Sianny : Happy Birthday !

Happy Birthday !

Gynny déverrouilla son téléphone pour la centième fois en quelques heures. Toujours rien, aucune nouvelle. Elle avait beau tenter de se raisonner, elle était réellement inquiète. Elle se laissa tomber sur son lit, se glissant sous les couvertures confortables et observant la lune à travers la fenêtre. Inconsciemment, elle se remit à triturer son bracelet et se remémora sa journée.

Ce grand jour, le jour de ses dix-neuf ans, son petit-ami Vincent l'avait passé avec elle. D'abord, à la fac, puis ils étaient rentrés chez lui où ils avaient geeké avant qu'il ne l'emmène dans leur petit restaurant préféré à la fin des cours. Il avait été adorable mais malgré ses bonnes intentions, il n'avait jamais réussi à enlever complètement l'inquiétude qu'elle avait depuis la veille. Elle observa ses mains malmener ce qu'elle avait au poignet. Le cadeau de son copain était simple et magnifique à la fois. Elle qui n'avait jamais été très bijou avait tout de suite adopté le fin bracelet rougeoyant qu'il lui avait trouvé et elle savait déjà qu'elle ne s'en séparerait pas.

Elle tendit le bras hors du lit pour attraper son téléphone sur la table de nuit. Son cœur manqua un battement en voyant qu'elle avait un message, mais se calma bien vite. Ce n'était qu'un ami de fac qui lui souhaitait son anniversaire dans un message peu original. Pourquoi ne la contactait-elle pas ? Oui, elle avait un peu manqué de tact hier dans leur conversation, mais pour elle, tout était déjà oublié. Et puis elle s'était excusée. Trois fois. Gynny soupira :

- Siana... allez réponds...

Elle croulait sous les notifications twitter mais s'appliqua à répondre à chaque message d'anniversaire qu'elle lu avec des remerciements plus ou moins élaborés selon le type de message. Elle n'aimait pas répondre deux fois la même chose mais ses réserves de différents « merci » avaient rapidement diminué. Ah, l'originalité ! Ce n'était pas simple à entretenir... Au son d'une notification Skype, elle sursauta. Mais c'était simplement une auteure de fanfiction qui venait lui offrir un Sianny. Elle appréciait énormément les fictions qui la mettaient en scène même si c'était un peu étrange de se lire soi-même, mais cette fois-ci, elle ne put se résoudre à la lire. Elle remercia tout de même la jeune fille, lui promettant de la lire quand elle aurait le temps. En réalité, elle voulait surtout la lire avec le personnage principal en vocal, sa Siana. Or la demoiselle s'était fait terriblement discrète depuis la veille.

N'y tenant plus, Gynny posta un tweet où elle proposait un vocal à sa belle. Mais vingt minutes plus tard, toujours aucune réponse. Il était déjà vingt-trois heures, Gynny était rentrée du restaurant en refusant la compagnie de son copain : ils avaient passé la journée ensemble et elle ne voulait pas tout gâcher en lui montrant à quel point elle accordait de l'importance à une fille. Il avait beau ne pas trop se montrer jaloux, elle savait que ça le toucherait. Elle en était donc réduite à s'inquiéter et trouver mille scénarii possibles pour expliquer le silence de son amie.

Et si elle lui faisait la gueule ? Si elle avait eu un accident et qu'elle était à l'hôpital alors qu'elle-même était là, à se lamenter qu'on ne lui souhaite pas son anniversaire ? Alors elle serait très égoïste de rester là alors que son amie souffrait peut-être... Et si Siana ne lui accordait tout simplement pas assez d'importance pour le lui souhaiter ? Non impossible. Pas vrai ? Mince, se prendre la tête ainsi ne servait qu'à remettre en question toute leur relation. Mais c'était de sa faute à elle, aussi ! Pourquoi ne pouvait-elle pas envoyer un simple message, comme tout le monde ?! Une petite voix dans sa tête lui dit que c'était parce qu'elle n'était pas comme tout le monde. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle aimait passer du temps avec elle.

Une heure plus tard, Gynny envisagea de se coucher. Cependant, réfléchir autant n'avait jamais aidé à se détendre et réussir à s'endormir. De petits bruits se firent entendre, comme un objet dure qui cogne quelque chose. Au bout de quelques secondes, Gynny se tourna vers la fenêtre d'où semblait venir le bruit. Un objet noir vint rebondir contre elle avant de disparaître. Puis un autre. Elle se précipita à travers sa chambre et ouvrit la fenêtre en grand. Le froid de janvier s'insinua immédiatement dans la pièce mais Gynny ne s'en soucia pas. Elle fixait la silhouette en bas de chez elle, un grand sourire aux lèvres.

- Siana !

- Oui, bon ben la surprise, c'est raté, je suis coincée dehors ! Viens m'ouvrir, j'ai froid !

Gynny s'élança sans se préoccuper de fermer la fenêtre et courut ouvrir la porte d'entrée en poussant de petits cris surexcités. A peine son amie avait-elle passé le pas de la porte qu'elle l'enlaçait. La sentir contre elle, c'était sûrement le plus beau cadeau qu'on ait pu lui faire jusque-là. Jamais son amie quasi-suisse n'était venue s'aventurer jusqu'à Lyon pour elle. Mais d'ailleurs...

- Comment tu es venue jusqu'ici ?
- En train, sauf que c'était la merde. Mon train a été supprimé, j'étais censée arrivée ici à 18 heures à la base...

- Et comment t'as su où venir ? Enfin j'veux dire... J'suis super contente que tu sois là hein !

Les deux jeunes filles remontèrent dans la chambre de Gynny, suffisamment discrètement pour ne réveiller personne, en particulier son père. Celui-ci n'apprécierait peut-être pas qu'une de ses amies lui rende une visite nocturne, même si elle avait traversé tout un océan pour cela. En chemin, Siana lui expliqua en chuchotant qu'elle avait tout organisé avec Vincent mais qu'elle n'avait plus de batterie de téléphone pour le contacter et ça avait raté. Peu importait, maintenant qu'elle était là. Gynny avait envie de sautiller et crier un peu partout pour éliminer toute l'énergie qu'elle avait mais elle se contenait tant bien que mal pour rester discrète. Elle invita Siana à s'assoir sur son lit pour qu'elles puissent discuter un peu.

- Mais au fait, tu as faim ? Je peux te faire un mugcake si tu veux, j'ai racheté de la farine !
- Ouiiiii ! s'écria Siana avant de mettre une main sur sa bouche et chuchoter : pardon !

Quelques minutes plus tard, les deux filles étaient confortablement installées sur le lit, leurs précieux mugcakes brûlants dans les mains. Elles discutèrent tranquillement avant que Gynny ne baille profondément.

- Tu veux dormir ? lui demanda son amie.

Honnêtement, oui. Mais elle voulait également passer le plus de temps possible avec son amie à côté d'elle en chair et en os. C'était la première fois qu'elle pouvait la voir et elle était contente que ça ne se soit pas passé bizarrement. Après tout, rencontré quelqu'un avec qui on discute depuis des mois, ça n'est jamais simple. Siana sembla lire dans ses pensées.

- Je ne vais nulle part, tu sais ! Allez, viens là, dit-elle en l'attirant contre elle.

La tête de Gynny reposait maintenant contre le sein gauche de son amie, qui était, disons-le, extrêmement confortable. Elle aurait pu s'endormir là, mais une question la taraudait.

- Siana ? Tu te souviens quand on avait parlé de nous ? Hum... enfin de toi et moi, comme un nous...

Son amie baissa la tête pour apercevoir son visage.

- Oui je m'en souviens... Tu as changé d'avis ?
- Eh bien... Je ne sais pas. Peut-être ?

Gynny se redressa et observa les lèvres de sa Siana, sa « femme », comme elle aimait l'appeler sur les réseaux sociaux. Elle s'approcha doucement tandis que Siana restait immobile pour ne pas la brusquer. Gynny lui avait mis un stop la dernière fois qu'elles en avaient parlé, après tout. Et elle s'en voulait de l'avoir fait, elle aurait dû savoir que son amie serait bien trop attirante pour qu'elle résiste si elles se voyaient. Elle approcha donc son visage du sien, posa une main dans le cou de Siana et posa enfin ses lèvres sur les siennes. Mon dieu comme les lèvres d'une femme sont douces...

Sianala pris dans ses bras et elles restèrent ainsi immobiles pendant longtemps, l'unecontre l'autre. Gynny finit par s'endormir. Mais ce n'était pas grave, ellesavait que sa Siana serait encore là le lendemain...