Prologue : Moi, aller à Miami ?

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J'ai faim. 

Je regarde l'heure, il est 21h47. Ca va bientôt faire une heure que mes parents auraient dû revenir avec du Mcdo. Je commence à hésiter à me faire à manger. Si à 22h ils ne sont toujours pas revenus de leur sortie entre amis je vais me faire des pâtes. Je soupire en zappant une n-ième pub de nourriture qui passe et tombe sur l'émission top chef, je commence à en avoir marre, tout ramène à la bouffe ce qui me donne encore plus faim. J'éteins la télé et prends mon téléphone pour checker mes messages quand j'entends la voiture de mes parents arriver. Joie. Ce moteur, je pourrais le reconnaître entre milles. Je me lève d'un coup et cours à l'entrée pour leur ouvrir la porte, ou plutôt pour ouvrir la porte à mon repas.

Je salue rapidement ma mère et mon père, et celui-ci me tend le sachet de mon menu comme s'il savait déjà que j'allais me jeter dessus. Je le prends en les remerciant, sautille légèrement de joie en sentant la bonne odeur qui émane de sac en papier. Je vais m'installer directement sur la table pendant qu'ils enlèvent leurs chaussures. J'ai jamais eu autant faim de ma vie qu'aujourd'hui. J'enlève tout du sac et fais craquer mes doigts prête à m'enfiler tout ça.


- Ah on a une bonne nouvelle pour toi Elisa ! Commence ma mère en venant dans le salon.


- Je ne vois pas ce qui pourrait être mieux que mon Mcdo actuellement ! Je prends une frite et la mange. Merci encore d'ailleurs, je vous aime trop !


- Morphale. Dit mon père.


Je lui souris et mange une autre frite.


- Ecoute, c'est vraiment important.


Elle s'assoit sur la chaise en face de moi et mon père vient derrière elle les deux mains sur le dossier de sa chaise. Je m'arrête d'un coup en voyant le sérieux de la situation. Ma mère fait un grand sourire d'un coup.


- Tu te rappelles du jour où tu m'avais dit que t'aurais aimé faire tes études à l'étranger ?


- Oui.


J'arrête tout mouvement de plus en plus captivée, mon hamburger dans les mains.


- Et bien, on a peut-être trouvé une solution pour que tu puisses étudier à Miami pour ta deuxième année !


Deux secondes. C'est le temps qu'a pris mon cerveau pour comprendre chaque mots que ma mère venait de prononcer, avant que mon sandwich me tombe des mains tellement j'étais sous le choc.


- C'est vrai ?!! Comment ça ? Attendez, c'est vraiment vrai ?


Et oui, ça l'était.


Ma mère m'avait expliqué comment ils avaient eu l'idée. L'après-midi ils étaient allés voir d'anciens amis, Monica et Karl, ceux-ci ont une fille et un fils, Anna et Tyron, que je connais très bien puisque j'ai passé la majeure partie de mon enfance avec eux, avant qu'ils ne déménagent aux Etats-Unis quand on avait 13 ans. Ils sont restés aux Etats-Unis, qui plus est à Miami, pendant 5 ans avant de décider de revenir en France sans Tyron et Anna qui ont voulu rester pour les études. Ils sont donc retournés ici, sans enfants, et ont parlé de leur expérience à mes parents lors de leur entrevue. 

Ma mère a évoqué mon désir d'aller à l'étranger pour mes études danse et ils ont convenu ensemble d'une solution. Anna et Tyron, ayant gardé la maison familiale, pourrait m'accueillir le temps de mon semestre, ce qui ferait que je n'aurais pas à dépenser pour le logement et surtout que je pourrais intégrer la fac de Tyron, celle-ci étant apparentée au service Erasmus de ma fac à moi. Ça ferait d'une pierre deux coups, surtout que je ne serais pas avec des inconnus.

J'avais accepté directement la proposition. Pour moi qui rêvais depuis longtemps d'étudier aux Etats-Unis, c'était le paradis. Tout le reste de ma première année s'est résumé à penser au voyage, faire le dossier pour mon voyage, réunir de l'argent pour mon voyage, trouver un travail pour réunir plus d'argent pour le voyage, rêver du voyage, prévenir mes amis de mon voyage, je n'ai fait que ça. Bien sûr, j'ai travaillé mes cours à côté pour valider ma première année, sans quoi tout ça n'aurait strictement servi à rien.


Après tous ces efforts, toutes les recommandations de mes parents, les nombreuses règles qu'ils m'ont édictées – surtout mon père- toute l'organisation faîte, je me suis enfin retrouvée dans l'avion.

Actuellement, je regarde par la fenêtre la piste de l'aéroport. On n'a pas encore décollé. L'avion vient juste de se mettre au début de la piste avant de pouvoir mettre les gaz.

Mon cœur bat la chamade, ça y est c'est parti. Une nouvelle vie m'attend. Je relis les derniers messages que j'ai reçu.


« Fais un bon voyage ma chérie ! Je t'aime ne l'oublie pas ! Tu m'appelles quand tu arrives ! Et pense à mâcher un chewing-gum pendant l'atterrissage ! On est fiers de toi ! Notre petite danseuse » -Maman.


Ils vont tellement me manquer pendant ces 6 mois à venir, je sens déjà les larmes monter.


« Fais attention à toi Elisouuuu ! Pense à m'appeler ! T'as pas intérêt à m'oublier sinon je te tue ! <3 <3 ! » -Manonou.


Manon c'est ma meilleure amie. Elle aussi va me manquer. Je repense au moment où je lui ai annoncé que j'allais partir à l'étranger. Elle a fondu en larmes mais était quand même heureuse pour moi. Ça m'a déchiré le cœur...

Je relis quelques messages d'amis qui me disaient au revoir avant de tomber sur le message d'Anna.


« Hey voyage bien Liliz ! J'ai trop hâte de venir te chercher, gros bisous ! » -Anna.


Liliz, j'entends encore sa voix m'appeler comme ça quand on était petit. Quand je l'ai entendu m'appeler Liliz quand on l'a eu au téléphone ça m'a fait une sensation bizarre de retourner en enfance. J'ai vraiment envie de la revoir et de la serrer dans mes bras comme avant.

Enfin, j'appuie sur Tyron et relis son message.


« On se voit bientôt ! J'ai acheté des marshmallows pour fêter ça ! A tout à l'heure ! »


J'adore les marshmallows et lui aussi. Je nous revois en manger ensemble en les brûlant au briquet parce qu'on n'avait pas de feu de camp.


Je lâche un dernier sourire et met enfin mon téléphone en mode avion. Quelques secondes après, les moteurs ronronnent et on se met à avancer de plus en plus vite. La piste défile sous mes yeux. Je me cramponne à mon siège, excitée. Les roues se détachent du sol, une sensation particulière traverse tout mon corps. La route s'éloigne doucement. L'avion a décollé. Je suis partie.

MIAMI ME VOILÀÀÀ

Mon Coloc'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant