Dans l'inconscience la plus totale, ta voix le berçait discrètement. Il s'enfonçait progressivement dans un sommeil qui se voulait toujours plus profond au fil des secondes, des minutes et peut-être même des heures. C'était comme une chute, un gouffre interminable qui emportait son corps dans un tourbillon insensible mais de toute part paisible. Comme la mort, qui s'approchait peu à peu de lui. Le sommeil est comme une petite mort, dit-on. L'orgasme est appelé la petite mort. Ce sont des choses similaires. Comme beaucoup d'autres. Alors oui, pour lui, le sommeil était synonyme de jouissance. Lorsque seul notre corps est présent dans la nuit, bercé par une respiration lente et régulière. Il n'y a d'équivalent que l'orgasme, ce court moment où l'organisme entier s'arrête quelques secondes, pour laisser place au silence des plus plaisants, des plus mortuaires et enfin retomber dans la plénitude la plus totale. Le sommeil endort l'organisme qui se meurt à petit feu. Car chaque seconde rapproche l'être vivant de la mort. L'organisme ralentis, le sommeil s'installe. Et il emporte chaque personne avec lui le temps d'un instant. Lui restait allongé, immobile. Il dormait. Son organisme dormait. Comme si plus rien autour n'avait quelconque importance, laissant libre à ses sensations de le guider vers des rêveries toutes aussi bizarres les unes des autres, jusqu'à ce que le soleil pointe enfin le bout de son nez.
Le soleil. Cette boule de feu, cette bombe à retardement que l'humain s'obstine à faire paraître comme quelque chose de bien, d'heureux et de chaleureux vient alors brûler ses derniers rêves qui ne deviendront plus que poussière. Cette matière si éphémère soit-elle se grise et disparaît sans aucun sens ni même souvenir. Ne plus pouvoir repenser à ses rêves, ses illusions de chaque nuit qui le transportent dans un tout autre monde loin de ce tourbillon qu'est la réalité le frustrait par moment. Mais il s'en remettait bien vite comme à chaque fois qu'il ouvrait les yeux. Une journée de plus. Ou bien une nuit de plus. Ce manège continu ne cessait de tourner, encore et encore. Et le lever du soleil sonnait le gong de la disparition de sa vie intime. Celle qu'on pense tout bas, que l'on imagine sans trop y croire. Ce réflexe de fuir ces rayons trop agressifs pour leurs peaux blanches et leurs yeux encore endormis le poussait à resserrer son étreinte autour de ton corps, autour de ta personne qui paraissait alors si fragile sous ses bras. Réflexe étrange qui, pour le moment, ne le dérangeait pas vraiment. Sa tête en venait même à se mêler à la tienne, fuyant la lumière qui transperçait fenêtres et volets de chaque maison, de chaque bâtiment et habitation encore somnolant. Il finit tout de même par sortir de son lourd sommeil, de s'extirper de la douleur qu'avait provoqué l'apparition soudaine du soleil au-dessus de leurs crânes rafraîchis et étirer chacun de ses membres tortueux pour au final reporter son attention sur toi.
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Sens
RomanceBonjour amour. C'est le 14 Février les enfants. Texte en vrac. Sans contexte précis, ni début, ni suite. Porté sur les sensations d'une seule et même personne. (je n'aime pas la catégorie "roman d'amour". Mais c'est ce qui convient le mieux au text...