans le canon de son arme. Merde.

-Sais-tu que tu m'intéresses, petite impertinente ? Tu as un sale caractère, mais vraiment. Pire que le cochon, quoi. Mais si tu commences déjà à m'énerver, c'est que tu seras un obstacle pour moi, un jour ou l'autre. Alors autant te supprimer maintenant.

-Si tu as la délicatesse de me loger une balle dans ma gueule d'ange, dis-moi ton nom avant que je quitte ce monde de tarlouzes.

Le silence se fit entre nous deux. Puis je le sentis se pencher près de moi.

-On me surnomme... Suga.

-Enchanté, tu connais le mien ?

-Bien sûr.

-Quel est-il ?

-Prodigy.

J'éclatai de rire. Je sentais, par son mouvement de recul, qu'il était surpris.

-Pourquoi tu rigoles comme ça ?

-Tu ne connais que mon surnom. Et après tu me dis que tu me connais ! Espion de mes couilles, ouais ! T'as eu mes infos dans un paquet surprise que t'as acheté dans un sex-shop ou ça se passe comment ?

J'explosai à nouveau de rire tandis que lui ne bougeai plus. Je repris mon calme.

-Bah qu'est-ce qui se passe ? T'es déçu de toi-même ? Tu sais, il existe des psys qui pourraient se charger de toi. Faudrait commencer déjà à reprendre confiance en toi car t'as dû en prendre un sérieux coup, là. Sinon après tu as déprimer puis tu vas plus vouloir bosser. Parce que tu trouveras toujours des infos de merde. L'espionnage, tu vois, c'est pas que de la bagarre. Il y a de la recherche.

-Moi je fais tout tout seul. Toi, t'as un technicien. Tu me dis ça mais c'est lui qui se charge de tout et toi qui ne fait qu'exécuter les missions.

Eh merde. Il m'a eu.

-On fait moins l'analogie n'est-ce pas ?

-Arrête de bouger comme ça, putain.

-Oooh... bah pourquoi ?

-Parce que ça me fait grave chier te sentir bander sur mes fesses, tu vois.

Un deuxième silence suivit. Puis il se leva.

-Tu me plais, ma belle. Attends-toi à ce que je revienne te voir. T'es jamais aussi seule que tu ne penses l'être, tu sais.

Il escalada la table et rentra par la trappe avant de la refermer. Je restai un moment par terre avant de glisser sur le dos. Il s'appelait donc Suga. Je regardai le petit papier que j'avais discrètement retiré de sa poche arrière. C'était une photo de moi avec quelques infos. Une sorte de carte d'identité. La photo datait de mes débuts de ma carrière. Il me surveillerait depuis ce temps ?

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