Plume de mon être

1. La fuite (partie I)

Assis là, en train d'écouter mes parents débrayer le désir de répliquer est très fort, mais mon mutisme encore plus. Ce dernier fait sortir mes géniteurs de leur gonds. C'est la raison de leur colère permanente.

Mon mutisme je leur dois à eux. Mes cordes vocales ont cessé de fonctionner dès que mon père me donna un grand coup de poing de l'œil. Alors, forcé de m'exhiber avec l'œil au beurre noir à l'école, ma maîtresse s'interpella mais sans plus.

Mes amis ne me reconnaissaient plus. Chaque jour ils complotaient sur une théorie sur la cause de mon silence, aucune n'aboutissait. Et chaque jour je me renfermais de plus en plus sur moi - même.

Les crises d'asthme elles aussi étaient au rendez-vous. Elles arrivaient toujours au moment où ma coquille devenait de plus en plus petite.

Mais aujourd'hui, ma coquille implose à un point qu'il m'est impossible de le supporter. Aujourd'hui c'est ma mère qui a asséné son poing sur moi. Aujourd'hui c'est ma mère qui a asséné ses mains sur moi.

Le coup est bien plus fort, plus enragé que les autres donnés, le coup est le coup fatal, le coup qui me fait tituber sur le sol. Le coup qui me fait perdre la raison.

Ça y est, c'est fini. Je ne sens plus mon souffle, mon cœur s'arrête de battre progressivement et je reste inconscient.

De toute façon ma vie n'a été qu'une série d'épisodes plus misérables les uns que les autres . Ça y est, je suis mort.