2. Guillaume

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J'ai signé mon contrat de rachat, la boutique est officiellement devenue mienne et j'ai déjà en tête tous les projets et travaux que j'y ferai effectuer afin d'ouvrir par la suite cette nouvelle agence. Je suis assez doué pour déléguer, mon esprit clairvoyant et mon âme de dirigeant en sont les principaux facteurs. La décoration et l'agencement seront donc effectués par une professionnelle, une designer dont la côte de popularité dans la région a raison de son travail. Elle a déjà fait ses preuves au sein de mes deux autres agences et je dois admettre que cette belle blonde élancée à la poitrine généreuse est une prodige dans son domaine et dans bien d'autres d'ailleurs.

Avant de reprendre la route pour retourner chez moi, je décide de faire une halte qui m'est nécessaire, je me dirige vers un lieu qui, à lui tout seul représente les meilleurs moments de ma vie, mais aussi les pires. Je gare ma moto, près du trottoir situé face à la mer. Elle est vraiment magnifique en cette saison estivale, j'aime observer le soleil qui se reflète avec volupté sur les vagues légères, et le sable clair la redore tout autant. Certes il y a pas mal de monde aujourd'hui, mais il n'y a personne sur la jetée... notre jetée.

De gros cailloux grisâtres forment un chemin escarpé, comparables à un grand ponton face à cette vaste étendue marine. Je les grimpe un par un et les longe avec prudence car certains sont glissants. Arrivé au bout, je m'assois avec nostalgie sur un de ces cailloux, ici c'était ma place... Elle, elle s'asseyait à ma droite. Je ferme les yeux en inspirant l'air iodé de cet endroit magnifique et j'écoute le bruit relaxant des vagues qui viennent se projeter avec fracas contre la roche, je peux sentir à certains moments la brise écorchée se poser sur mon visage. Cet endroit est un véritable hymne à la paix intérieure que mon esprit défaitiste vient pourtant saccager.

Je sors alors mon portefeuille de la poche intérieure de ma veste en cuir que je dépose avec soin sur un rocher à mes côtés puis ouvre ce dernier. J'observe avec mélancolie sa photo et un souvenir resurgit aussitôt, son visage angélique m'apparaît...

-Je t'aime Guillaume, comme jamais auparavant.

Sa voix douce et rassurante me procure une sensation de bien-être, sa chevelure de miel se mêle au vent léger qui apporte une fraîcheur agréable. Je plonge mon regard dans ses beaux yeux bleus, identiques à cette vue face à nous, je m'approche en me penchant vers elle... l'amour de ma vie, et prends avec fougue ses délicieuses lèvres.

-Épouse-moi Laura...

Son regard innocent s'agrandit à l'écoute de ma demande subite mais pourtant si sincère, c'est avec elle que je veux vivre pour le restant de mes jours. Elle ne répond pas, clairement surprise, je décide de répéter cette déclaration afin de me faire comprendre.

-Je t'aime tellement... je veux passer le reste de ma vie à tes côtés, s'il-te plaît épouse-moi ! Je n'ai pas encore de bague à t'offrir, mais cette demande est très sérieuse.

Elle baisse la tête et son silence me procure une légère sensation de doute. Lorsqu'elle relève enfin son regard vers moi, j'aperçois plusieurs larmes couler sur ses joues arrondies, mais un magnifique sourire vient éclairer ce doux visage.

-Alors ? Lui demandais-je inquiet.

-OUI ! Oui je veux t'épouser ! Me répond-elle avec ferveur.

J'entends la sonnerie de mon téléphone, ce foutu téléphone qui vient interrompre mes pensées. Lorsque je vois le numéro de Dorian, le frère de ma meilleure amie, je réponds sans conviction, sachant très bien ce qu'il va me demander en ce vendredi.

-Quoi ?

-Guigui ! Tu es toujours partant pour ce soir ?

Rien que d'entendre le son de sa voix me stresse déjà, et ce surnom débile qu'il me donne m'agace au plus haut point. Si j'accepte de sortir avec lui depuis quelques temps c'est juste à la demande, ou plutôt supplique de sa sœur. Il vient d'arriver dans la ville et souhaite se faire des connaissances, Lili m'a supplié de m'occuper de son frère, jouer les baby-sitters n'est pas dans mes cordes, d'autant plus que je compte bien rentrer chez moi accompagné ce soir, mais je ne peux absolument rien refuser à ma meilleure amie. J'échappe un soupir de lassitude, mais lui réponds avec respect, ma marque de fabrique.

-Oui, c'est toujours OK pour ce soir vingt heures.

-Génial, on se rejoint là-bas ! Bye.

Après cet interlude tragiquement empli de nostalgie interrompue, je rentre donc chez moi en ayant effectué deux heures de route. Je me repose un peu avant de me préparer pour sortir dans un bar que je connais très bien car le patron est un ancien client. Je m'allonge donc une petite heure dans ce grand lit, qui, à l'époque, était témoin d'une intense et magnifique histoire d'amour, mais maintenant, il semble aussi vide et solitaire que moi.

Passion Prohibée ( En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant