Thomas

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Le nez en l'air, je regarde ce ciel gris, annonciateur de pluie. Il pourrait bien se mettre à neiger vu la température fraîche. Fraîcheur qui me rappelle que j'ai oublié mon écharpe. Je reprends ma route pour rejoindre mon amie. Enfin arrivé dans notre QG, le Starbucks de l'avenue Opéra, je me positionne derrière un couple qui réfléchit encore à leur commande. Je jette un coup d'œil autour de moi en espérant croiser celui de ma meilleure amie mais aucun signe. Elle est sans doute à l'étage. "Bonjour, vous désirez ?" m'interrompe la serveuse à qui je passe ma commande. J'attrape mon plateau, où est posé ma part de cheesecake aux fruits rouges et attend que mon prénom soit appelé. J'envoie un message à Léa lui disant que j'arrive et qu'elle se manifeste pour me faciliter la balade parmi les tables. "Thomas, un Macchiato Caramel pour Thomas" Voilà ma boisson, je l'attrape et mon portable vibre, sans doute la réponse de ma meilleure amie. Je commence à monter les escaliers, tout en faisant attention à ce qui m'entoure. Pas de signe de Léa. Je prends place à une table de deux personnes en enlevant mon bonnet et mon manteau. J'attrape mon smartphone et lit le sms que j'ai reçu plus tôt.

>Désolée Thom mais je ne peux pas venir (soucis avec la marâtre).

Kiss, je te M.

Me voilà seul avec mon café et mon cheesecake, je n'ai pas l'intention de me presser. Prenant mon gobelet entre mes mains, je l'approche de mes lèvres pour boire quelques gorgées sucrées et j'observe les autres occupants de la pièce. Il y a de tout, des futurs et actuels couples parlant de projet; des amis voulant refaire le monde; des amies qui partagent leurs derniers coups de cœur et des familles plus ou moins bruyantes. Au milieu de cette foule, mes yeux s'attardent sur un jeune homme, lui aussi est seul. Brun à la vingtaine d'années, sa coupe décoiffée lui donnait l'air enfantin contrastant avec le côté mature de sa barbe naissante. Il but une gorgée de sa boisson, les yeux plongés dans son livre.

Je ne sais pas pourquoi mais ce jeune homme m'intrigue autant, bon, il est sûr que physiquement, il est plaisant. Mais je ne suis pas son genre, j'en suis presque persuadé. Une bouchée de mon gâteau me fait quitter cet inconnu mais bien vite, je lui jette de nouveaux coups d'œil. Je commence même à lui inventer une vie. Etudiant, vivant encore chez ses parents surement fils unique et surtout hétéro. Je soupire en gardant le sourire, Léa me tuerait si elle me voyait pessimiste. Ah elle me manque en ce moment, si seulement sa belle-mère n'était pas si mauvaise avec elle. Je relève la tête, regardant les dorures sur le plafond. J'adore ce décor ressemblant à une pièce royale.

Un soupir sort de nouveau de ma bouche, moi qui voulais rester, je commence à me dire que je fais pitié dans ce lieu. Je finis mon cheesecake, me rhabille tout en regardant le visage qui m'avait fait passer le temps. Je sursaute, il me regarde et même me sourit.

Non!

Ne rougis pas Thomas !

Ne te ridiculise pas !

Trop tard, je sens mes joues s'embraser. J'attrape mon Macchiato et je sors aussi vite que je peux sans m'embarrasser plus mais c'était sans compter sur le tapis rouge au sol qui voulait me retenir. Dehors, je me prends une brise bien fraîche qui me remet les idées en place. Je relève mon col et quitte la devanture du Café sans savoir où je vais. Marchant sans but pendant plusieurs minutes, je repense à l'inconnu du Starbucks. Le rouge me monte aux joues quand je repense à son sourire. A quelques mètres, j'aperçois un banc peu marqué par les pigeons mais rempli de gribouillis. Je jette mon gobelet à coté du canapé de rue avant de m'installer dessus.

Je contemple les écoliers qui rentrent de l'école accompagnés non loin de leurs parents ou même de leur baby-sitter. Dire que je suis aussi un "baby-sitter" mais au vu de mes "goûts" mes anciens patrons m'ont renvoyés gentiment. J'entends encore les petits Sébastien et Grégoire me demander pourquoi je versais des larmes quand ils m'ont dit "à demain". C'est qu'on s'attache facilement à des bouilles comme eux. "Toi aussi, tu aimerais retourner à cette époque" Je sursaute à cette interruption et découvre qu'il s'agit de mon sujet de contemplation. Il s'installe à coté de moi toujours en me souriant. "Je m'appelle Arsène et toi ?" me dit-il en me regardant. C'est ainsi que je découvre ses yeux verts, magnifiques de surcroît et maladroitement je lui réponds un "Tho..Thomas".

Je rougis de nouveau mais j'essaye de cacher mes joues avec le col de ma veste. Je hais cette timidité. Timidité qu'habituellement j'arrive à contrôler mais là, impossible de garder mon calme. Je sens son épaule contre la mienne et un tissu m'enrouler la nuque. En jetant un regard sur ma gauche, je le vois tout souriant, les joues rosies et son écharpe autour des miennes. "Enchanté Thomas. La prochaine fois, prenons un café ensemble." J'acquiesce tout en souriant. 

C'était le début d'une nouvelle amitié ou peut être plus. 

02/19/2016

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