.

144 2 0
                                    

notre maison aux Dulburrow qui ont sept enfants. J'aurais préféré que nous la vendions à des gens qui n'auraient pas eu une telle marmaille. Ce qui me fait mal au cœur de penser à ces six garçons dévalant notre bel escalier en fourrant leurs pattes sales et poisseuses sur les murs, traînant leurs souliers crottés sur la belle moquette blanche de maman. Tu sais, quand je pense à ces choses, je n'ai plus envie de partir !
J'ai peur ! J'ai vécu dans cette chambre toute ma vie, tous mes quinze ans, cinq mille cinq cent trente jours. J'ai ri et j'ai pleuré, et j'ai gémi et marmonné dans cette chambre. J'y ai aimé des gens et des choses et j'en ai haï. Elle fait partie de ma vie, de moi-même. Est-ce que ce sera la même chose quand nous serons enfermés dans d'autres murs ? Aurons-nous d'autres pensées, éprouverons-nous d'autres émotions ? Ah ! maman, papa, nous commettons peut-être une grave erreur, nous laissons peut-être derrière nous une trop grande de nous-même !
Cher, cher journal, je te baptise avec mes larmes. Je sais que nous devons partir et qu'un jour je devrai quitter la maison de mes parents pour en habiter une autre, à moi. Mais partout je t'emporterai avec moi.

30 novembre.

Cher journal,
Il y a longtemps que je n'ai pas bavardé avec toi. Grand-papa et grand-maman sont venus passer deux jours à la maison, et nous avons parlé du bon vieux temps. Papa est même resté,

L'Herbe bleue : journal intime d'une jeune droguéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant