Une fin de journée.

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   C'était la fin de la journée, j'étais perdu. Accoudé à la table de la salle à manger, je pensais, et à vrai dire c'est la seule chose qui rentrait dans mes capacités. J'étais perdu dans ma vie, comme dans le temps et dans l'espace. C'était une sensation agréable et en même temps cauchemardesque. Je vivais dans un cauchemar, mais j'oubliais tout et c'était tellement plus simple. Je me sentais détendu, plein de sensibilité, mais également prit d'une tristesse révoltante. Je ne voyais plus net, l'espace était trouble, tout comme mes pensées. Je mis donc une musique, pour m'imprégner de tout mon possible de cet ambiance nouvelle, que je ne connaissais pas encore dans une pareille situation. Je me sentais léger mais n'arrivais pas à me soulever. En face de moi, à chaque recoin, je la voyais, avec ses airs malsains en train de me guetter, de m'espionner. Elle me désirait tout comme je la désirais. Elle voulait m'emporter, et je voulais me laisser aller. Je voulais qu'elle mette une fin à tout. A tout ces moments dont je ne garderai nul souvenir, tout ces moments malsains qui me rendaient vivant. J'ouvris alors la fenêtre, qui donnait sur une cour fermée, puis avec ma main gauche, je prit un récipient que je plaçais devant moi. Avec mon autre main, je la coinçais à l'aide de mon index et de mon majeur, pour la placer entre mes deux lèvres. A ce moment la j'aspirais. J'aspirais fortement, à un tel point que je n'avais plus que ce goût maussade dans la gorge et cette fumée qui fit un tour dans mon corps pour noircir mes poumons. Puis j'expirais, j'essayais de faire des ronds mais sans succès, je ne m'appliquais pas. Je changeais les musiques régulièrement, puis avec ma main gauche, cette fois ci je pris un verre, puis j'y versais un liquide, beaucoup, jusqu'à ras-bord. Je le bus d'un trait, car je ne voulait pas me rappeler du goût, mais juste boire. Ensuite, une larme coula de mon œil, puis deux, puis plusieurs jusqu'à ce qu'elles paraissent une infinité de gouttes me caressant les tempes. J'avais l'impression de ne me souvenir de rien, d'être dans ma bulle en train de foutre ma vie en l'air et au fond c'est ce que je voulais. Mais j'étais mal, je me rappelais toutes ces personnes qui m'avaient nuit, je me rappelais même que j'étais en train de me nuire. Je voulais en voir une issue, une fin quelconque qui me ferait voir la lumière ne serait-ce que quelques instants, mais je ne put pas. Je ressassais mes meilleurs souvenirs pour me rappeler à quel point j'avais pu être heureux dans ma vie, ce qui me rappelait aussi à quel point je ne l'étais plus. Je voulais que ce verre, ainsi que la fumée qui s'imprégnait de mon corps me fassent faire un retour dans le passé, mais c'était apparemment trop demander.

Je voulais me rappeler ma vie il y a six ans, tellement elle était plus simple. Je voulais me souvenir de mon insouciance et de mon innocence. Je voulais me souvenir de mon bonheur, présent il y a maintenant quelques temps. A la place je me voyais, me sentais du haut de mes dix-sept ans, ingrat et boutonneux. Désirant quelque chose de banale mais qui me semblait inatteignable. Je le désirais, lui et lui seul. Je voulais le voir, et me voir beau dans ses yeux, me sentir aimé tout en aimant. Je l'imaginais à côté de moi, me prenant par la taille, moi, réfugié dans ses bras ne pensant plus à rien l'espace de quelques minutes qui me paraissaient une infinité. Son odeur me rassurait, la chaleur de son corps me réchauffait, j'étais bien. Puis tournant ma tête vers la sienne, je senti ses lèvres se déposer délicatement sur les miennes, humidifiant ma bouche. Mon cœur battait fort. Ça me plaisait et en même temps me faisait perdre mes moyens. Je devais lui laisser un total contrôle de la situation, car je ne savais pas. Je ne savais plus. Mais il prit un parfait contrôle, comme si mon inconfiance lui donnait l'assurance nécessaire. Je ne pensais plus à rien, nos âmes étaient prêtes à fusionner, comme si nous nous étions toujours connus. C'était un moment de plénitude jamais vécu, un moment qui j'espérais n'aurait pas de fin. C'est là que je me trompais.

J'étais effectivement en train de rêver. Je ne m'étais pas endormi, juste mis à espéré en regardant le ciel noir par la fenêtre rempli d'étoiles. J'aurais aimé rejoindre ces étoiles et me délivrer de toute cette souffrance que je me faisais subir. Hélas j'étais bien trop loin, dans ma cuisine situé dans un petit appartement en centre ville. Après tout j'étais quoi ? Seulement un petit être humain parmi tant d'autres dans ce monde si cruel. ! Je rangeais alors le rhum et les cigarettes, essayant de cacher les preuves de mon mal-être. J'étais seul et c'est ce que je voulais. Qu'on me laisse mes rêves et mes espoirs car c'était à présent tout ce qui me restait. Je retournais alors dans ma chambre pour regarder un film et me changer les idées. 

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⏰ Last updated: Feb 03, 2016 ⏰

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Une fin de journée.Where stories live. Discover now