L'Envers Tome 1 - Le Banni (Héroïc-Fantasy)

Chapitre 1

NdA: bonjour à tous,

Il y a deux ans, j'ai commencé la réécriture complète de l'Envers. Vous y avez contribué, grandement, par vos questions, remarques, conseils. Aujourd'hui, ça y est, c'est fait. L' Envers ayant été réécrit en entier, et me lançant dans la course à l'édition, j'ai pris la grande décision de mettre hors ligne le premier et second tome. 

En effet, la publication wattpad date d'il y a maintenant plus de trois ans. Mon style a évolué, l'histoire a changé, et j'ai progressé personnellement. C'est votre suivi, vos conseils et votre enthousiasme qui m'ont poussée à terminer ces romans, à les corriger, bref, à ne pas laisser tomber. 

Néanmoins, je ne me reconnais désormais plus dans ce que j'ai publié il y a trois ans, et je souhaite donc mettre hors ligne ce que je considère aujourd'hui comme un brouillon. J'espère réussir le projet dans lequel je me lance, et vous retrouver donc sous format numérique ou papier avec une version définitive de l'Envers, publiée. 

Merci beaucoup encore pour votre lecture, toujours attentive,

M-A.

Le vieil homme regardait d'un air absent les vagues s'écraser contre la falaise. La tempête faisait rage, mais il ne semblait même pas en avoir conscience. L'Air était son amie depuis toujours, elle ne lui ferait aucun mal, il en était certain. Il était occupé à lire au loin une histoire qui se passait de l'autre côté. Un léger mouvement le sortit de sa rêverie, le tuteur était arrivé. Lui n'aimait pas l'Air, même si son élément était le Sol. Il n'aimait pas le froid qui l'accompagnait. Il s'était emmitouflé dans un grand manteau de fourrure et pestait intérieurement contre le vieil homme de lui avoir donné rendez-vous dans un endroit pareil, avec ce temps.

<< Bonsoir, Monsieur le Conciliateur, dit l'homme en tentant de retenir ses claquements de dents. Tard pour une promenade au bord de la falaise.

- Si tard qu'il en est presque tôt. >>

Le vieil homme souriait à travers sa barbe poivre et sel.

<<  Aucun problème pour venir Thomas ? >>

Thomas Salmander faillit lâcher un ricanement amer. Il imaginait les yeux bleus du vieil homme pétillants de malice. Évidemment qu'il en avait eu. Dernièrement, la sécurité aux frontières des différents territoires de l'Envers avait été renforcée. Et les magicogardes n'avaient jamais eu la réputation d'être simples à contourner. Rares étaient ceux qui savaient comment passer devant ces immenses cavaliers fantomatiques sans tête, sans la fameuse autorisation du ministère du territoire. Beaucoup avaient essayé et avaient terminé en tas de poussière.

<< Ça a été. >>

Un autre silence s'installa. Salmander commençait à bouillir intérieurement. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait risqué sa vie. Mais son respect pour le Grand Conciliateur, Akilian Marmus, lui permit de garder son calme. De toute manière, user ses forces à travers la tempête ne servait à rien.

<< J'ai un pupille à vous confier, cria le Conciliateur, il s'appelle Anthony, 14 ans.

- Et vous n'auriez pas pu,  par les services administratifs ?

- Non, il est issu  d'une famille de bannis. Ses parents sont morts la semaine dernière, et il erre dans la nature. Il est des plus urgent de le récupérer, vous en conviendrez. >>

Thomas ne voyait toujours pas le problème. Des bannis du monde magique, il en existait des centaines. Les personnes subissant cette peine à perpétuité étaient renvoyées du royaume de l'Envers vers le monde des Humains, qui ne croyaient pas à la magie et donc où elle ne fonctionnait pas. Leurs enfants étaient ainsi aussi privés de leurs pouvoirs. Ce droit leur était restitué à la mort de leurs deux parents et alors, leur rapatriement était organisé. Oui, ce n'était pas courant, la plupart des enfants de bannis avaient vécu toute leur vie en Humains, et refusaient généralement de revenir à la mort de leurs parents. Et d'ailleurs, vu son jeune âge, il était étrange que son signalement ne soit toujours pas parvenu au services central des bannis. Mais cela ne justifiait toujours pas ce rendez-vous clandestin.

<< Je ne comprends pas.

- Anthony est le fils de ta cousine, Willeminia Salmander Briers. Tu es le seul parent qu'il lui reste. Tu connais l'histoire de cette femme et de son mari, Marcus n'est-ce pas ? >>

Bien sur qu'il la connaissait. Tous les hauts dignitaires de tous les ministères des territoires de l'Envers la connaissait. Ce couple était certainement le plus haït de l'Envers. Il comprenait à présent pourquoi le garçon était toujours dans la nature. On faisait le maximum pour retarder son retour. Personne ne voulait de lui ici. Thomas n'était même pas sûr lui-même de vouloir s'occuper de cet enfant. Mais il était certain que s'il n'allait pas le chercher, d'autres se chargerait de lui, et il mourrait, d'une manière ou d'une autre.

<< Ce qu'ont pu faire ses parents ne doit pas compter dans ton jugement Thomas. Ils sont morts d'une manière très étrange. Il est important que nous le récupérions en premier, et que nous fassions en sorte qu'il n'enquête pas sur leur décès. Du moins, pas avant que nous ayons fait toute la lumière dessus. Je ferai en sorte que tu sois nommé tuteur de ce garçon, et il portera ton nom. Je ne veux pas qu'on fasse le lien trop rapidement. Tu n'auras pas à t'en occuper très longtemps, juste l'espace de quelques semaines. Il a quatorze ans, il entrera en première année au Grand Collège, sur l'île Neutre. >>

Le Conciliateur retomba alors dans son silence. Thomas Salmander connaissait assez Akilian Marmus pour savoir qu'il était de nouveau dans l'observation de la tempête et que l'entrevue était terminée. Alors le tuteur tourna les talons, rejoignit sa monture, un hyppalectryon, cheval à demi coq, et s'activa. Le seul portail d'accès au monde des Humains encore ouvert se trouvait à Magné. Pour rejoindre le jeune territoire, il fallait qu'il traverse à nouveau la frontière, pour atteindre la capitale du territoire du Sol, Tera, et ce, avant le levé du jour, pour contourner les magicogardes, pendant la relève du matin. Il pourrait ensuite se rendre à Magné légalement, grâce à son passe ministériel, une fois son ordre de mission reçu.