La fille en gris

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NA {Voilà le dernier chapitre ... cette histoire est un peu plus bizarre que ce que j'avais en tête, je ne sais pas trop quoi en penser (je ne suis même pas sûre qu'il y ait un sens x)). N'hésitez pas à me laisser un avis, n'importe lequel :) }

Félix s'était trompé. Il commençait seulement à s'en rendre compte. Après sa dernière conversation avec Solange, le message aurait pourtant dû être clair. Elle ne voulait plus lui parler et encore moins qu'ils deviennent amis.

Colin s'était vite rendu compte de ce qui ne tournait pas rond et lui avait dit de « lâcher l'affaire ». Mais Félix en était parfaitement incapable. Passée la peine initiale, il était resté avec un goût amer et un sentiment d'injustice. Est-ce qu'elle avait vraiment le droit de le rejeter pour quelque chose qui n'était même pas de sa faute à lui ? Non, ce n'était pas acceptable.

Ainsi, après les deux semaines de vacances de Noël, pour une raison tout à fait obscure, Félix s'était persuadé que la situation avait changé et que Solange réagirait différemment. Elle avait peut être juste traversé une mauvaise passe.

« Tu comptes me suivre encore longtemps ? » fulmina Solange.

« J'ai le droit de prendre le bus aussi, non ? » rétorqua Félix en haussant les épaules.

Il se sentait blessé par la véhémence de la jeune fille, bien que de son point de vue ce soit plus encourageant que l'apathie dont elle avait presque toujours fait preuve dans leurs échanges. La haine et l'amour, c'était pas si loin hein. Et quelqu'un avait dit un jour qu'il n'y avait rien de pire que l'indifférence. Il n'était pas toujours d'accord, mais dans le cas présent, c'était plutôt exact. 

« Ta voiture est garée là-bas, » maugréa-t-elle, tout en hâtant le pas.

Félix se cala sur sa nouvelle allure. Il n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire. De toute évidence il la suivait, mais il n'avait aucune raison valable de prendre le bus. Que ferait-il une fois là-bas ? Est-ce qu'il allait monter dans le bus à sa suite ? De grand freestyle. Du gros n'importe quoi. 

« Tu l'as senti comment le partiel ? » demanda-t-il sur le ton de la conversations. 

D'habitude il détestait la période post-Noël, à cause des examens. Mais cette année, il avait presque eu hâte d'y être ...

« Je ne l'ai pas senti, » dit Solange d'un ton pincé, sans le regarder.

Ils étaient arrivés à l'arrêt de bus et Félix sentait monter une drôle de panique. Il s'était trompé, mais il refusait de l'admettre. Pourtant il ne savait pas quoi faire pour changer ça. Tout ça.

« Je ne vois vraiment pas pourqu- » commença-t-il en même temps que Solange disait « Ecoute, ce n'est pas contre toi m- »

Ils se turent tous les deux. Félix fronça les sourcils.

« Comment ça ce n'est pas contre moi ? » répéta-t-il. Puis il s'emporta malgré lui : « Bien sûr que c'est contre moi ! Tu me traites comme si j'avais la gale ou je sais pas quoi depuis le début ! »

Solange jeta un regard mortifié aux personnes alentours qui leur jetaient des coups d'oeil curieux. Voir qu'elle ne lui prêtait pas totalement attention l'énerva un peu plus.

« Mais merde Solange, regarde-moi, tu t'en fous de ce que pensent les autres ! » poursuivit-il en lui attrapant l'épaule pour qu'elle se tourne complètement vers lui.

Elle était plus pâle que d'accoutumé et même le vent piquant de janvier ne lui redonnait pas de couleurs. Ses cheveux châtains volaient de part et d'autre du visage impassible qu'ils servaient d'habitude à cacher. Seuls ses yeux brillants trahissaient son émotion. À moins que ce ne soit dû au vent d'hiver.