Chapitre 10

85 13 11
                                    

Rien de mieux qu'une personne s'effondrant en sang sur votre matelas pour vous réveiller.

Je bondis de mon lit et aller chercher une trousse de secours, dans le placard au dessus de mon bureau. Une fois la petite boite en métal en main, je m'agenouillais devant le garçon. Ses cheveux blonds étaient emmêlés et collés entre eux par un liquide poisseux et sombre.

Du sang ?

Sa tête reposait sur le matelas, ainsi que son bras gauche, tendu sur toute la largeur du lit. Je le pris délicatement par les épaules et l'allongeais sur le sol.

J'examinais son visage et
eus un mouvement de recul. S'il y avait bien une situation dans laquelle je n'aurais jamais imaginé le revoir c'était bien celle là.

Et pourtant j'avais songé à l'hypothèse des extraterrestres.

Ekhän.

Il papillonna des yeux et posa sur moi un regard brumeux.

-Salut. Articula-t-il avec une ombre de sourire espiègle sur les lèvres.

Je ne le lui rendis pas, trop occupée à constater l'étendu des dégâts.

- Mais qu'est ce qu'il t'est arrivé ? Demandai-je, dans un souffle.

Il s'assit et grimaça de douleur avant de s'adosser au lit.

- J'ai découverts les sanctions pour les règles noires, je crois.

Un hématome encadrait son œil droit et il avait une marque de griffure sur le cou. Mais celle qui m'inquietais le plus était sa blessure au ventre.

Le sang coulait en masse.

J'ouvris la mallette en fer et en sortis de nombreuses compresses et du désinfectant pour plaies profondes. A la vue du flacon, Ekhän écarquilla les yeux et pâlit.

- Ça va être douloureux ça, non ?!

Je ne perdis pas de temps à le rassurer et répondu simplement :

-Oui.

J'aspergeais généreusement une des compresses stérilisées.

- Tu peux remonter ton t-shirt ?

En gardant un regard méfiant sur la compresse imbibée, il s'exécuta.

J'appliquais soigneusement le carré de tissu sur sa blessure. Il grogna de douleur :

- Tu es obligée d'appuyer aussi fort ?

- Je te touche à peine.

Les paquets furent vite utilisés sous les grognements et injures du blessé.

Quand la dernière compresse fut usée, il poussa un soupir de soulagement.

- A ta place, je ne me réjouirais pas trop vite.

Il me regarda bizarement.

- Quoi ? Puis d'une voix plus hésitante :

- Tu caches une boite de compresses sous ton lit ?

Je répondis par la négative et sortis de la boite des points de sutures industriels.

- Heu... Qu'est ce que tu comptes faire avec ça ?

- Je vais te suturer, imbécile.

Sans lever les yeux vers lui, j'entrepris de les poser.

Il s'agita.

- Je ne suis pas sûre que...

- C'est plus désagréable que douloureux. Regardes par la fenêtre si tu n'aimes pas. Et ne t'évanouis pas !

Je levais vers lui un regard autoritaire.

- Facile à dire, marmonna t-il. Mais il tourna néanmoins son regard vers la fenêtre.

Quand j'eus finis il examina sa plaie.

- Tu as étais infirmière dans une autre vie ?

Je rigolais doucement :

- En quelque sorte...

Il pencha la tête dans une interrogation muette.

- Ma mère était infirmière.

Il tiqua sur l'emploi du passé mais ne dit rien. Je lui en fus reconnaissante. Le silence se prolongea et je finis par me racler la gorge :

- Pour tes autres blessures je penses que ça ira. Et puis de toute façon tu as vidé le désinfectant, j'agitais le flacon vide pour appuyer mes dires.

Folie amoureuse (PAUSE) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant