𝐓𝐇𝐄 𝐅𝐋𝐀𝐑𝐄𝐒 | 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐄𝐆𝐈𝐍𝐍𝐈𝐍𝐆 [en réécriture complète]

𝐎𝟔 | 𝐑𝐄𝐓𝐑𝐎𝐔𝐕𝐀𝐈𝐋𝐋𝐄𝐒.

 ִֶָ☾. 𝐓𝐇𝐄 𝐅𝐋𝐀𝐑𝐄𝐒 | 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐄𝐆𝐈𝐍𝐍𝐈𝐍𝐆

𝐎𝟔 | 𝐑𝐄𝐓𝐑𝐎𝐔𝐕𝐀𝐈𝐋𝐋𝐄𝐒.

LA silhouette de l'homme, dressée face à eux dans le halo doré du soleil, s'avança lentement. Un sourire se dessina sur ses lèvres, paisible mais chargé d'une émotion contenue, comme s'il craignait de tout briser en allant trop vite.

Siana tourna la tête vers sa grande sœur, cherchant en elle une réponse qu'elle n'arrivait pas à formuler. Lenn, quant à elle, serra instinctivement la main de sa cadette, comme pour s'ancrer à quelque chose de tangible au milieu de ce tourbillon irréel. Mais ses yeux, eux, restaient fixés sur lui — sur leur père.

Elles étaient perdues. Aussi déconcertées l'une que l'autre. Comment cela était-il possible ? Comment un homme que l'on avait affirmé exécuté pouvait-il se tenir là, vivant, souriant, à quelques pas d'elles ?

Les souvenirs refirent surface, acérés. Le jour de l'arrestation. Les cris. Les chaînes. Puis le silence brutal d'une cellule, glaciale, minuscule. Le verdict était tombé comme une lame : leur père avait été exécuté, sans appel, sans explication. Et elles... elles avaient été enfermées. Punies pour une faute qui ne leur appartenait pas.

— Les filles... c'est moi, murmura l'homme en avançant encore de quelques pas.

Sa voix, tremblante mais familière, fendit l'air comme un coup de tonnerre.

Lenn desserra lentement sa prise sur la main de Siana, puis la lâcha. Ses yeux brillaient d'un trouble profond, tiraillés entre la prudence et l'élan du cœur. Elle resta un moment immobile, pétrifiée, incapable de décider s'il fallait s'élancer vers lui ou rester à distance. Certes, elle n'avait jamais eu cette relation fusionnelle que Siana entretenait avec leur père. Pourtant, malgré les années, malgré les doutes, elle ne l'avait jamais haï. Elle l'avait toujours aimé. Et elle n'avait jamais cru, pas une seule seconde, qu'il était coupable des crimes dont on l'avait accusé.

Les souvenirs doux reprirent le dessus : les après-midis dans le jardin, les rires partagés, les sorties au centre où il leur offrait des glaces jusqu'à ce qu'elles en aient mal au ventre. Son cœur se serra.

Sans crier gare, elle se jeta dans ses bras. La barrière tomba. Elle retrouva contre lui cette chaleur paternelle, ce refuge qu'elle croyait perdu à jamais. Trois ans de manque, de silence, de larmes étouffées. Et là, dans cette étreinte, tout cela semblait soudain plus supportable.

L'homme referma ses bras autour d'elle avec une force désespérée. Il tremblait légèrement, mais un sourire immense s'étirait sur son visage. Il se sentait revivre. L'air lui semblait plus léger, ses muscles plus libres. Après toutes ces années de silence et d'emprisonnement, il pouvait enfin respirer à pleins poumons... et surtout, il retrouvait ses filles.