Chapitre 2 : l'arrivée d'une déesse

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Il était minuit moins dix, quand Nathanaël arriva avec sa voiture au port de la Nouvelle Orléans. Il était ici pour venir chercher quelqu'un, une vielle amie, qu'il n'avait pas vu depuis 36 ans. Il descendit de sa voiture, se posa contre un lampadaire, et alluma une cigarette Red Apple. C'était tout de même un étrange spectacle, de voir arriver cet homme, grand, pâle, aux cheveux onduleux noir corbeau à longueur d'épaule, avec un canotier à la Venise sur la tête, des lunettes de soleil rond qui rappelaient les années soixante et John Lennon, une veste en jeans noir, en dessous une chemise noir avec des tâches blanches et un nœud papillon autour du coup qui rappelait les années vingt, un pantalon en chino noir, qui comparé au reste de l'ensemble était plutôt une pièce moderne, des chaussettes noir aux taches blanches, des chaussures vernie noir et blanc, et des gants demi doigt noir. Et ainsi il se tenu debout dans la nuit, au port, posé contre un lampadaire, fumant, tenant sa cigarette de manière désinvolte mais tout de même élégante, entre deux doigts. Nathanael adorait fumer, pour trois raisons. Premièrement : contrairement aux humains, il avait pas de soucis à se faire concernant le cancer des poumons. Deuxièmement : la fumée qu'il laissa vaciller en dehors de sa bouche, lui rappelait le brouillard, et il adorait le brouillard, le brouillard avait quelque chose de protecteur, de mystérieux en lui. Troisièmement : quand Nathanael inspira et expira la fumée, ça lui rappelait la respiration. Car les vampires ne respirent pas. C'est pour cella que chaque cigarette qu'il fumait, était un défis pour lui, car vu qu'il ne respirait pas, il devait à chaque fois redécouvrir comment inspirer de l'air. Nathanael était depuis très, très longtemps plus un humain, mais des fois il aimait bien se rappeler de son humanité perdue. « Quand l'on perd quelque chose, ça nous paraît tout de suite beaucoup plus précieux que pendant qu'on le possédait encore... » se murmura-t-il à lui même. Des monologues ne sont pas quelque chose d'inhabituel quand on vit depuis plus de deux mille ans...

À minuit pile arriva dans le port un bateau portant le nom « Bloody Mary ». Nathanael tira, tout excité, une dernière fois sa cigarette, puis la jeta dans la mer. À bord, la porte fut déverrouillée, la passerelle descendu, et là, en tant que silhouette dans la lueur de la porte, elle se tenu debout, Aurore, la compagne de Nathanael depuis le neuf septembre de l'année quatre-vingt-dix-neuf. Aurore était probablement le nom le moins convenable à un vampire. Mais c'est ça que Nathanael aimait tant chez Aurore, elle provoquait d'une manière innocente, presque enfantin, mais trouvait toujours le point où elle produisait le plus de souffrance ou de mal-aisance.

Un spectacle séduisant se présenta à Nathanael : Aurore était grande et mince, sa peau avait la couleur d'albâtre, ses cheveux étaient blond platine, onduleux et lui allaient jusqu'au milieu du dos, avec un frange qui cachait ses sourcils et donnait à son visage une expression neutre, ses lèvres étaient rouge-bordeaux. Elle portait un chapeau de feutre blanc avec une plume de paon attachée au bord, comme les stars des années vingt, des lunettes de soleil en écaille qui faisaient penser aux années soixante et à Marilyn Monroe, une robe blanche qui allait jusqu'au sol, mais qui était ouverte devant pour permettre aux jambes de se balader sans trébucher, une ceinture en cuir blanc, en dessous une chemise blanche qui rappelaient beaucoup les vêtures des corsaires, un pantalon en satin blanc moulant, des chaussures vernies qui lui allaient jusqu'aux chevilles, avec des talons de 10 centimètre et des gants en cuir blanc. Et elle aussi fumait. Mais ses cigarettes à elles avaient un goût de vanille, et non de pommes, et elle fumait comme une dame des années vingt, avec un fume-cigarette en or, pour éviter que ses doigts sentent la tabac.

Et ainsi, ses deux personnages romanesques se tinrent debout, face à face, et enlevèrent en même temps leurs lunettes de soleil. Les yeux de Marius étaient vert-lierre, et allèrent parfaitement avec sa personnalité : le lierre est hautement toxique et peu atteindre une durée de vie supérieur à 450 ans. Les yeux d'Aurore avaient la couleur d'ambre jaune, et parurent presque orange, et à nouveau la couleur de yeux allait merveilleusement avec son possesseur : l'orange est la couleur la plus bipolaire et imprévisible de tous, elle peut tout autant représenter le lever tout comme le coucher de soleil, le début et la fin. L'orange est aussi une couleur chaude, et la chaleur peut tout autant être agréable, telle une couette épaisse qui réchauffe le corps durant une nuit d'hiver, ou désagréable, tel du fer ardent qu'on applique sur la peau.

Ils se regardèrent, et se sourirent.

« Mi Amore... » lui chuchota-t-il à l'oreille.

« Mon Amour... » lui répondit-elle à voix basse.

Par la suite ils s'embrassèrent passionnément.

« Il faut que nous partions ma chère... Le chemin est long, et nous devons être à la maison avant que le soleil ne se lève. Je ne pourrait pas le supporter s'il t'arrivait quelque chose, cara mia. Si tu mourrais aujourd'hui, je mourrai demain. » dit Nathanael.

« Aucun soleil ne brûle aussi violemment que mon cœur quand je t'embrasse, et aucun soleil ne serait aussi mortel que de devoir passer l'éternité sans toi. » rétorqua-t-elle.

Si quelqu'un se seraient retrouvé ce soir précis, dans une ville précise, à un port précis, à une heure précise, il aurait pu observer comment deux êtres qui s'aimaient à la mode ancienne et romantique, montaient dans une vielle voiture noire, qui rappelait légèrement un corbillard, et partirent en direction Nouvelle Orléans centre.

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