Je vous avais prévenus

Partie 2

1 an plus tard, ils emménagent. Et comme prévu, une fête est organisée. Les amis, la famille, tout le monde est là. Alors que la soirée bat son plein, Yves voit les rideaux de la maison voisine bouger. Étonné, il regarde de plus près. Il aperçoit désormais une main grassouillette carressant un chat noir et blanc à l'air vicieux. La vieille!
Le jeune homme, choqué de ce manque d'intimité, va voir sa femme. Cette dernière y jette un rapide coup d'oeil sans faire de commentaire.
Voilà deux mots que le couple a emménagé et même en multipliant les petites attentions et les gentillesses ; la mauvaise voisine ne cède pas. Elle n'aime pas ses voisins et ne les aimera jamais !
D'ailleurs, elle le fait savoir.
Par exemple, il y a deux semaines, alors que les tourtereaux regardaient tranquillement la télévision, ils entendirent un cri strident. Le sang d'Yves ne fit qu'un tour, il sortit en courant dehors dans la pénombre. Il vit la porte de la maison d'à côté se fermer brusquement. À la lumière de son smartphone, il scruta les environs. Ce qu'il vit l'horrifia. Sur le mur droit de sa maison était écrit en majuscules et à la peinture rouge : "PARTEZ ET NE REVENEZ JAMAIS". Il ne bougea plus. Qui avait marqué une chose pareille ? La peinture lui fit penser à du sang. Horrifié, il rentra chez lui aussi vite qu'il était sorti.
Un autre jour encore, alors qu'Anne se maquillait dans la salle de bains, un énorme caillou vint briser la vitre en mille morceaux. Heureusement, la jeune femme ne fut pas coupée par les bris de glace qui jonchaient le carrelage. Enroulé autour du caillou, un message : "Si vous ne quittez pas cet endroit sous peu, vos jours sont comptés. Ma vengeance sera terrible et vous périrez dans d'atroces souffrances."
Le sang d'Anne se glaça. Persuadée de la culpabilité de la vieille, elle préféra ne rien dire de peur d'envenimer encore plus la situation, ces étranges événements se répétant presque tout les deux jours.
Au bout de trois mois de ce régime, Yves prend la décision d'aller parler à cette sorcière.
Mais le matin où il se prépare pour lui toucher deux mots, il apprend son décès dans le journal local :
"Madame Josette Scheffer est décédé dans la nuit du 3 au 4 mai à l'âge de 68 ans. La malheureuse femme a été retrouvée inanimée devant le supermarché de Busing sur Nied. D'après nos informations, elle aurait eu une crise cardiaque foudroyante alors qu'elle s'apprêtait à rentrer chez elle. Une chose curieuse. Dans son sachet de course, les enquêteurs ont retrouvé un couteau de boucher, plusieurs sachet de sang de porc, un grand drap blanc, du poison pour nuisibles ainsi qu'une douzaine d'oeufs. Est-ce qu'elle préparait le prochain Haloween ? Nous ne le saurons probablement jamais. Les obsèques auront lieu le..."
La vieille était donc morte.
Bien que ce ne soit pas très gentil, Yves pense "Bon débarras" !
Alors que les amoureux coulent des jours heureux, un événement effrayant se produit.
Il est huit heures du soir. Anne révise ses cours du lendemain. Yves fini de débarasser la table. La radio est allumée et diffuse une chanson de Stevie Wonder. Yves prend alors la main d'Anne et l'entraîne dans une danse imaginaire. Quand soudain, la musique s'arrête. On entend le poste vrombir. Le jeune homme s'approche pour voir où est le problème. Une musique angoissante se met en route. Yves sursaute. La musique continue, lentement, toujours sur le même rythme. L'homme a beau appuyer sur le bouton d'arrêt ou essayer de changer de changer de station, en vain. Au bout d'une minute, une petite voix murmure. Tout doucement au début, puis de plus en plus fort. Les appareils électroniques de la maison s'éteignent dans un bruit sourd. La maison est plongée dans le noir. Seul le poste de radio reste allumé. Anne se cramponne à son mari. Tout les deux sont pétrifiés. Ils fixent la radio. Un long gémissement se fait entendre. Puis un cri. Et enfin, un mot : "PARTEZ".
Les lumières se rallument. Tout redevient normal.
Tout sauf Anne et Yves. Ils ne peuvent plus bouger. Ils sont collés au sol. Ils tentent de se décoller, d'aggriper un tapis ou un meuble et de se sortir de ce pétrin. Au bout d'une heure d'effort, ils arrivent enfin à s'extirper. Que s'est-il passait ? La voisine est morte, elle n'a donc pas pu trafiquer la radio. Les questions se bousculent dans les têtes d'Anne et Yves. Ils reprennent petit à petit leurs esprits. La lumière revient.
Quand soudain, un murmure trouble le silence : "Je suis toujours là, vous ne pouvez pas m'échapper... Je vous avez dis de partir et vous ne m'avez pas écouté... Tampis pour vous, je vous avais prévenus..."
La "personne" à qui appartient la voix semble être dans la pièce. Le couple se retourne. Lentement. Assise sur un fauteuil, la voisine maléfique caresse son chat, mort. Son teint est livide, presque transparent. Ses yeux sont blancs et sa tête n'est plus soutenu par son cou ce qui lui donne un air de pantin. Elle porte une robe qui la recouvre entièrement, avec des tâches de sang frais un peu partout. Le fantôme regarde désormais Anne et Yves. Après de longues secondes, le spectre s'élance droit vers le couple. Il hurle lugubrement. Les meubles bougent, les portes et les volets claquent. Et enfin, dans un bruit de tonnerre, la voisine disparaît.