- et merde, je grimace.
j'ai reçu une goutte. dans la nuque. et putain, c'est froid. déjà je suis à moitié à la bourre et la pluie commence à tomber. j'vous en foutrerai moi des " la pluie c'est beau, poétique et merveilleux et puis c'est classe de s'embrasser sous la pluie quoi " parce que, quand de la pluie diluvienne te tombe dessus ça t'as pas l'air débile, nan. ou sinon t'as le p'tit crachin de mes deux. j'me demande quel est le pire. je laisse mes pensées divaguer et peu à peu, je m'approche du café.
lumières rouges et agitation.
la clochette qui caractérise l'arrivée d'un client tinte, et je m'engouffre à l'intérieur du café percevant les effluves monter. je salue cat la gérante d'un hochement de menton et je vais revêtir mon tablier. bon, honnêtement j'en ai pas vraiment besoin étant donné que mes talents de cuisinière se limitent à faire cuire des pâtes molles et un steak, mais je sais pas j'crois que pour cat ça revient à avoir un uniforme. donc je me trimballe avec un tablier noir taché mais utile malgré tout. directement je pense à la fois où j'avais, malencontreusement bien sûr, renversé un plateau sur un client. méthode peu orthodoxe et professionnelle mais assez cathartique. et il s'est, comme qui dirait, vengé. je frissonne en repensant à ce moment. je prends ma place derrière le comptoir et me prépare mentalement à accueillir les clients.
souris, sois polie et appelles cat ou freddy si il y a des récidivistes.
je me répète ça comme un mantra, susceptible de me servir de protection à un coup dur. et j'pense que j'ai l'air de ressembler à un chaton effrayé, alors je ravale mes peurs, fais éclater les miettes d'espoirs qui persistent, et les fais illuminer dans mon esprit.
- allez, dans deux minutes j'ouvre les enfants, s'exclame cat, le visage souriant et rouge.
je soupire et freddy me passe une main sur le dos, un genre de geste réconfortant un peu brute mais appréciable.
et c'est parti. pour tout vous dire, ça fait pas comme à disney. t'sais le moment où tu tiens fébrilement ton ticket entre tes mains et que la file commence à raccourcir peu à peu, que ceux qui étaient devant se ruent vers les attractions encore libres et que toi tu attends sagement ton tour et un " bonjour ", " merci", " au revoir ". disons que ça vient au compte-gouttes. oh, ça tinte. c'est un mec, un roux. je dois avoir une sympathie bizarre pour les roux, j'veux dire y'a qu'à regarder ed sheeran, ce gars il a l'air d'un putain de nounours. ok, j'arrête. je grimace, je deviens bizarre sérieux. merde.
- bonjour, je lance, sourire forcé et dents blanches.
- euh, salut, dit le mec un peu gêné.
- hey, il y a un problème? je peux vous aider? je m'inquiète, et d'habitude je suis pas comme ça avec les gens mais putain il est roux et ça en devient une obligation.
- nan, nan c'est bon mais juste, t'as l'air contispée sérieux et c'est plutôt moi qui devrait m'inquiéter, il lâche, sa main fourrageant dans ses cheveux roux.
je le dévisage. je dois lancer mon regard froid et glaçant parce que maintenant il frissonne un peu.
- merci, je suppose, j'essayais d'être sympa putain, je marmonne, le nez renfrogné.
je me retourne et sèche des verres à l'aide d'un torchon. freddy arrive et semble reconnaître le roux.
- hey aaron, mec tu dates! s'exclame freddy avec une tape viril sur le dos et un genre de calîn rapide.
ok, donc aaron. mmh. comme le chanteur.
- eh oui, mais je suis de retour! ahah bon où se cache la vieille cat? il demande, un sourire chaleureux et moqueur ornant ses lèvres fines.