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Des semaines. Cela fait des semaines que l'accident s'est produit. 

J'avoue avoir perdue la notion du temps. Je ne saurais dire avec exactitude le nombre de jours, d'heures, de minutes qui se sont écoulées depuis ça... La seule chose dont je suis consciente, c'est mon erreur. Si tu savais à quel point je me hais, à quel point je voudrais remonter le temps, résoudre le problème avant qu'il ne puisse se produire...

L'ambiance au sein du groupe est, depuis ce jour, froide, tendue. Il en faut peu, très peu, pour qu'une dispute éclate, froisse notre amitié. Surtout entre Yeri et moi.

Si je hais ma propre personne à un point fou, il faut se dire que la maknae, elle, me porte une rancœur d'un niveau bien plus grand, d'une puissance bien plus imposante. 

Dans le fond, je la comprends, je ne lui en veux donc pas, en aucun cas. Yeri, depuis son arrivée au sein des Red Velvet, s'est rapprochée de la fille dont elle avait pris la place de maknae, tu es cette fille. Il est, après tout, bien plus facile de s'adresser à une unnie de quelques années son aînée seulement étant, tout comme elle, encore mineure, que de venir vers les jeunes femmes, les adultes du groupe. Vous êtes, par conséquent, liées, proches. Il est donc évident qu'elle me déteste. Je suis, tout de même, la cause de ton malheur, de ton mutisme, Joy...

Par ailleurs, ce reproche permanent, cette rage exprimée chaque jour par des regards semblables à des fusillades en ma direction, sont handicapant. Car oui, croyez-le, c'est loin d'être une partie de plaisir et, encore moins, une chose agréable, de partager sa chambre avec une fille ne pouvant plus vous voir en peinture, submergée par une colère constante à votre égard...


Il doit être midi, environs. Je n'ai pas quitté mon dortoir depuis 9h10 ce matin, heure à laquelle je me suis réveillée. Par chance, Wendy avait proposé d'échanger sa place avec celle de Yeri, il y a quelques jours déjà, histoire de voir si cela pouvait arranger ton silence, toi, notre précieuse et souriante camarade Joy.

"Si vous voulez, je peux dormir avec Irene... Yeri ira avec Seulgi et Joy... Dans un sens, je pense que ce serait mieux... Joy nous ignore, pas moyen de lui parler... Elle se sentirait peut-être plus à l'aise et donc plus apte à communiquer avec une amie proche... Et tu es, probablement, la mieux placée pour ce titre, Yeri..." Avait-elle dit.

L'idée avait fait l'unanimité, nous étions toutes d'accord pour tenter le coup. Depuis, la répartition des chambres se fait de cette manière et, miraculeusement, ce changement semble, doucement, porter ses fruits. Bon. Tu es loin d'avoir l'envie d'ouvrir la bouche à nouveau, cependant, tu as accepté de communiquer par écrit et par gestes. À condition que ce ne soit pas des dialogues entiers.

Je suis assise sur mon lit, recroquevillée sur moi-même, oreiller dans les bras. Je le serre comme si j'enlaçais quelqu'un... Ce quelqu'un, c'est, plus précisément, toi, Joy. J'enfouis mon visage contre ce-dernier.

—  Je suis tellement désolée... M'excuse-je, dans le vide.

Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute à ce contact inattendu, redressant la tête : C'est ma colocataire improvisée, Wendy, vêtue d'un tablier de cuisine.

  —  Regarde-toi... Tu te morfonds tellement que tu ne fais plus attention à ce qu'il t'entoure... Je t'ai fait peur ?

  —  Non, c'est bon, ça va... Lui assure-je .

Elle soupire et s'installe à mes côtés, me passant une main amicale dans le dos, faisant des mouvements de haut en bas se voulant apaisant, réconfortant. 

— Ah, Wendy... Même quand tout va mal, même si tu nous reproches quelque chose, même si tu nous en veux, tu restes souriante, serviable, à l'écoute... Vraiment. Sans toi, je me demande ce que la vie entre membres du groupe serait... Un véritable chaos, je présume. Tu es le pilier, le distributeur à amour et paix de la troupe. C'est pour ça que l'on t'aime toute, tu es un adorable bisounours. Me dis-je, en souriant.

  —  Allez, déprime pas... Je me doute que tu t'en veuilles, mais ce n'est pas en faisant une dépression que les choses s'arrangeront... Tu sais quoi ? Yeri a dit que Joy avait accepté de sortir de la chambre cette fois ! Elle va donc sûrement manger avec nous...

—  Vraiment ?... Nous allons être toutes ensembles, comme avant ? 

Elle hoche positivement la tête, tout sourire. Je n'arrive pas à y croire, mes yeux pétillent d'excitation. Excitation qui, bien vite, retombe.

  —  L'ambiance va être moisie à partir du moment où elle et Yeri vont me voir arriver... 

  —  J'ai demandé à Yeri de faire un effort à ce sujet. Seulgi et moi, on essayera de détendre l'atmosphère si c'est trop tendu... On ne garantit rien mais bon... Faut bien que vous renouiez le lien tôt ou tard... On tente une approche Irene-Joy en douceur ?

  —  Non... Trop tôt...

 —  Hum... Se contente de répondre mon amie, l'air incrédule. Une certaine flamme brille dans son regard. Je ne sais pas pourquoi, mais cela ne me dit rien qui vaille. Surtout avec elle...

—  WENDY, IRENE ! C'est quand vous voulez ! On attend que vous ! S'impatiente Seulgi dans la cuisine.

  —  ON ARRIVE, DESOLEE ! Hurle ma dongsaeng en guise de réponse avant de reporter son attention sur moi. Tu vas voir, tout ira bien ! Et puis Seulgi et moi on vous a préparé un bon petit plat plein d'amour ♥

Elle parvient à m'arracher un rire franc. Mon dieu, cela fait longtemps que je n'ai pas rit, ni même esquissé un semblant de sourire...

 —  Bon. Elle m'empoigne par le bras. Je sais pas toi, mais j'ai moyennement envie de me faire remonter les bretelles par une Seulgi affamée et sur les nerfs !

  —  Oooooh non ! En effet ... Ris-je, talonnant ma camarade, la boule au ventre.

Comment réagiras-tu, Joy, en ma présence ? ... 

A SUIVRE


Dumb || Joyrene - Red VelvetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant